(Toutes les étiquettes proviennent
de la collection André Anciaux - Marc Béghin †)

Yvonne George

vonne de Knops, dite Yvonne George, interprète née à Uccle (Bruxelles - Belgique), le 25 janvier 1895, fille d'Henri de Knops et d'Henriette de Goherts, décédée à Piemattone,(Vintimille - Italie), le 22 avril 1930 [*].


Yvonne George par
Man Ray, vers 1925 [**]

D'abord comédienne, elle est découverte par Paul Franck dans un cabaret de Bruxelles pour se faire huer, lors de sa première, à l' Olympia en 1920.Tôt cependant, cette chanteuse "intellectuelle" se fait des admirateurs parmi lesquels se trouvent Henri Jeanson (qui lui écrira "Toute une histoire"), Jean Cocteau et Robert Desnos qui ne serencontrent que dans sa loge aux côtés de Wlaminck, Maeterlink et Cromelynck. Le succès cependant ne viendra pas avant - si dans le cas d'Yvonne George on peut parler de "succès"- 1926 avec "Nous irons à Valparaiso" mais, partout où elle passe, de l'Apollo, au Music-Hall des Champs-Élysées, elle suscite toujours la controverse : ce n'est pas une chanteuse, c'est une tragédienne ; et pourquoi chante-t-elle des chansons du répertoire des chanteurs ? - Yvette Guilbert, la spécialiste des vieilles chansons, la jalouse. À l'Empire, en 1928, une bagarre éclate au cours de sa représentation. Finalement, elle finira par être acceptée de tous mais trop tard : c'est une femme condamnée, usée par l'opium, la cocaïne, l'alcool et qui, de surcroît, est tuberculeuse. - Des cures en sanatorium, trop brèves,ne changeront rien à sa destinée : elle mourra dans une chambre d'hôtel,dans le port de Gênes, à trente-trois ans, le seize mai 1930 après s'être "échappée"de l'hôpital où elle était soignée, se sentant mourante..- À ses côtés,selon la légende, son plus grand admirateur, Robert Desnos, qui n'a pas encore trente ans et qui lui avait déjà écrit ses plus beaux poèmes.


[*] Un tout petit village, près de Ventimiglia (ou Vintimille) quoique son certificat de décès fut enregistré à Genova (Gênes) - Merci à Monsieur Riccardo Mazzoni de Viareggio, Provincia di Lucca (Italie) qui nous en fait parvenir une copie.

[**] collection particulière (Lausanne) (22,3 x 16,7 cm.)


Le style tranche sur celui des chanteuses de l'époque : elle est mince, n'a qu'un filet de voix (dont, cependant, elle se sert à merveille) et donne dans la tragédie plutôt que dans le mélodrame. C'est "une ombre qui s'accroche au rideau de la scène pour ne pas tomber" (Cocteau).

Sans le savoir, elle aura ouvert la porte aux Catherine Sauvage, Barbara, Cora Vocaire et autres qui allaient la suivre des années plus tard.

Son répertoire (quelque 200 chansons) est composé de chansons dramatiques, de chansons anciennes, réalistes mais aussi parodiques.


Enregistrements

Elle nous a laissé 21 enregistrements (16 chansons) dont deux, aujourd'hui, sont introuvables ("Déjà" et "J'me fais" ou "Je n'peux pas comprendre" enregistrés en 1928). Une ré-édition complète des 19 autres est récemment parue (en 1991) sous l'étiquette Chansophone (numéro 114) avec, en supplément, 6 chansons de Kiki de Montparnasse. - On parle également d'un test fait chez Pathé en février 1924 ("Adieu, chers camarades").


Ce sont :

  • "J'ai pas su y faire" (Cartoux - Costil - Yvain) - 1925
  • "C'est pour ça qu'ons'aime" (Telly - Borel-Clerc)- 1925
  • "Le petit bossu" (inconnu)- 1925
  • "Je te veux" (Satie) 1925 [*]
  • "J'ai pas su y faire" (deuxième version) - 1926
  • "You Know You Belong toSomebody Else" - 1926
  • "Pars" (Lenoir) - 1926
  • "Chanson de marin" (Auric)- 1926
  • "Toute une histoire" (Jeanson) - 1926
  • "La mort du bossu" - 1926
  • "Adieu chers camarades" -1926
  • "Ô Marseille" (Wiener) -1927
  • "Chanson de route" (Wiener)- 1927
  • "C'est pour ça qu'ons'aime" (deuxième version) - 1928
  • "Si je ne t'avais pasconnu" (Boyer - Boyer - Verdun) - 1928
  • "J'ai pas su y faire" (troisième version) - 1928
  • "Le bossu" (deuxièmeversion) - 1928
  • "Les cloches de Nantes" -1928
  • "L'autre" (Lenoir) - 1928

Note : Monsieur Eric Legault de Montréal nous signale que la chanson "Chanson de marin" citée ci-dessus a été repiquée  dans un coffret Les introuvables du chant français - Disques EMI.


On l'écoutera dans quatre enregistrements datant de 1925, 26 et 28 qui, malgré l'âge, nous renvoient de cette interprète un émouvant portrait  :

"Je te veux" (Eric Satie)

Disque Gramophone
(puis Voix de son maître) n° K 2963


"Toute une histoire" (Henri Jeanson)

Disque Columbia


"Les cloches de Nantes"
(harmonisation par Ferrari)

Disque Columbia n° D 19095


"L'autre" (Lenoir)

Disque Columbia n° D 19093


Et puis un extrait d'un cinquième disponible couramment dans diverses collections (1926) :

"Pars" (Lenoir)
Au piano : Georges van Parys

Disque Columbia n° D 12022 (80 T)

[*] Dans les notes accompagnant le disque précité, il est mentionné qu'il s'agit là du premier enregistrement de cette valse d'Erik Satie. - Selon les renseignements à notre disposition, elle aurait été créée par la reine des valses lentes, en 1908, Paulette Darty (voir également à La chanson française à la Belle Époque).


Note : Madame France L'Heureux, Montréal, Québec, est intéressée à tous les renseignements concernant cette diseuse (photos, articles de journaux, etc.) Voir son site consacré Robert Desnos. Écrire à : flh1@bellnet.ca