Dessin d'Alfred le Petit














Numa Blès


Numa Blès (à gauche)
et Dominique Bonnaud

hansonnier, interprète, auteur et compositeur né Charles Bessat en 1871 [*] et ami de Lucien Boyer avec qui il entreprit et compléta (presque) un tour du monde en 1902, un tour du monde qui dura presque trois ans.

Il aurait débuté, chansonnier, au Cabaret des Éléphants, [**] une entreprise fondée en 1894 et qui ne dura que six mois avant de rejoindre Victor Meusy au Nouveau Cirque et de fonder, avec son ami, Dominique Bonnaud, le cabaret Les Arts.

Après son voyage avec Boyer il ouvrit, encore une fois avec Bonnaud, un autre cabaret, La Lune Rousse (en 1904). Il s'y lia avec Satie avec qui il composa la revue Dévidons la bobine d'où fut tirée "La Diva de l'Empire" (en collaboration avec Bonnaud), une sorte d'intermezzo "à l'américaine" - un two-step - que Paulette Darty n'hésita pas à créer :

Sous le grand chapeau Greenaway
Mettant l'éclat d'un sourire
D'un rire charmant et frais
De baby étonné qui soupire
Little girl aux yeux veloutés
C'est la Diva de "
l'Empire",
C'est la rein' dont s'éprenn'nt les gentlemen
Et tous les dandys
De Picadilly.
Dans un seul yes elle met tant de douceur
Que tous les snobs en gilet à cœur,
L'accueillant de hourras frénétiques,
Sur la scène lancent des gerbes de fleurs,
Sans remarquer le rire narquois
De son joli minois.

... et qui, depuis l'intérêt qu'on porte, aujourd'hui, à la musique de Satie, ne cesse d'être enregistrée.

(extrait) Bruno Laplante (Marc Durand, au piano) [***]

[***] Disque Calliope (Cal-1884) ou Amplitude (OPCD-1002)
1988

Dès 1905 cependant, il se contente le plus souvent de parodier les œuvres des autres ne créant de nouvelles chansons qu'épisodiquement, chansons ou parodie qu'il chante, publie ou distribue à droite et à gauche non sans se faire parodier lui-même ("La garde de nuit à l'Yser" d'Ernest Genval sur l'air de sa "Lettre à Nini" écrite en 1903 en collaboration avec Lucien Boyer).

À partir de la fin des années dix, on le voit (et on l'entend) de moins en moins ; c'est que le monsieur a un certain penchant pour l'absinthe...

En 1917, Dieu sait comment ou pourquoi, il est à Marseille d'où son ami Bonnaud le fait revenir non sans problème car il est devenu fou. Il mourra quelques mois plus tard dans un asile pour aliénés mentaux d'avoir trop bu... d'absinthe.

Notes

Hélène L'Hégarat nous transmet des éléments précis :

[*] L'acte de naissance de Numa Blès à l'État-civil de Marseille :

Mairie de Marseille

L'an 1871 et le 23 octobre à 9 heures
Acte de naissance de Charles Jules Edouard Bessat
né à Marseille avant hier à 11 heures du soir, rue Marengo 53, fils de Edouard François Denis Bessat, âgé de 34 ans, commis principal des douanes, et de Clémence Marie Victorine Anaïs Loubier, âgée de 33 ans, sans profession, mariés, domiciliés et demeurant ladite maison [...].

[**] Un texte (Les chansonniers et les cabarets artistiques de Paris - Horace Valbel - E. Dentu, éditeur - Paris 1885 - 1905) :

Numa Blès est né à Marseille le 23 octobre 1871. Il fit à Marseille et à Lyon de fort bonnes études et subit ses examens à la Faculté de Lettre d'Aix. Blès se destinait au professorat mais la poésie l'attirait, et quelques chansons très goûtées de ses camarades le firent abandonner la carrière qu'il comptait embrasser.

Après avoir fait une année de service militaire dans l'artillerie, il rentra à Marseille et, de 1893 à 1894, se fit applaudir au cabaret de la Lune-Rousse. Il vint ensuite se fixer à Paris où il fréquenta quelques cabarets, et en dernier lieu celui des Eléphants où chaque soir il faisait applaudir ses chansons d'actualité, ses chansons satiriques, parodies, poésies et monologues humoristiques et notamment : "Nos femmes", "Les cadeaux présidentiels", "Conseils à Max Lebaudy", "Les statues des grands hommes", "Les adjoints et les maires", "La contravention","Les bains de mer", "Ce que je sais" ! etc. etc.

Numa Blès a publié une plaquette de vers Rimes nerveuses, deux séries de chansons en collaboration avec Désiré Dihau, pour la musique. Il a publié également un assez grand nombre de chansons destinées au concert, et mises en musique par Gustave Goublier, Henri Waïss, Dihau, etc.

Enfin, il éditera très prochainement Les chansons mystiques et Les chansons des mal écloses et, toujours avec la musique de Désiré Dihau, Les chansons des humbles.

Ajout du 8 avril 2012

Un texte de Léon de Bercy dans Montmartre et ses chansons - Poètes et chansonniers - H. Daragon, éditeur - 1902 :

(Noter que M. de Bercy écrit Blés, "e" accent aigu)

Numa BLÉS

Charles Bessat de son véritable nom, Numa Blés est né à Marseille le 23 octobre 1871. Il commença à chansonner dès sa sortie du collège et fonda dans sa ville natale en 1891, en collaboration avec Théodore Flaville, un cabaret de chansonniers phocéens : la Lune-Rousse.

En 1893, une tournée de Montmartrois de passage à Marseille emmène Numa, qu'elle charge de mettre en couplets l'actualité. Il gagne la capitale et, le 2 novembre de la même année, entre au Cabaret des Eléphants, dirigé par Eugène Lemercier ; il passe ensuite au Chat-Noir (1894-1895) ; puis aux Quat'z'Arts (1895-1896) ; entre au Carillon, où il reste trois ans, chantant en même temps au Violon, au Chien-Noir, aux Noctambules et au Cabaret des Arts, dont il fait l'ouverture ; en 1899, il fait partie de la troupe du Tréteau de Tabarin ; en 1900, il chante à l'Exposition, où il organise la Fanfare de la Maison du Rire. Il est actuellement au Grillon avec Marcel Legay.

Parmi les succès de Numa Blés,(.../...) une amusante série avec Georges Arnould, Les Siamoises, qui nous occuperont au prochain chapitre.

Blés, qui a (...) un plus étroit souci de la rime que la majorité de ses camarades de Montmartre, ne se borne pas à écrire des satires et couplète de temps en temps des sujets tendres et badins, tels : "Mon pauvre Cœur", "Légende Blanche", "Je confesse à Dieu", "l'Amour quand même", etc.

Il a fait représenter plusieurs revues : au théâtre de la Tour Eiffel, en 1898, sous la direction d'Alphonse Franck, A la Fraîche, qui veut voir ? la même année, à Cluny, Que d'Œufs ! que d'Œufs ! et à la Guinguette-Fleurie, Chauffe qui peut ; en 1899, au Tréteau de Tabarin, La Revue au Temps boer (prononcez bour) ; à la Bodinière, en février 1900, Il s'agit de s'entendre ; et un acte de comédie au Grillon, La Vertu d'Adhémar.

Il a publié, il y a trois ans, à l'Evénement, une série de nouvelles et va faire paraître prochainement un roman au sujet duquel il m'a prié de lui garder le secret.