Le Théâtre du Luxembourg,
au coin des
rues Madame et de Fleurus...
Le n° 61 rue Madame
en mai 2008
... puis Les Folies Bobino,
20, de la rue de la Gaîté, en 1877
dessin de Léon Leymonnerye
BobinoMusic Hall
dans les années '30
Bobino en 1972 Bobino en 1975
Le 14/20 rue de la Gaîté, en 2019, Bobino au fond de la cour et en sous sol !
Bobino
n clown, amuseur, marionnettiste du XIXe siècle lui donnera son nom !
Dans son livre, Bobino ou Cent-cinquante ans de coulisses (Paris, éditions du Tertre, 1972), l'actrice et journaliste, Jacqueline Cartier,déclare : "Il vaudrait mieux citer ceux qui ne sont pas passés à Bobino" tant la liste de ceux qui y sont passés est terriblement longue et garnie de noms prestigieux !
Tout commence au coin des rues Madame et de Fleurus, près du Jardin du Luxembourg. Là, au Théâtre du Luxembourg est hébergée la troupe foraine de l'amuseur Bobino. Ses spectacles qui mélangeaient acrobaties, jongleries et pantomimes, lui valurent un beau succès ! A tel point que les Parisiens appelèrent cette salle le théâtre de Bobino, et plus familièrement, Bobinche.
En 1866, le Théâtre du Luxembourg, dit Bobino, étant devenu vétuste, la troupe et son nouveau directeur déménagent au nouveau Théâtre des Menus-Plaisirs (futur Théâtre Antoine) sur le boulevard de Strasbourg. Le Théâtre du Luxembourg sera démoli au début de 1868 pour laisser place à un immeuble, l'actuel n° 61 rue Madame.
En 1873, le chanteur et compositeur niçois, Fernand Strauss, ressert le nom de "Bobino", qui avait encore bonne presse, pour baptiser le modeste café-concert de 200 places qu'il inaugure le 24 novembre au n°20, de la rue de la Gaîté, sous l'enseigne de Théâtre des Folies-Bobino, dans l'indifférence générale ! Le public peut y voir des numéros divers, mais aussi des pièces courtes, comme Bobino vit encore ! en 1880, qui était une adaptation d'un des succès du Théâtre du Luxembourg. Dans les années 1880, la salle connaît des obstacles administratifs, n'étant pas reconnue comme un réel théâtre. Ainsi, une ordonnance de police du 13 mai 1881 impose la suppression de la scène actuelle qui ne devra être qu'une estrade et n'avoir ni dessus, ni dessous, toutes machinations, tous portants, coulisses, herses, appareils d'éclairage mobiles et n'employer qu'un décor unique et fixe adhérant au mur. (in Le Temps 30 juin 1887)
Le 17 janvier 1901, les Folies Bobino deviennent Bobino, quand la société des cinémas Pathé s'en porte acquéreur. L'imprésario Montpreux prend la direction de la salle en 1912 et oriente la programmation vers la chanson et le music-hall. Entre 1909 et 1912, lors de son exil en France, Lénine assista à plusieurs concerts et rencontra fréquemment Montéhus à Bobino. La salle s'agrandit en 1918 et possède un toit étanche. Souvent la pluie faisait des claquettes sur scène. Mais ce n'est qu'après les travaux engagés en 1927 que Bobino devient une "vraie" salle de spectacles, un théâtre à l'italienne pouvant accueillir jusqu'à un millier de personnes.
Dans les années 1930, Bobino devient la principale salle de la rive gauche consacrée à la chanson. Damia, Lucienne Boyer, Mayol, Georgius entre autres s'y produisent. Édith Piaf y triomphe à la fin des années 1930, alors qu'elle n'est encore qu'une "nouvelle" venue.
Bobino ferme en 1984 après avoir accueilli de grandes stars de la chanson comme Joséphine Baker, Georges Brassens, Barbara, Léo Ferré. Rasée par des promoteurs en 1985, cette salle est remplacée par un hôtel de luxe et une discothèque. Pendant les travaux Bobino déménage pour l'Eldorado Bd de Strasbourg. Les affaires vont de plus en plus mal. BobinoEldorado ferme. Bobino est mort. A partir de 1991, le lieu accueille à nouveau des spectacles sous le nom de studio Bobino. Rénovée en 2010, la salle renoue avec sa fonction première, programmant concerts, comédies musicale et seul en scène...
L'hisoire retiendra la date du 15 avril 1975, celle des obsèques de Joséphine Baker, décédée trois jours auparavant au lendemain de la quatorzième représentation de son dernier spectacle à Bobino. Le corbillard la conduisant à la messe de funérailles en l'église de La Madeleine fera le détour par Bobino où attend la foule immense de ses admirateurs venue lui rendre un dernier hommage. En signe de deuil, Bobino restera fermé huit jours.