Félix Mayol (vers 1900)



Michel Simon

Cette p'tite femme-là

1898

hanson créée par Mayol (voir aussi ici) en 1898 puis reprise, avec de nouvelles paroles, par Michel Simon en 1934.

Version de Michel Simon - 1934


Paroles

Première version (Félix Mayol)

Paroles de Félix Mortreuil
Musique d'Henri Christiné

Je fis sa connaissance un soir au Rat Mort
Dans le salon vert d'une étudiante
Dix-huit ans au plus, un' perl', un trésor
Joli' comm' un cœur et de plus savante.
Lorsque nous causâm's la belle enfant me dit :
Je parl' tout's les langues et j'maintiens mon dire
Veux-tu les connaître ? Je lui répondis :
Ne m'en parle qu'une, ça pourra m'suffire.

Refrain
Ell' est épatant' cett' petit' fem'-là
Comment donc qu'ell' fait pour savoir tout ça ?
 Ell' connaît l'argot, le javannais
 L'volapuch et l'anglais
 Elle a passé son baccalauréat
 C'est miraculeux l'instruction qu'elle a
 Pour les langu's vivant's et cetera
 Y'en a pas deux comme ça !

Elle est avocat' comm' mazell' Chauvin
Ell' va mêm' plaider en correctionnelle
Hier j'la surprends en entrant soudain
Avec un jeune homm en cal'çon d'flanelle
L'lui dit : vous m'trompez et dans mon log'ment !
Rassur'-toi mon loup, mon gros bébé
J'te présent' mon premier client
Il vient d'me confier un' très bonne cause

Refrain
Ell' est épatant' cett' petit' fem'-là
C'est phénoménal la natur' qu'ele a
Le matin, l'tantôt, la nuit, le jour
Faut qu'ell' s'occup' toujours.
J'réponds : - Contiu', ne te dérange pas
T'as la cause en mains surtout n'la perds pas !
Et pour se tirer d'n'importe quoi
Y'en a pas deux comme ça !

Comme ell'voulait jouer l'drame à Déjazet
Elle allait dans l'jour c'était nécessaire
Voir le directeur dans son cabinet
Afin d'li montrer c'qu'elle savait faire
Ils restaients chaque fois trois heures sans sortir
Chez moi tout' joyeuse un soir elle rentre
M'dit : - J'ai du talent, je vais réussir
Je suis un artiste qu'a quéqu'chose dans l'ventre

Refrain

Ell' est épatant' cett' petit' fem'-là
J'savais pas qu'elle savait tout ça
Elle est ingénue et dit des vers
Comm' mamzell' Reichenberg
Dans la grande revue de Monsieur Blondeau
C'est ell' qui fait la cuvett' et puis le pot
Et pour imiter la grande Sarah
Y'en a pas deux comme ça.

Elle est bien connue de tous les sculpteurs
Des dessinateurs, des peintres à la mode
C'est un p'tit modè' très à la hauteur
Ell' pos' pour le dos comm' Cléo d'Mérode
Dans la grande fêt' que donn'nt les Quat'z-Arts
Et les chansonniers de la Butte sacrée.
Je suis assuré du succès d'son char
Car c'est ell' qui f'ra la Vache Enragée

Refrain
Ell' est épatant' cett' petit' fem'-là
J'croyais vraiment pas qu'ell' pouvait fair' tout ça
Non, ce n'st pas une femme : c'est un trésor
Ell' fait c'qu'elle veut d'son corps
Comme ell' m'aim' beaucoup et je n'm'en plains pas
Elle m'a proposé pour faire le veau gras
Franchement pour avoir d'ces prévenances
Y'en a pas deux comme ça.

Elle dan's bien mieux qu'au grand opéra
Car c'est un' ball'rine de la haute-école
Ella a pris des l'çons de Mariquita
Ell' fait tout c'qu'elle veut avec ses guibolles
Et quand elle esquiss' le Pas du Lancier
L'soir au Moulin Rouge, si j'la regard' faire
D'un coup d'chausson qu'elle me flanqu' dans l'nez
Elle m'envoie rouler sur mes hémisphères.

Refrain
Ell' est épatant' cett' petit' fem'-là
Ça fait rigoler tous ceux qui sont là
Ell' produit énormément d'effet
Dans le corps de ballet
Quand ell' fait des point's, un jeté-battu
Une ail' de pigeon, elle a son tutu
Pour dégoter la Tortoyada
Y'en a pas deux comme ça !

Deuxième version (Michel Simon)

Paroles d'Albert Willemetz
Musique d'Henri Christiné

Je m'souviens encore de son fin profil
Lorsqu'un soir au bal nous fîmes connaissance
Elle était charmante et mince comme un fil
De grands yeux rêveurs et pleins d'innocence
Tout en sa personne était délicat
Elle voulut bien m'accorder une danse
Et je me disais pendant la polka
Tandis que nous sautions tous deux en cadence

Refrain
Elle est épatante cette petite femme-là
C'est phénoménal la grâce qu'elle a
Elle est aussi souple qu'un roseau
Légère comme un oiseau
Quoiqu'un peu timide et manquant d'appâts
Elle est très gentille et ne me déplaît pas
Parmi toutes celles qui sont là
Y en a pas deux comme ça

On s'est retrouvés au hasard des jours
Chez d'autres amis qui nous invitèrent
Et je lui faisais discrètement la cour
On sympathisait comme caractères
Et puis l'existence nous a séparés
Mais j'ai conservé le souvenir idyllique
De son corps menu, joliment cambré
Et de sa voix douce au timbre angélique.

Refrain
Elle est épatante cette petite femme-là
Me dis-je en songeant qu'elle m'ensorcela
Qu'est--elle devenue je n'en sais rien
Mais moi je me souviens
Malgré le temps passé je revois devant mes yeux
Son air enfantin, ses gestes gracieux
Et mon cœur bien vite la reconnaîtra
Y en a pas deux comme ça
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