La Houppa, en 1950, félicitant le gagnant
de la course des porteurs de journaux (Miroir Sprint)







La Houppa

ée Marcelle Capronnier (le 29 mai 1900, à Vitry-sur-Seine (75-Seine, aujourd'hui : 94 - Val de Marne), La Houppa fait partie de ces chanteuses-fantaisistes (dont Annie Cordy fut la plus connue) capables d'animer des soirées entières en faisant toutes les pitreries nécessaires pour que leur public passe une "belle soirée". Pas question ici de faire pleureur.
Elle réside au 55 de la rue du Faubourg Saint-Denis à deux pas du Central Sporting Club où elle est connue pour en assurer l'ambiance musicale.

Les titres de son répertoire en disent long sur ses soirées :

"La fanfare des Souflle à Bout"
"Les moines de Saint-Bernardin"
"Le plus beau pompier"
"La ronde des cocus"
"Chipe-moi pas le pal'tot"
"La dernière batelière de la Volga"
"Chevaliers de la table ronde"
"C'est à boire qu'il nous faut"
"As-tu ton Pou ?"
"La marche des gars de l'air"
"Sur la route de Louviers"
"Moukère Swing"
...

(Enfin : vous voyez le genre.)

Mais pourquoi La Houppa ? Tout simplement à cause d'une houppe de cheveux blonds recouvrant une tête qui, en spectacle, était surmontée d'un haute-forme... vert.

Pour le physique d'une chanteuse-fantaisiste, il faut avouer que sa physionomie était parfaite.

Sa carrière se déroula sur plusieurs plans : de nombreuses scènes parisiennes ou provinciales, des tournées un peu partout dont, avec son compagnon de toujours, le fantaisiste (lui aussi), Hallaert (sic) : en Lettonie, en Lituanie et en Afrique du Nord mais c'est surtout dans les fêtes et les événements spéciaux ... elle sera des galas Paris-PTT longtemps -qu'elle vraisemblablement donna ses meilleures prestations, avec la participation, naturellement, d'un public conquis d'avance.

Sa biographie, Promenade dans ma vie, sans éditeur, 1963, donne, avec la liste de ses décorations, une idée de son public : Mérite social, Médaille de vermeil de la Ville de Paris, Aide aux vieillards, Présidente d'honneur des "Roule-Toujours"[*], etc.

On lui connaît - Phonoscopie, n° 9, Janvier 1995 - une soixantaine d'enregistrements qui ne donnent qu'une vague idée de son tour de chant mais dont les titres sont, comme ceux cités ci-dessus, évocateurs.

Voix sûre, diction à se faire entendre de tous, très porteuse mais qui, hélas, sans la gestuel, sans avoir vu la dame en scène, ne mérite pas un grand détour.



[*]
Les "Roule Toujours" : surnom des porteurs de journaux à bicyclette qui, par ailleurs, demandèrent à La Houppa d'être leur présidente d'honneur, ce qu'elle accepta. Ils organisaient chaque année une course cycliste qui se terminait Place du Tertre après l'ascension épique de la Rue Lepic.(voir les 3ème et 4ème photos, colonne de gauche) La Houppa venait y remettre les prix aux vainqueurs.


Quelques films

Elle aurait, selon certains, été de la distribution des Misérables de Raymond Bernard (celui avec Harry Baur dans le rôle-titre - 1934), en... figurante.

Idem dans un film de Viktor Tourjansky, Le mensonge de Petrovna (1937) mais dans lequel elle aurait chanté "La Matchiche"...

"

Re-idem dans Le ruisseau de Maurice Lehman (1938), un des films oubliés dans lequel a joué Bernard Blier mais mentionnée au générique cette fois-là.

Et puis finalement dans une des vignettes des Casse-Pieds de Jean Dréville (1948) où l'inoubliable Noël-Noël est une sorte de modérateur, lecteur, commentateur de scènes diverses et qui a vraisemblement été tourné pour donner, après la guerre, du travail à Jean Tissier, Henri Crémieux, Paul Frankeur et compagnie. Elle y joue le rôle d'une prostitué qui chante, à un amoureux dépit, "Un Monsieur attendait..." - Mériterait un coup d'œil mais où trouver ce film ?

On parle également d'une fête enregistrée: Le bal des mariniers, un court métrage de Maurice Théry, tourné en 1947. Sans doute l'unique prestation d'elle (en spectacle) qui fut enregistrée. Carrément introuvable.

La Houppa monta sur scène pour la dernière fois en 1971, à la salle des fêtes de la Mairie du 12e arrondissement de Paris.

Elle est décédée, à Paris, le 18 juillet 1987 et est inhumée au cimetière de Montmartre.

Pas dans la même veine que ce pauvre Bath auquel nous avons consacré quelques notes mais dans peu de temps, quand tous ceux qui l'auront vue en chair et en os auront disparu,qui se souviendra de cette Houppa au grand cœur ?