Hervé
ervé, le créateur de l'opéra-bouffe, le compositeur de plus de cent opérettes, revues et de plus de deux cents chansons est né Louis-Florimond Ronger à Houdain, une petite ville minière de la région du Pas-de-Calais (62) le 30 juin 1825.
Son père était policier, sa mère espagnole. À six ans cependant, Louis-Florimond devint orphelin de père ce qui amena Madame à Paris dans l'espérance d'y trouver du travail. Ce travail, elle le trouva en qualité de femme de ménage en l'église de Saint-Roch. Son fils qui, déjà avait une belle voix, fut tout de suite intégré dans le chœur des petits chanteurs de la paroisse où il suivit ses premières leçons d'harmonie et d'orgue. Sa mère, pressentant chez son fils un certain talent, le mit en communication avec un professeur du Conservatoire qui le présenta à Auber (oui, oui : celui de la rue qui longe l'Opéra) qui... n'hésita pas à le prendre sous sa tutelle.
À Bicêtre, quelque années plus tard, ayant été pris jouant de l'orgue en l'église local, il se fit offrir le poste d'organiste. Sa mère se fit engager à l'hospice de l'endroit en tant que blanchisseuse et c'est ainsi qu'à quatorze ans, le jeune Louis-Florimond devint non seulement l'organiste de l'endroit mais le chef improvisé d'un orchestre formé d'aliénés (sic) tout en se produisant en tant que pianiste dans différents établissements des environs.
À vingt ans, un an après avoir marié la fille de la responsable de la blanchisserie, il se fit offrir le poste d'organiste en chef de l'église de Saint-Eustache à Paris. - Il y allait y demeurer huit ans, sous le nom de Rongé, sauf que deux ans plus tard, il faisait produire sa première œuvre au théâtre, sous le nom de Hervé. Cette œuvre ? Don Quichotte (1847) qui, aujourd'hui, est considérée comme étant le premier "opéra-bouffe".
En 1851, il est devenu chef d'orchestre au théâtre du Palais-Royal. En 1853, il est aux Folies Dramatiques où sa personnalité de chanteur-compositeur-metteur-en-scène comique éclate. Tout y est parodié : comédies, tragédies, ballets, opéras, drames, vaudevilles dans une sorte de folie inventive continuelle. - Admire-t-on les chanteurs italiens de l'époque ? Il compose un opérette en un acte où le héros, un basso cantabile fait jeter un ténor en prison :
Soldati, presto !
Qu'il soit saisito,
Qu'il soit plongeato
Pricipitato
Dans un cachoto !
Le public accourt. Assez que Hervé et sa troupe sont invités aux Tuileries pour une représentation devant l'Empereur... - Hervé en profite pour se faire accorder un privilège c'est à dire le droit d'ouvrir un théâtre où l'on pourrait jouer la comédie et chanter tout comme à l'Opéra-Comique. - Ce privilège lui est accordé mais il ne devra jamais avoir plus de deux comédiens-chanteurs en scène en tout temps et ses pièces chantées devront n'avoir qu'un acte et qu'un seul décor. - Aucun problème pour Hervé : le souffleur devient chanteur, les mêmes comédiens jouent plusieurs rôles, les chœurs sont peints sur des toiles tandis que les chanteurs et chanteuses qui en font partie chantent à l'arrière ; le décor demeure unique mais en tournant la toile où sont peints les choristes, c'est une mer qui apparaît...
En moins d'un an, Hervé a composé dix-huit opérettes et pantomimes. Il est épuisé et doit se retirer en Province où il continue néanmoins à jouer ses trois ou quatre rôles quotidiens, accompagné d'une troupe et d'un orchestre qui se déplacent de semaines en semaines.
Il se rend ensuite en Égypte pour accepter, à son retour, le poste de chef d'orchestre à l'Eldorado où il commence à écrire des chansons pour les artistes de l'époque. Parmi ces chansons :
En 1867, il décide de s'attaquer à une œuvre d'envergure : trois actes, plusieurs comédiens. cela donne l'œil crevé. Six mois de succès. - Un an plus tard, il récidive avec une véritable opérette, Chilpéric que le Prince de Galles lui demande de monter à Londres. Suit Le petit Faust (avec sa chanson du Roi de Thune).
Pendant les événements de 1870, Hervé demeure silencieux : son humour ne s'accorde pas très bien avec ce qui se passe autour de lui.
En 1873, il découvre l'étonnante Judic pour qui il compose toute une série de vaudevilles et d'opérettes dont Mam'zelle Nitouche (1882) qui fut un de ses derniers grands succès. Avec Fla-Fla qui dut être abandonné après cinq représentations (1886), Hervé finit par se limiter à composer des chansons. Il a alors soixante-et-un ans et, avec l'activité de trois vies, il doit se reposer.
Six ans plus tard, le 3 novembre 1892, il meurt, à Paris, d'une crise d'asthme, un problème qu'il traîne depuis plusieurs années.
Entre temps, un certain Offenbach avait pris la relève...
Parmi ses compositions...
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