En revenant de la revue
1886 - Paroles de Lucien Delormel et Léon Garnier, musique de Louis-César Desormes.
remier vrai succès de Paulus.
La chanson à l'origine de ce grand succès doit son existence à un ballet écrit par Louis César Desormes. - Le ballet dont on ignore jusqu'au nom a été vite oublié, mais l'air entraînant de ce passage plut immédiatement à Paulus qu'il confia à ses paroliers favoris et la chanson qu'ils en tirèrent devint immédiatement un grand succès. - Puis, un soir, en l'honneur du Général Boulanger, Paulus changea le dernier vers du deuxième couplet ;
"Moi, j'faisais qu'admirer
Tout nos braves petits troupiers."
devint
"Moi, j'faisais qu'admirer
Notr' brav' général Boulanger."
Ce fut le délire.
"Je n'ai jamais fait de politique,mais j'ai toujours guetté l'actualité" affirma-t-il dans ses Mémoires
Ne pas hésiter ? l'écouter par Perchicot au numéro 5 de nos cinquante chansons.
Paroles
Je suis l'chef d'une joyeuse famille,
Depuis longtemps j'avais fait l'projet
D'emmener ma femme, ma sœur, ma fille
Voir la revue du quatorze juillet.
Après avoir cassé la croûte,
En chœur nous nous sommes mis en route
Les femmes avaient pris le devant,
Moi j'donnais le bras à belle-maman.
Chacun devait emporter
De quoi pouvoir boulotter,
D'abord moi je portais les pruneaux,
Ma femme portait deux jambonneaux,
Ma belle-mère comme fricot,
Avait une tête de veau,
Ma fille son chocolat,
Et ma sœur deux œufs sur le plat.
Gais et contents, nous marchions triomphants,
En allant à Longchamp, le cœur à l'aise,
Sans hésiter, car nous allions fêter,
Voir et complimenter l'armée française.
Bientôt de Longchamp on foule la pelouse,
Bien vite on s'met à s'installer,
Puis, je débouche les douze litres à douze,
Et l'on se met à saucissonner.
Tout à coup on crie vive la France,
Crédié, c'est la revue qui commence
Je grimpe sur un marronnier en fleur,
Et ma femme sur le dos d'un facteur
Ma sœur qu'aime les pompiers
Acclame ces fiers troupiers,
Ma tendre épouse bat des mains
Quand défilent les saint-cyriens,
Ma belle-mère pousse des cris,
En reluquant les spahis,
Moi, je faisais qu'admirer
Notre brave général Boulanger.
Gais et contents, nous étions triomphants,
De nous voir à Longchamp, le cœur à l'aise,
Sans hésiter, nous voulions tous fêter,
Voir et complimenter l'armée française.
En route j'invite quelques militaires
À venir se rafraîchir un brin,
Mais, à force de licher des verres,
Ma famille avait son petit grain.
Je quitte le bras de ma belle-mère,
Je prends celui d'une cantinière,
Et lorsque le soir nous rentrons,
Nous sommes tous complètement ronds.
Ma sœur qu'était en train
Ramenait un fantassin,
Ma fille qu'avait son plumet
Sur un cuirassier s'appuyait,
Ma femme, sans façon,
Embrassait un dragon,
Ma belle-mère au petit trot,
Galopait au bras d'un turco.
Gais et contents, nous allions triomphants
En revenant de Longchamp, le cœur à l'aise,
Sans hésiter, nous venions d'acclamer,
De voir et de complimenter l'armée française.
Paulus en a publié la partition au chapitre premier de ses mémoires
Autres interprètes :
1898 : Adolphe Maréchal
1909 : Jean Péheu
1925 : Louis Lynel
1934 : Perchicot
1950 : Georgius
1950 : Bourvil
1954 : Roger Pierre et Jean-Marc Thibault
1982 : Guy Béart
Longchamps ?
La loi promulguée le 6 juillet 1880 fixe au 14 juillet le jour de la fête nationale commémorant la prise de la Bastille et la fête de la Fédération. Montrer le redressement militaire de la France après la défaite de 1870 et entretenir dans l'opinion publique l'esprit de mobilisation pour reprendre, grâce ? l'armée, les provinces perdues (l'Alsace et la Moselle), tel est l'argument politique. En 1880, un défilé militaire, réunissant plusieurs dizaines de milliers de spectateurs, en présence du président de la République Jules Grévy se déroule sur l'hippodrome de Longchamp, c'est la "revue de Longchamp". Qui perdurera jusqu'en 1914. En 1919, les trois maréchaux victorieux (Joffre, Foch et le "traître")défileront sur les Champs Élysées et passeront sous l'Arc de Triomphe.(La tombe du soldat inconnu date de 1921)
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