Georges Arnould
é Georges Arnoux à Paris, 9ème le 27 janvier 1870 et décédé le 27 octobre 1948.
Voici ce qu'écrivait, en 1902, Léon de Bercy au sujet de ce chansonnier dans son livre, Montmartre et ses chansons, publié chez H. Daragon, libraire à Paris :
Petit, vif, remuant, toujours pressé, le nez au vent ? et quel nez ! ? Arnould ne cause jamais qu'avec volubilité, tournant constamment la tête à droite et à gauche comme pour sonder de son regard per?ant les murs ou l'horizon. Entré tout jeune au théâtre, il débute en septembre 1891 à la Renaissance. Après avoir joué une quantité de pannes, il réussit à attraper un bout de rôle qui le met en relief dans une revue de Clairville et Boyer : En scène, Mesdemoiselles ! On l'engage aux Variétés, où il crée dans La Bonne à tout faire, de Méténier et Dubut de Laforest, le collégien Léonce, qui lui vaut les compliments de la critique.
Il reste six ans à ce théâtre, jouant aux côtés de Baron, de Lassouche, de Brasseur, de Cooper, de Dupuis et de Dailly, de qui il apprend les ficelles et les traditions du métier ; mais, désespérant de tenir jamais la tête de l'affiche, il se met à composer des couplets et va sonner un beau soir au Carillon avec une série de chansons "bisensuelles" pour faire pièce aux Chansons sensuelles de Gaston Habrekorn. Millanvoye l'ayant engagé, Arnould se toque du talent de Numa Blès ; une collaboration s'établit entre eux pour l'exploitation d'un genre nouveau : Les Siamoises.
Voici comment mon camarade Xanrof - qui me pardonnera cet emprunt - s'exprimait pour présenter au public ces amusantes fantaisies :
"? Alors quoi ? Monologues ? Chansons ? Pantomimes ? Revuettes ? Drames en trois actes ?
"? Rien de tout ça, - et tout ça un peu : des SIAMOISES produit hybride du saut-de-carpe de la fantaisie et du coup-du-lapin de la blague frondeuse : vers, prose, pantomime, chant, à l'hasard de la fourchette de l'inspiration ; couplet de revue, si ça se trouve ; duo d'opérette, si ça se rencontre ; dialogue ici, conférence là ; originalité partout ; SIAMOISES ! ? Esprit du Chat-Noir et d'ailleurs ; calembour, cabriole, grimace, clin d'œil, feu d'artifice, kaléidoscope !... Quel est le mot qui exprime tout cela ?
"- Dame ! est-ce que je sais ?
"- Vous en êtes un autre ; les auteurs ont plus ! C'est pourquoi, frères siamois en littérature, ils ont adopté le nom qui vous étonne pour leur progéniture spirituelle, - leur spirituelle progéniture. - Ainsi, peut-être, espèrent-ils rencontrer ? comme ils le méritent ? Fortune et Renommée, ces deux Siamoises, elles aussi, filles inséparables du Succès !"
La critique tout entière, M. Henri Fouquier en tête, applaudit à cette tentative.
Malgré le triomphe qui salua leur début, en dépit de leur spirituelle fantaisie et de leur franche gaieté, Les Siamoises ne fournirent point la carrière que leurs consciencieux auteurs et interprètes étaient en droit d'espérer.
Après vingt essais laborieux, ceux-ci abandonnèrent la partie, et Arnould s'enfuit loin de Montmartre. Il écrit pour le café-concert des couplets tranchant un peu sur le genre ordinairement exploité, et il est aujourd'hui un de ceux qui produisent le plus dans cette spécialité.
J'ai parlé tout à l'heure de ses chansons bisensuelles ; j'en donne ci-contre à gauche un échantillon.
Georges Arnould a fait représenter, seul ou en collaboration, plusieurs pièces au café-concert : La Sainte-Barbe, Le Bain-Marie, Le Petit Aiglon, La Nuit du 8 Octobre et L'Ecole des Clairons. Mais il a depuis un an répudié toute collaboration et fabrique absolument seul ses chansons et ses pièces.
Il est actuellement à Cluny, où son engagement vient d'être renouvelé à de très belles conditions.

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