Andrex


Andrex ?

e quel Andrex voulez-vous entendre parler ?

De l'imitateur de Chevalier à l'Alcazar de Marseille à la fin des années vingt ? De celui qui joua le rôle de Louis dans l'Angèle de Pagnol ? Du comédien qui interpréta le rôle de Gaby dans le Toni de Renoir ? Ou le préférez-vous en Paul dans Le carnet de Bal de Duvivier ? Ou en Kenel de l'Hôtel du Nord de Carné ? Peut-être avez-vous en tête le compagnon et le faire-valoir de Fernandel des années quarante, cinquante, soixante ? À moins que ce soit du séducteur, du souteneur, du maître-chanteur, du trafiquant, du mauvais garçon et d'une foule de personnages plus ou moins louches, plus ou moins du milieu qu'il incarna dans d'innombrables films pendant plus de cinquante ans (y compris celui d'un héros révolutionnaire dans La Marseillaise de Renoir)...

Le problème avec cette énumération, c'est qu'on oublie qu'il a chanté. - En plus. - Avec l'accent marseillais dans les années trente, l'accent du "milieu" dans les années quarante et plus d'accent du tout, sauf pour les effets, à partir des années cinquante..., à partir, tiens, de sa création de Ferdinand dans les Quatre jours à Paris de Francis Lopez et Raymond Vincy (1948). - Il n'en était d'ailleurs pas à ses premières armes dans le domaine de l'opérette car, déjà, dès 1935, il avait été Montroc dans l'Ignace de Manse et Dumas. - Et faut-il souligner qu'il a également participé à de nombreuses revues ? - En 1932, par exemple, au côté de Marie Dubas... - Et puis peut-on rajouter parmi ses activités ses one-man show d'après-guerre ?

Il est né André Jaubert, à Marseille (mais où ailleurs aurait-il pu naître avec une feuille de route comme la sienne ?), le 23 janvier 1907. - Dès le début des années trente, il a entre trente-cinq et quarante-cinq ans et il aura cet âge jusqu'au début des années soixante où il entreprendra, à partir de ce moment-là, le dernier pan de sa carrière. Il sera : le Monsieur Andrei de l'Aîné des Ferchaux de Melville dès 1963 ; Pelletan dans La Cuisine au Beurre de Gilles Grangier, la même année, aux côtés de Fernandel et de Bourvil ; le camionneur dans L'âge ingrat, du même, en 1964, à côté cette fois-là de Jean Gabin ; le chef de convoi dans La bourse et la vie de Jean-Pierre Mocky, film mettant en vedette Fernandel, Poiret, Carmet, Darry Cowl et Galabru, en 1966...

Dernier pan de sa carrière ? - Mais non : restait la télévision. - Vous vous souvenez du Petit théâtre de Jean Renoir ? de L'argent par les fenêtres ?  de Pour une poignée d'herbes sauvages ? C'était lui, aussi.

Et nous allions oublié le jingle qu'il a créé en '55 pour célébrer les mérites du Pastis 51...

Sa dernière prestation semble avoir été pour Juliet Berto et Jean-Henri Roger dans Cap Canaille... en 1983 où, à soixante-seize ans, finalement, il commence à paraître quelque peu son âge. Dans la soixantaine, mettons.



Et puis il écrira ses souvenirs peu avant de mourir, à Paris, le 9 juillet 1989 [*] : On ne danse plus la java chez Bébert (Voir ci-dessous).

On ne danse plus... vraiment ?

En 1999, qu'a donc EMI a mettre en marché un coffret de deux CD contenant 40 chansons réalisé à partir de bandes originales ? (EMI-Pathé, n° 520 488 2)



Mais non : on danse encore Chez Bébert.

Et pourquoi pas ? Vous avez vu la "gueule" du Monsieur ? - On n'oublie pas...


Des chansons ?

Évidemment, y'a "Chez Bébert", sa chanson-fétiche. Mais beaucoup d'autres choses aussi même en excluant les succès des autres qu'il interprétera longtemps après que ces autres aient cessé de les chanter. "Cousine", de Mayol, par exemple. Ou encore "Mes parents sont venus me chercher" de Fortugé. Et que dire de ses enregistrements de chansons de Fernandel, d'Alibert, ses compatriotes ?

Sa carrière sur disque s'étire sur plus de 30 ans : du début des années trente jusqu'au début des années soixante.

Ses grands titres, vous les trouverez encore aujourd'hui, aussi, citerons-nous de lui qu'une seule chose, datant de ses tout débuts, non pas parce que c'est génial mais, mon Dieu, que c'est gentil et frais (de l'opérette Au pays du soleil) :

"Miette"

Disque Polydor 522.682 (1933)

Et hop ! Redansons chez Bébert. - Le Monsieur n'aura pas d'objection.


Autobiographie

On ne danse plus la java chez Bébert
Avant-propos d'Arletty
Presse de la renaissance, 1989


[*] Merci à M. Patrick Ramseyer pour la correction.