alselentier, à force d'être à la mode la valse lente en a fait un métier ! Suffisait d'y ajouter un peu de Millandy mielleux et Dickson ou Bérard faisaient pleurer dans les chaumières ! C'est à Castel San Vincenzo (Molise - Italie) que vint au monde Giuseppe Rico, le compositeur de "J'ai tant pleuré" ( que l'on peut entendre par Bérard, à notre rubrique textes de chanson) le 27 mai 1876. A l'instar de son illustre compatriote et confrère Pietro Codini, il rêve d'Amérique ! A la différence près qu'il y parviendra, avec son frère Liberato et deux cousins.
En 1890, à quatorze ans, il s'échappe du séminaire de Monte Cassino où son père l'avait placé avec son frère. Le port de Naples se trouvant à une centaine de kilomètres plus au sud du village natal, c'est ainsi que nos quatre gaillards réussissent à s'embarquer sur un vapeur à roues en direction de New York.
Après trente jours de traversée, arrivés à New York, ils recherchent, dans l'importante communauté italienne, des musiciens pour démarrer un orchestre. Rico, harpiste de formation, joue également du piano et de la guitare, son frère, mandoliniste, joue également du violon. Très vite, les deux frères et leurs musiciens sont connus autour de New York et de Chicago. Ils réhaussent les fêtes des colonies italiennes, mariage, baptêmes, communions, etc.
Et voilà que Francesco Rico, le père de Giuseppe et Liberato, furieux de savoir ses fils enfuis dans un monde inconnu, entreprend, sans savoir lire, écrire et parler anglais, le voyage en Amérique pour les ramener en Italie. Alors rentrés au pays, les deux garçons ne pensent qu'à une seule chose : y retourner ! Après palabres et discussions familiales, les voici autorisés à repartir ! Ils font leur retour à New York accompagnés d'Assunta, une de leurs sœurs et forment un nouvel orchestre qui connaîtra la célébrité sur la côte est : New York, Boston, Philadelphie. Ils joueront aussi, à Chicago, comme avant ! Le temps et les années passent et Giuseppe se frotte à la composition et voulant se perfectionner, il décide de partir pour la capitale mondiale de la musique : Paris ! A vingt-trois ans, laissant Liberato et Assunta qui venait d'épouser Joseph de Michele, l'ami musicien italien de son frère. Adopté par la France dont il prend la nationalité, il devient Joseph Rico et navigue entre Paris et Vence (06 - Alpes-Maritimes). En 1900, il dirige son orchestre à l'Exposition Universelle de Paris et publie "Vesuvio", une valse,sa première œuvre. Il poursuit en 1904 avec la publication de "J'ai peur d'aimer", que l'on peut considérer comme les prémices du style tout en charme et mélancolie qui fera son succès. Viendront "Une page d'amour", puis "Stella amorosa" (Etoile amoureuse !) et enfin la grande vogue de l'époque (aujourd'hui le tube !) "J'ai tant pleuré". En un mot : la consécration ! Il trouve ses paroliers parmi les auteurs les plus célèbres du moment : Maurice de Feraudy, de la Comédie-Fran?aise , Roland Gaël, auteur de l'adaptation de "Gina" et surtout George Millandy, l'auteur de ses plus célèbres valses lentes "J'ai tant pleuré" et "Tu ne sauras jamais ! ".
Il eut deux fils Francis et Jacques que lui a donné Georgette, épousée en 1912. Grâce à cette femme de tête talentueuse qui le soutient, il se lance dans l'édition musicale et réussit comme peu de ses confrères à vivre de sa musique !
Son neveu Francky de Michele, fils d'Assunta, installé à Los Angeles, clarinettiste chez Walt Disney à Hollywood lui demande des anches [*] de France. Joseph Rico lui rendit ce service. Devant le succès rencontré auprès des clarinettistes des studios d'Hollywood, Joseph Rico est dépassé par la solicitation et la petite manufacture artisanale française d'anches ne parvient plus à fournir. D'un commun accord, Joseph Rico envoie à son neveu des cannes de roseaux Arundo Donax du Var pour lui permettre de fabriquer les anches dont il a besoin. Ainsi est née en 1928 la société Rico International ® by?Daddario qui appartient actuellement à la Société D'Addario, N.Y.
Célèbre en France et en Europe pour ses valses lentes, on lui connait plus de deux-cents œuvres dont certaines sont passées plus tard à la postérité pour avoir illustré plusieurs films dont Baptême en 1989, Fortunat en 1960, Monsieur Klein en 1976.
dans le film Baptême (1989)
dans le film Fortunat (1960) avec Bourvil et Michèle Morgan
dans le film Monsieur Klein (1976) avec Alain Delon
Au début du XXème siècle, comme chef d'orchestre, il se produisit devant toutes les cours royales d'Europe, sans cesser la création. Joseph Rico s'est éteint à 81 ans à Vence (06 - Alpes-Maritimes) le 27 novembre 1957.
Notoriété
Le 22 mars 1913, Joseph Rico, a eu les honneurs de la revue qui lui a consacré la totalité du numéro 520 :
Un clic sur la couverture permet de visualiser le contenu de la revue
Nos remerciements chaleureux vont à Christine & Jean-François Petit, qui ont sacrifié plus de la moitié de leur journée pour nous scanner et transmettre, le n° 520 de Paris Qui Chante ci-dessus.
Compositions
Parmi les œuvres de Joseph Rico, nous avons relevé :
Pour conclure, nous écouterons le maître,en 1951, nous raconter quelques souvenirs et nous faire découvrir "Vesuvio" et "Tu ne sauras jamais". Document Radio Nice (Archives départementales des Alpes-Maritimes).
Note [*] : Anche : languette de bois vibrante qui s'adapte au bec des instruments dits à anche (clarinette, saxophone, etc.)