Jules Pacra



En 1909



Jules - et Ernest - Pacra

ules, le père, né en 1832 fut un artiste dramatique et lyrique et "fin diseur" qui a chanté sur la plupart des grandes scènes parisiennes et celles de province. - Il fut également le fondateur de la première mutuelle des artistes lyriques.

Son fils, Ernest, est né le 2 septembre 1862 à Paris, 11e. On lui fit apprendre le métier de typographe, mais l'envie était trop forte. Il devint chanteur, comme son père et, fonda la chaîne de concerts portant son nom. Comme son père, qui avait fondé la Société de Secours mutuels des artistes lyriques, il fonda la Solidarité théâtrale. Il quitta ce monde à Royan (17 - Charente Inférieure aujourd'hui 17 - Charente Maritime) le 18 septembre 1925 (acte de décès). (Merci Claire Simon-Boidot)

Voir (autres renseignements) : Paulus, Mémoires, chap. 9.

Voir aussi à Les étoiles du café-concert.

Notices biographiques sur Jules Pacra

(Marie-Ange Rauch)

Né dans une famille modeste, le 26 mars 18331832 [*], au n° 4 du Marché Ste-Catherine à Paris, 4e, Jules Pacra est mis en apprentissage chez un sculpteur. A 13 ans, au moment des événements de 1848, il doit trouver un nouvel emploi et se fait engager comme courtier au National. Aucun document ne permet de mesurer l'influence politique que ce journal a pu avoir sur ce jeune homme de 16 ans, en revanche, ses soirées lui permettant de fréquenter le théâtre assidûment, Jules Pacra se passionne pour les grimages. Son premier rôle aurait été un portier de 70 ans dans le Docteur Chiendent au Théâtre Montmartre. Il a alors 18 ans. 6 mois plus tard, il part pour Grenoble en qualité de jeune comique, on le surnomme "petit chéri". Son frère le remplace sous les drapeaux, il peut donc continuer à sillonner la province, réussit assez bien à Grenoble, revient à Paris. Il obtient un engagement au Théâtre Beaumarchais le 1er septembre 1854 : il joue Sidoine, dans Le Paradis perdu, rôle qui lui vaut d'être remarqué par la presse.

Marié le 16 septembre 1856, Jules Pacra deviendra père de sept garçons et deux filles. Il part présenter ses chansons à Lyon en septembre 1857. On le retrouve au Havre en 1863 à Marseille en 1865, en 1866 il est à l' Alcazar de Paris, au Casino de Bruxelles... au Café de France. A Paris, Il passe au Théâtre de la Gaîté, puis à l'Ambigu, où il reste deux ans, revient au Théâtre Beaumarchais il joue Pierre, le couvreur pendant un mois en 1867, puis débute comme fantaisiste au Concert du Géant, boulevard du Temple. Il restera dix huit mois dans cet établissement très populaire où les ouvriers, les employés et petits bourgeois peuvent entrer pour 60 centimes, consommations comprises.

Le talent de "diseur" de Jules Pacra lui vaut de signer un contrat avec Lorge, le directeur de l' Eldorado le 16 septembre 1867. Le nombre des créations qu'a faites Jules Pacra à l' Eldorado est considérable. Parmi les chansonnettes, retenons  :

  • "Jupiter et les poètes"
  • "Diogène"
  • "Mes habitudes"
  • "N'y touchez pas"
  • "Papa Mathieu"
  • "C'est un Mystère"
  • "Le médecin me l'a défendu"
  • "Le père Loiseau"...

Pacra écrit aussi de petites scènes  :

  • Deux chanteurs sans place,
  • Suzon,
  • Entre deux vins,
  • La toquade du Pacha,
  • Un drame au 5 ème étage,
  • Jobin et Nanette,
  • Le diable rouge,
  • Le grand papa de la chanson, la Tarentule,
  • La Gamine...

A propos de Jules Pacra, Paulus écrira : "il est applaudi chaque soir pour sa diction impeccable et son jeu sobre et naturel [...] Il excellait dans la chansonnette distinguée [...] Bon camarade,  il prouvera par la suite qu'il a un cœur excellent."

Le 18 mars 1871, la Commune est proclamée, la plupart des théâtres sont fermés, tous les concerts sont annulés. Avec son camarade Jules Perrin, également chanteur à l'Eldorado, Jules Pacra, connu pour ses chansons sur les ouvriers, rejoint les communards tels Eugène Potier, auteur de "La semaine sanglante" et de"L'Internationale", ou Jean Baptiste Clément, auteur du "Temps des Cerises". A l'Alcazar, les 16 et 18 avril 1871, se réussissent sous la présidence du chanteur-ouvrier-typographe, Jules Pacra, des acteurs, des musiciens, des compositeurs, des auteurs, des artistes lyriques et dramatiques se réunissent et constituent une première Fédération artistique.

Le mardi 14 décembre 1880, quelques artistes de café concert, reprenant un projet mis en œuvre par Jules Perrin en 1865, conviennent de former une société de secours des artistes lyriques pour les artistes de café-concert et forment une première commission :

Président : Jules Pacra,
Rapporteur : Aumont
Secrétaire : Charles Mey,
Assesseurs : Henri Minn et Aristide Bruant.

Le 18 janvier 1881, L'Association de Prévoyance des artistes lyriques, à Paris est créée. Ses statuts sont approuvés par la Préfecture de police le 22 septembre suivant.

L'association se fixe pour objectif d'assister les adhérents en cas de maladie par le versement d'une indemnité, par le paiement des soins médicaux et des médicaments, la prise en charge des funérailles. Le 10 février 1890, l'Assemblée générale décide que la Société prendra le titre et le caractère régulier de Société de Secours Mutuels. L'Association de Prévoyance des artistes lyriques, à Paris, devient La Société de Secours mutuels des artistes lyriques

Au cours de l'Assemblée générale du 30 avril 1900, Jules Pacra, président fondateur annonce qu'il vient de cesser toute activité professionnelle et qu'il quittera ses fonctions de président dans un an. Jules Pacra part avec le sentiment du devoir accompli, 19 ans après avoir posé la première pierre de la mutuelle, il peut annoncer le versement des premières pensions de retraite en faveur des artistes ayant cotisé pendant 20 ans et âgés de plus de 60 ans. Il décède le 7 avril 1917 à Saint-Mandé (75 - Seine aujourd'hui 94 - Val-de-Marne).

NdA [*] : Bien qu'Albéric Menetière ( voir ci-dessous) avance l'année 1833 comme celle de la naissance de Jules Pacra, l'acte de décès n° 185 du 8 avril 1917 dressé par l'État civil de Saint-Mandé est formel : 1832.

Sources

  • Audrey-Deshorties (Eugène), Les cafés-Concerts en 1866. Paris. Ed C. Egrot, 1866.
  • Condemi Concetta, Les cafés-concerts, histoire d'un divertissement 1849-1914, Ed. Quai Voltaire / Edima, Paris 1992
  • Eloi Ouvrard, Ouvrard (père), Elle est toute nue ! La Vérité sur les coulisses, Paris Imprimeries Busson, 1929 - Voir ici.
  • Paulus, Trente ans de Café-Concert, Souvenir recueillis par Octave Pradel. Paris, Société d'Edition et de Publication. 1908. - Voir ici.
  • Menetière Albéric, Les étoiles du café-concert, Ed Jules Lemer, Paris 1870 - Voir ici.
  • LE Phare artistique, Bulletin officiel et mensuel de la Société de secours mutuels des artistes lyriques (BNF)
  • Archives de la Mutuelle des Artistes et Professionnels du Spectacle (MAPS).

La villa Chansonia

Transformé aujourd’hui en commissariat de Police, la "Villa Chansonia" est construite en 1907 pour Ernest Pacra. Ce dernier, charmé par l’aménagement pittoresque (rocaille formant une grotte, pont formé de fausses branches d’arbres) qu’avait réalisé son ancien propriétaire (Emile Duhem qui acheta le terrain en 1883), décida de les conserver mais de détruire la maison pour y édifier son "château",aujourd'hui 28 Avenue Louis Barrault à Aulnay-sous-Bois (78 - Seine-et-Oise aujourd'hui 93 - Seine-Saint-Denis). C'est là, que son père Jules vint y finir ses jours.

La Villa Chansonia.