Avec Reda Caire
dans Si tu Reviens ! - 1937

Germaine Sablon

aut-il préciser qu'elle est la fille du compositeur Charles Sablon, la sœur de Marcel, le metteur en scène, et de Jean qu'il est inutile de présenter ?

Elle est née le 19 juillet 1899 - et donc presque sept ans avant Jean - au Perreux-sur-Marne (75 - Seine, aujourd'hui 94 - Val de Marne), alors un village idyllique mais qui, aujourd'hui fait partie de l'immense banlieue de Paris. Très tôt, on lui fait suivre des cours de piano, de chant et même de théâtre (chez Dullin). À dix-huit, dix-neuf ans, elle débute dans des seconds rôles à l'opérette mais se dirige très vite vers le cinéma où elle tourne, aux débuts des années vingt, dans quelques films dont Au-delà des lois humaines de Marcel Dumont et de Gaston Roudès, Le Mont maudit de Paul Garbagni, Sans fortune de Geo Kessler... dont les titres en disent long sur le contenu. - Vers la même époque, elle rencontre son futur mari dont le père dirige Le Journal de Valence où elle se retire pour donner naissance à deux fils.

À la fin des années vingt, elle décide de reprendre son métier et, jusqu'à la guerre, elle mènera parallèlement deux carrières : une au cinéma (douze films entre 1931 et 1940 dont Si tu Reviens ! avec Reda Caire et Au soleil de Marseille avec Henry Garat) et une autre dans les cabarets et les music-halls de l'époque où elle ne passera jamais inaperçue.

Une voix grave qui n'est pas sans rappeler Suzy Solidor mais aux nuances différentes et utilisée dans un tout autre répertoire.

Elle se ne gêne pas, par exemple, pour enregistrer "Fascination", "Mon légionnaire", "Qu'avez-vous fait de mon amant ?", "Quand l'amour meurt" et même "La petite île" de Nohain et Mireille. - En duo avec son frère, elle grave, entre autres, "Un amour comme le nôtre" qui, avec Django Reinhardt, demeure inoubliable.

Au cours de la Deuxième Grande Guerre et de l'occupation, elle est partout : elle chante pour les soldats sur la ligne Maginot, est aide-infirmière, conductrice, directrice d'un foyer d'aide et s'occupe également de liaisons. En 1943, sur le point d'être arrêtée, elle s'enfuit avec son compagnon, Joseph Kessel (qui adapte avec Maurice Druon les paroles de la chanson d'Anna Marly dont Germaine Sablon crée la version la plus célèbre, "Le chant des Partisans"), et rejoint Londres après de rocambolesques aventures. De là, elle rejoint l'armée française pour participer, en tant qu'infirmière, aux campagnes d'Italie et de France. - Croix de guerre, Légion d'Honneur, elle fait sa rentrée à Paris en 1945 à l'A.B.C. pour rejoindre son frère, Jean, à New York, pour se rediriger vers le Canada et ensuite vers le Brésil où elle vit un an avec sa mère, revient à Paris, fait de la radio, du cinéma (Foire aux femmes de Jean Steli, en 1956) avant de prendre sa retraite à la fin des années cinquante.

Ouf ! - Oui : une vie fort occupée.

Germaine Sablon décède à Saint-Raphaël (83 - Var) le 17 avril 1985.


Illustration musicale

Il serait facile de citer plusieurs enregistrements mais celui que nous avons choisi a ceci de particulier : il a fait partie du répertoire de deux autres grandes interprètes de la chanson française et il a comme titre celui d'une chanson légendaire, "Mon légionnaire".

(On pourra comparer avec la version Marie Dubas en cliquant ici).

Voici donc, interprété par Germaine Sablon, de Raymond Asso (paroles) et de Marguerite Monnot (musique), un disque Gramophone K7930 enregistré le ou vers le premier juin 1937 :

"Mon légionnaire"