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DISCOGRAPHIE - LISTE

Mayol


DISCOGRAPHIE


La discographie de Mayol semble à première vue, contrairement à celles d'un Polin ou d'un Fragson, relativement facile à compiler, Mayol n'ayant, en effet, enregistré que chez six distributeurs et que pour un seul à la fois sauf un très court passage en mars 1903 chez Pathé alors qu'il était chez Gramophone (deux enregistrements) et un autre, chez Pathé encore une fois, en 1904, entre les derniers enregistrements qu'il a gravés chez Gramophone et ceux qui allaient suivre dans une deuxième série chez Zonophone (trois enregistrements). Ces distributeurs furent, en plus de ceux cités, à l'exclusion de deux enregistrements et d'un test chez Salabert (en 1927 et 1929) : Odéon, APGA, et Parlophone.

Pour chacune de ses marques, des catalogues existent ou des compilations de titres, de numéros et de dates ont été effectuées.

La complexité provient du fait que plusieurs enregistrements ont été distribués sous des sous-marques qui n'ont pas toutes été répertoriées, que certaines matrices ont été, pour diverses raisons, renumérotées au cours de leur existence et que les enregistrements tirés de ces [nouvelles] matrices (et même des matrices originelles) n'ont pas nécessairement été des copies fidèles de ces dernières.

Certains titres ont également été distribués sous plusieurs formats - et même sous des noms différents - sans que tous soient des copies exactes de l'un ou de l'autre ;ce qui ajoute à la confusion.

À cela, il faut ajouter les enregistrements repris plusieurs fois par Mayol, d'autres vraisemblablement refusés au départ mais publiés parfois des mois (années) plus tard, divers essais et finalement des enregistrements dont la trace ne peut être retrouvée que dans des numéros manquants de certaines séries, lesAPGA 10092 et 10093, par exemples.

Et puis il y a les années :

Près de 50% des enregistrements de Mayol ont aujourd'hui plus de cent ans et s'il a repris certains de ses succès après, mettons 1906, plusieurs de ses enregistrements précédents semblent - matrices, disques et cylindres -avoir été perdus à tout jamais et leur disparition rend leur classification difficile.C'est le cas, entre autres, des Zonophone et Gramophone pré-1905 mis en marché pour la plupart sur des simple-face de 19 cms dont les titres laissent sous-entendre, malgré la présence d'énormes succès repris par la suite (chez Odéon, APGA et Pathé), un Mayol au répertoire assez curieux quand on connaît la suite et qui, conséquemment, n'ont pas été publiés en très grand nombre d'où leur absence dans les collections que nous avons pu consulter. C'est le cas, par exemple, de "Le Gas qu'a perdu l'esprit" de Gaston Couté qui demeure plus légendaire qu'autre chose.

C'est ainsi que, malgré de nombreuses recherches, la discographie définitive de Mayol reste à être établie d'autant plus que, pour plusieurs titres, ce n'est qu'à partir de l'audition et de l'examen minutieux des cylindres ou des disques eux-mêmes qu'on peut la reconstituer.

Nous espérons que les informations qui suivent sauront faire avancer la chose.


Un mot d'abord sur le répertoire de Mayol

Ce que l'on peut affirmer, sans se tromper, c'est que Mayol n'a pas enregistré tout son répertoire (plus d'informations ICI).

Quoiqu'on lui attribue souvent la création de plus de mille refrains, c'est à moins de cinq cents, plus précisément 495 qu'il s'est "limité", plusieurs de ses créations n'ayant eu qu'une courte vie.

Dans un cahier qu'il a tenu tout au long de sa longue carrière, il a relevé les noms de ces 495 chansons annotés de la façon suivante : "Succès, grand succès, succès populaire, passable, médiocre, bon, très bon, gentil, quelconque, nul, très amusant, très mauvais, succès de gestes, mauvaises paroles, faible, pour salons" etc...

Si, en effet, après deux ou trois essais, Mayol voyait qu'un titre n'avait pas la faveur du public, il le supprimait de son répertoire. En contre partie, l'on retrouve encore aujourd'hui des petits formats dont certains semblent avoir été distribués en très grand nombre et qui ne figurent pas sur la liste de ceux qu'il a enregistrés de même que des enregistrements de chansons ou de monologues qui n'ont vraisemblablement jamais fait l'objet d'un récital ou d'une représentation publique ; "Hommage aux cols bleus", par exemple (Pathé, 1923, n° 4458)

Il faut préciser en outre, comme le souligne Mayol lui-même qu'après l'immense succès de "Viens, Poupoule !" (1902), des éditeurs plus ou moins malhonnêtes collaient sa photo sur des petits formats qu'il n'a jamais interprétés, ni sur scène, ni sur disque mais dont cette petite supercherie facilitait la vente.

Ces demi-renseignements s'ajoutent au fait que, de ses 495 titres, plusieurs "triomphes" (l'expression est de son biographe, Charles Cluny) n'ont jamais, été endisqués. "Si vous voulez de l'amour", par exemple ; ou encore l'un de ses premiers succès : "Les passants".

De l'ensemble, cependant, lorsqu'on exclut les chansons grivoises, un must pour tous les chanteurs de son époque, se dégage une grande variété :

On y retrouve des romances, des petites histoires à l'eau de rose, des chansons dites "d'actualités", des valses, des polkas, des rumbas, quelques tentatives de chansons "à l'Américaine" et même une java. Certaines font toujours partie du répertoire d'autres ont, depuis fort longtemps, été reléguées aux oubliettes.

Ses grands succès ("Viens, Poupoule !", "La Matchiche", "Le printemps chante") ont été repris par des dizaines voire même des centaines d'interprètes tandis que d'autres sont restées, à peu d'enregistrements près, "créées par Mayol", "chantées par Mayol" et demeurées "de Mayol" jusqu'à ce qu'on en oublie les auteurs et compositeurs. C'est le cas de "Cousine", des "Mains de femme" et de "La Paimpolaise", pour n'en nommer que trois.


Les enregistrements

Tout indique que Félix Mayol n'aurait, de ses 495 créations, enregistré que 256 titres mais certains plusieurs fois : six fois "La Matchiche", cinq fois "Viens, Poupoule !", quatre fois "Le Printemps chante" d'où 362 enregistrements distincts.

De ses 362 enregistrements originaux, on a tiré, mis à part les repiquages effectués après 1932, 445 éditions sous divers formats : cylindres, disques à gravure verticale, disques à gravure latérale, disques à simple ou double face et même parfois doublés avec des enregistrements d'un autre interprète.

Ces formats ont également été distribués à des vitesses variées, ne respectant pas toujours celles présumées des matrices, ni leur intégralité (annonce supprimée, coupure de l'introduction, etc.).

À cela, s'ajoutent les éditions plus ou moins identiques ayant, chez les mêmes éditeurs, des numéros différents, des éditions dont les étiquettes ont régulièrement été modifiées et dont les titres (ou leur épellation) ont fait l'objet de transformations. C'est ainsi qu'on retrouve, chez Pathé des éditions gravées, des éditions à étiquettes brunes, marron ou noires (plusieurs variantes) ou, chez Odéon, des étiquettes dont la teinte varie selon que les disques ont été fabriqués en France ou en Allemagne. Et nous passerons sous silence les variantes reliées à la distribution même : le Gramophone 232124 ("Viens, Poupoule !") distribué au Canada, par exemple, sous la marque Berliner, n° 527.

Le cas "Amour de trottins" est, à ce propos, fort intéressant :

Il en existe plusieurs variantes :

Amour de trottin (sans "s" ni à Amour, ni à trottin) - en cylindres (1 et 2), chez Pathé, en 1904.

Amours de Trottins (avec un "s", et à Amours, et à Trottins) chez Odéon et Phrynis, en 1906.

Puis Amour de trottins (avec un "s" mais uniquement à trottins) et Amours de Trottins (avec un "s" à Amours et à Trotins) chez Pathé, deux éditions visiblement distinctes, toutes les deux ayant le même format, publiées sous le même numéro, en 1905 (à partir de matrices datant de 1904).

 

De ces"445" éditions, nous avons pu en examiner 306 et, de ce nombre, nous avons pu en écouter, grâce à divers collectionneurs et repiquages en 33 T ou en CD, près de 280, chose que nous ne conseillerons à personne, même sur une longue période car si le répertoire est varié, que la diction demeure d'un bout à l'autre impeccable, la qualité des enregistrements - et nous ajouterions même la monotonie - finissent par lasser inévitablement l'auditeur et cela, sans compter les répétitions et le côté suranné de certaines mélodies ou paroles.

Dans l'ensemble une dizaine de titres se dégagent, une dizaine de titres ayant déjà assuré une place à Mayol dans le panthéon des grandes chansons françaises, sauf que pour avoir une idée complète du style Mayol, c'est à pas moins d'une quarantaine d'enregistrements qu'il faut songer.Ce qui donne une idée de l'étendue de son répertoire.

Finalement, comme nous parlons ici de discographie, nous ne mentionnerons qu'à titre de renseignements supplémentaires qu'il existe des enregistrements de Mayol qui n'ont jamais été "endisqués" dont, en particulier, ceux qu'il a vraisemblablement enregistrés en studio pour les phonoscènes d'Alice Guy (Voir annexe II), celui qu'il a fait pour le film Aux urnes, citoyens ! (Jean Hémard, 1932) et la version a cappella de "Lilas blanc" tirée d'une émission de radio, en mai 1941 et que l'on retrouvera sur notre site.


Les premiers enregistrements

Les premiers enregistrements de Mayol datent de la fin de 1902 (décembre selon Adrien Eche, opus cité [*]) et ont été publiés sous la marque Zon-O-Phone [**].Onze titres parmi lesquels l'on retrouve : "La polka des trottins", "Le printemps chante", "La légende des fraises" et "Viens, Poupoule !", titres qui seront repris par la suite chez APGA ("La polka des trottins" et "La légende des fraises"), chez Pathé ("Le printemps chante") ou sous quatre autres marques différentes ("Viens, Poupoule !").

Quelques uns de ces enregistrements furent repris presque immédiatement, chez Gramophone, en mars, avril et mai 1903.

[*] Olivier Ciccoli et Adrien Eche sont les rédacteurs de la revue Chansonia qui, depuis juin 2002, publie d'intéressantes discographies. Voir ici.

[**] Pour de plus amples détails sur les différentes marques pour lesquelles Mayol a enregistré, voir l'annexe I.


Les cylindres Pathé

Parmi les titres repris par Mayol chez Gramophone, trois le furent chez Pathé en 1904 s'ajoutant à deux autres gravés en mars de l'année précédente.

Ce sont les cylindres 2366 et 2367 ("Allons Mademoiselle" et "Family House") dont le 2367 faisait déjà partie du répertoire Gramophone, en mars 1903, et les cylindres 3927, 3928 et 3929 ("Amour de trottin", "Le Printemps chante" et "Viens, Poupoule !"), en 1904.

Ces trois derniers sont souvent décrits comme étant des cylindres "Céleste" étant donné leur longueur ("Amour de trottin" fait, à lui seul, dans les cinq minutes) et leur réédition, sur disques, en deux parties. Leur longueur dépasse en effet largement les deuxminutes, deux minutes et demi d'une seule face (ou d'un cylindre "standard"). La vérité est que ces cylindres ont été distribués deux par deux, les premières et deuxièmes parties de chacun ayant été gravés sur des cylindres distincts, identifiés "a" et "b",chacun disponibles en format Inter ou Stentor mais non en format "Céleste" [***].

Quant aux deux cylindres précédents, enregistrés en 1903, ils n'ont été distribués qu'en format Inter.

Source : Catalogue Pathé de cylindres enregistrés, répertoire français - 1907, page 107 (ci-contre à gauche)

[***] Les cylindres Pathé étaient distribués en quatre formats : 1) Standard, diamètre 55 mm, longueur 110 mm ; 2) Inter, diamètre 90 mm, longueur 110 mm. ; 3) Stentor (appelé Concert aux États-Unis) : diamètre 130 mm, longueur 110 mm et 4) Céleste, diamètre 130 mm, longueur 220 mm (plutôt rares)

Fait tout à fait curieux à propos de ces "doubles cylindres" : si la coupure du "Printemps chante" est fort convenable, cellede "Viens, Poupoule !" semble avoir été effectuée presque au hasard. (Du moins dans les versions rééditées sur disques que nous avons pu écouter.)


 

Mayol chez Zonophone, en 1905

Après la reprise par Gramophone du fonds Zonophone de 1903, c'est sous dernière marque que Mayol fut, à partir de novembre 1905, à nouveau distribué.

Il en est résulté, après le court passage chez Pathé mentionné ci-dessus, 45 "nouvelles" éditions d'une vingtaine de titres dont les premiers de "La Matchiche" mais également la reprise de certains succès déjà publiés soit sur la marque Gramophone, soit sur la marque Zonophone.

La rareté de ces enregistrements nous a empêché jusqu'à présent de vérifier si les catalogues de ces deux maisons ont été fondus en un seul permettant à la Gramophone Company de reprendre ses propres matrices pour les republier sous la marque Zonophone. Tout indique (versions piano, versions orchestre), qu'il s'est agi de nouveaux enregistrements mais, dans l'autre sens, rien n'explique de nouveaux enregistrements à matrice Zonophone publiés sous l'étiquette Gramophone : "La Matchiche", matrice 5061, "Le petit panier", matrice 5063 et "Questions indiscrètes", matrice 5110.


Mayol chez Odéon

Mayol n'enregistrera, en 1906, que 10 plages chez Odéon (11 si l'on compte une deuxième version de "La Matchiche") mais ce sont des plages qui connurent un grand succès auprès du public. De tous les disques de Mayol pré-Pathé (1914), ce sont ceux qui peuvent aujourd'hui être retrouvés le plus facilement chez les brocanteurs.

De ces enregistrements, six au moins, soit trois disques à double face, ont été publiés en gravure verticale chez Phrynis. Beaucoup plus rares.


Mayol chez APGA

La grande période de Mayol - et la moins répandue - fut sans doute celle chez ce distributeur.

Mayol y enregistra son célèbre "Mains de femme" dès sa première session, en juin 1906. Suivirent un nouvel enregistrement de sa "Matchiche" puis "Amoureux sauvetage", "Rose a perdu ce matin", "Elle est d'Italie", "Margot les petits défauts", des titres qui, depuis, ont été repris en de nombreux repiquages.

En 1909, cependant, les problèmes avec cette firme débutent. Ils ne seront réglés que trois ans plus tard, quatre en fait, lorsque Pathé racheta tout son fonds.

Soixante-six enregistrements (1906 à 1909) dont deux ont été publiés sous la marque CIP rachetée par APGA en 1909 mais fabriqués à partir de matrices de 1906.

De 1909 à 1913, vingt-deux autres plages dont les dates d'enregistrement sont incertaines. Adrien Eche (opus cité) les a classés comme étant d'octobre 1913. Nous avons inscrit dans notre liste cette année vis-à-vis les numéros correspondants en devant préciser qu'il serait curieux que Mayol ait, d'une part, cessé toutes activités discographiques pendant quatre ans pour, à la veille de la faillite de l'APGA, réintégrer leurs studios et y enregistrer ces vingt-deux plages qui ne furent pas toutes publiées mais dont certaines furent par la suite incorporées dans le catalogue Pathé (voir la section suivante).

Quelles qu'aient été les circonstances de ces derniers enregistrements, la totalité de la production de Mayol chez APGA peut être considérée comme étant sa plus réussie.


Mayol chez Pathé

Le passage APGA-PATHÉ, de Mayol semble s'être fait en deux temps :

Le premier a été la reprise par Pathé d'enregistrements effectués par Mayol chez APGA, et le deuxième par le réenregistrement de succès publiés chez APGA ou chez d'autres fournisseurs.

Nous n'avons pas retrouvé (encore) de disques de Mayol portant la marque Pathé-APGA marque qui a existé pendant quelque temps peu avant la guerre comme en fait foi cette étiquette d'un disque de Noté. (collection Gérard Frappé ci-contre à gauche)

Nous avons, par contre, retrouvé des enregistrements identiques sous les deux marques, les deux portant des numéros de matrice différents.

C'est ainsi que nous avons pu examiner et écouter deux "Margots les p'tits défauts", l'un chez APGA (numéro 10.064 - même numéro de matrice) et l'autre, chez Pathé (Gravé, numéro 3953, matrice 2104-B - le numéro est bien visible sur l'étiquette - mais portant le numéro 4010 dans le catalogue Pathé !).

Idem pour "Le long du Missouri", APGA 10.065 (1913) et Pathé (noir) 4408

Idem (encore plus rare) : "L'adoration du shah", enregistré à titre de test seulement chez APGA (en octobre 1913 et donc sans numéro, ni de matrice, ni de distribution) et qui s'est retrouvé chez Pathé sous le numéro 4402 - matrice 4022 - en juin 1914.

On pourrait, en examinant les numéros APGA, dernière série, 10.057 à 10.095, supposer que Pathé a récupéré ces derniers enregistrements (1913) pour son catalogue (de 1914) mais voilà que le numéro 10.057 de chez APGA ("Ah ! La musique américaine") correspondant à son numéro 4403 provient de deux enregistrements différents.

Cependant - et c'est là que les choses deviennent fort compliquées, il est évident, à l'écoute, que Pathé s'est servi, en supprimant l'annonce de "Un Amoureux sauvetage" enregistré en 1909 chez APGA (n° 1958), pour son catalogue de 1914 (sous le numéro 4406 étiquette marron - 3970 étiquette noire) Donc bien avant 1913.

Nous n'avons pas pu retracer (ni conséquemment comparer) tous les 55 enregistrements de Mayol, publiés sous étiquette Pathé, en 1914, catalogue numéros 4006 à 4060, ni avons tenu dans nos mains tous les enregistrements faits précédemment chez APGA. Chose certaine : certains titres ont été bêtement recopiés (sans annonce), d'autres repris à neuf.

C'est ce qui nous fait dire que sur les 366 matrices connues de Mayol, il y en a quelques unes unes qui ont d'étranges similarités pour ne pas dire qu'elles ont une seule et même origine.

À partir de 1918 cependant, on peut affirmer, ne serait-ce que par les années de composition, qu'il s'agit de nouveaux enregistrements, parfois de succès pré-1914. On parle quand même de plus de quatre-vingt-dix titres de qualité très inégale, hélas, et souvent manipulés pour tenir compte de certains impératifs :

Une chanson qui aurait dû durer trois minutes et demi ajustée mécaniquement pour être imprimée sur un disque ne pouvant en contenir que trois ;rythme accéléré volontairement par Mayol vers la fin d'une chanson, monologues, tentatives pour s'adapter à des rythmes nouveaux, etc.

Ce sont, post-1906, les disques les plus faciles à retrouver en vente de nos jours.


 

Les derniers enregistrements

La période Parlophone de Mayol n'est pas sa plus glorieuse.

En 1932, Mayol est presque à la retraite. Il a, du moins, entamé ses "tournées d'adieu", tournées qui se termineront, on le sait, six ans plus tard à l'A.B.C..

Il n'est plus que la caricature de lui-même.

La diction, le volume (nous le supposons) sont toujours là mais à 59 ans, la voix n'est plus. Subsiste le timbre qu'heureusement, avec l'avènement des enregistrements électriques, Parlophone a eu la bonne idée d'enregistrer, les seuls enregistrements électriques ayant été, jusque là, les six dernièrs plages gravées chez Pathé en 1927 et dont, malheureusement, les copies sont rarissimes. - Nous n'en avons retrouvées jusqu'à présent que deux, en très mauvais état d'ailleurs.

Vingt titres dont deux proviennent d'un film et un troisième, Je ressemble à Mayol, hors du répertoire habituel, dans lequel Mayol se parodie lui-même, chose qu'il avait quand même déjà faite en 1919, chez Pathé (Ma première chanson, n° 4436).

Beaucoup de reprises d'anciens succès : "Cousine", "Les mains de femme", "Viens, Poupoule !" et une cinquième et ultime version de "La Matchiche" pour laquelle, plutôt que de reprendre les paroles des trois premières versions (Zonophone, Gramophone et Odéon),Mayol décide d'utiliser celles de la quatrième, enregistrée chez APGA en 1906 (annoncée déjà, à ce moment-là, comme étant "La nouvelle Matchiche").

Peu de surprises, donc (sauf pour le numéro 22934 ["À la Martinique"] auquel on a ajouté une surprenante fin, rarement reprise en entier dans les repiquages qu'on en a faits) mais combien de fois, à cause sans doute de la qualité de ces enregistrements (et la facilité avec laquelle ils peuvent être restaurés) les a-t-on insérés dans des compilations dites "d'époque" aux côtés de repiquages provenant, eux, des années pré-14 ?


Autres enregistrements

Les passages à la radio de Mayol furent plutôt rares. Et s'il en existe encore, avant ou après 1930, ils dorment dans d'énormes voutes que de récents développements dans la récupération des acétates pourront peut-être, un jour, rendre disponibles. Il en existe cependant un qui a été récupéré presque in extremis (celui qui les a en sa possession nous informe l'avoir trouvé dans un container destiné à la destruction) et dans lequel Mayol, en 1941, quelques mois avant sa mort, chante, a capella, "Lilas blanc", 35 ans après son premier enregistrement.

Définitivement son ultime enregistrement.

À comparer à celui qu'il a gravé, chez Odéon, en 1906.


Remerciements

La liste des amateurs, des collectionneurs, des correspondants, des archivistes, des discographes et des historiens dont la patience a été mise à rude épreuve dans l'élaboration de cette discographie est trop longue pour que leurs noms puissent être cités individuellement.

Nous tenons cependant à remercier, en ordre alphabétique, les personnes suivantes qui n'ont cessé au cours des dernières années, de mettre à notre disposition leurs collections, leurs connaissances et parfois même leurs expertises techniques et qui nous ont, de ce fait, permis de mener à bien notre travail :

Messieurs André Anciaux, et Marc Béghin †, Monsieur Gérard Frappé, Monsieur Jean-Yves Patte et Monsieur Alain Schwartz.

Nous ne saurions également passer sous silence, Messieurs Adrien Eche et Olivier Ciccoli, dont la fort documentée discographie de Félix Mayol est parue dans leur revue, Chansonia (numéro 21, en novembre 2008,et numéro 22, en avril 2009)( ) et que nous recommandons chaudement à nos lecteurs car, malgré certains lacunes, elle comprend, en outre, pour la plupart des titres, les dates et l'endroit de leur création de même que celles et celuide leur enregistrement.


Annexe I

Quelques renseignements sur les marques de disques sous lesquelles les enregistrements de Mayol ont été distribués.

Zon-O-Phone ( et Gramophone)

Zon-O-Phone ou Zonophone est une marque qui a eu, sous la gouverne de son fondateur, Frank Zeeman, une vie relativement courte : 1899 à 1903. Elle a, pour origine, les appareils et méthodes d'enregistrements inventés par Émile Berliner, "empruntés" par Zeeman qui, aidé de la compagnie américaine Columbia, intenta un procès contre Berliner sous le prétexte que ce dernier avait copié le procédé d'enregistrement de Columbia (cylindre) pour fabriquer des disques. En 1903, Zeeman et Columbia furent déboutés en cour fédéral américaine et les actifs de Zonophone furent saisis et remis à Berliner : ceux de l'Europe à la UK Gramophone Company et ceux du reste du monde à la Compagnie Victor, les deux dans lesquelles Émile Berliner s'était associé, du Canada, à partir d'une marque portant uniquement son nom de famille en attendant que son procès soit réglé.

Le label Zonophone fut cependant conservé.

C'est ainsi qu'on retrouve des enregistrements Zonophone de Mayol en 1902, chez Gramophone en 1903 (publiés au Canada sous la marque Berliner) et à nouveau chez Zonophone en 1905 quoique, à partir de ce moment-là, souvent distribués sous la marque Gramophone (ce fut, entre autres, le cas du premier enregistrement de "La Matchiche").

Note : La UK Gramophone [& Typewriter] Company, fondée en 1897, appartenait à William Barry Owen et Trevor Williams. C'était le pendant britannique de la [United States] Gramophone Company d'Émile Berliner, co-fondateur également de la marque Deutsche Gramophon Gesellschaft en Allemagne. À noter également que la Gramophone [& Typewriter] Company changea éventuellement son nom en The Gramophone Company (sans "Typewriter") peu avant de lancer sa marque His Master's Voice qui fut plus tard rachetée par [RCA] Victor.

ODÉON

La marque Odéon fut fondée en Allemagne en 1904 par Max Strauss et Heinrich Zunz. Mêmes principes et mêmes buts que les marques affiliées ou non à Berliner : fabriquer et distribuer des disques. Elle fut cependant la première compagnie distributrice de disques à double-face, une invention d'un certain Colin McKenzie, un Canadien de Whitehorse, Yukon. Par la suite, elle devint propriété de la Columbia Graphophone Company, qui, en 1931, fut revendue à la Gramophone Company (voir note précédente) pour former la compagnie EMI.

PHRYNIS

La marque Phrynis a été déposée vers 1906 par Odéon, le dépôt a été renouvelé à plusieurs reprises : en 1912, en 1915, en 1917 par La Société Française des Disques et Machines Odéon et d'Instruments de Musique . Elle reprenait essentiellement le catalogue Odéon mais en format saphir pour visiblement concurrencer la marque Pathé.

APGA (et CIP)

Déposée le 1er octobre 1906, la marque APGA publia ses premiers enregistrements en 1907.

En 1909 elle reprit l'actif net de la Compagnie Internationale Phonique (CIP), en liquidation pour ensuite, en 1912, connaître à son tour des problèmes financiers et être rachetée par Pathé.

PATHÉ

La marque Pathé fut la marque de prédilection de Mayol après l'aventure APGA. Il y demeura de 1914 à 1927 pour ensuite passer chez Salabert (deux essais) avant de prendre sa retraite "définitive".

Jusqu'en 1905 Pathé ne publia que des cylindres d'où :

a) les deux de 1903 dont nous n'avons jamais pu retrouver trace mais dont un titre, "Family House"fut repris, après 1907, en disques

et

b) les quatre (huit en fait car il s'agissait d'enregistrements gravés sur deux cylindres) que Mayol y enregistra en 1904 au moment où il était chez Gramophone.

Ce n'est qu'en 1905 que Pathé passa aux disques (gravure verticale, à saphir et à 90 tours sans étiquette - disques dits "gravés" car les renseignements étaient gravés au centre) puis ensuite aux étiquettes en papier et, enfin, en 1916 à sa production la plus connue soit celle des 80 tours auxquels elle ne modifia que la couleur et la forme de ses innombrables étiquettes jusqu'en 1927, année où elle abandonna peu à peu l'acoustique et la gravure verticale pour passer aux disques à aiguille enregistrés électriquement, les premiers étant complètement abandonnés en 1929.

PARLOPHONE

Fondée en Allemagne en 1896 par Carl Lindström, cette firme déménagea son siège social au Pays-Bas peu avant la guerre. En 1923, son pendant britannique fut créé de même que, vers à peu près la même date, son pendant français. Affiliée à la marque américaine Okeh, Parlophone fut parmi les premiers distributeurs de jazz en Europe (Armstrong, Beiderbecke, Ellington etc.), ce qui, en France, ne l'empêcha pas de passer sous contrat Arletty, Georgius, Guy Berry, Jane Deloncle et... Mayol qui y endisqua 20 faces en 1932... ni, trente ans plus tard, en Angleterre, d'enregistrer un obscur groupe du nom de The Beatles. Elle fait partie aujourd'hui du groupe EMI.

Annexe II

Les chansons filmées.

Les enregistrements cinématographiques de Mayol débutent en 1905 où, pour La Société des Établissements Gaumont, sous la direction d'Alice Guy, il fut la vedette de plusieurs phonoscènes :

  • "À la cabane bambou"
  • "C'est une ingénue"
  • "Le jeune homme et le trottin"
  • "La Matchiche"
  • "La Paimpolaise"
  • "La polka des trottins"
  • "Le petit Grégoire"
  • "Le petit panier"
  • "Lilas blanc"
  • "Si ça t'va"
  • "Viens, Poupoule !"
  • "Questions indiscrètes"

Ces phonoscènes, ancêtres des vidéoclips, étaient tournés avec une caméra fixe sur un fond de scène (généralement un rideau) où l'interprète mimait une chanson au préalable enregistrée sur disque. Les disques relatifs à ceux ayant servi à ceux de Mayol n'ont jamais refait surface.

Certains de ces phonoscènes ont été restaurés - on en trouvera quelques uns sur YouTube (et sur notre site) - mais ils ont été restaurésà partir d'enregistrements gravés chez Zonophone en novembre 1905. Voilà qui pourrait correspondre à ceux utilisés pour les tournages sauf que le "Si ça t'vas" n'aété enregistré par Mayol - chez Odéon - qu'en mars 1906...

Existent, peut-être, dans les voutes de Gaumont les véritables (?) enregistrements utilisés lors des tournages et pour vérifier l'authenticité de chacun, les dates où Mayol s'est présenté chez Gaumont auront à être précisées.

La question à savoir si à ces chansons filmées correspondent des enregistrements inédits reste ouverte.

Par ailleurs, dans les archives des Chansons filmées de G. Lordier (1918), l'on retrouve six autres titres :

  • "La balance automatique"
  • "Come Darling"
  • "Cousine"
  • "Les mains de femme"
  • "Le petit matelot"
  • "La chanson des mouchoirs"

Aucun de ces films semble, aujourd'hui, avoir fait l'objet d'une réédition ou d'une restauration quelconque et si cinq de leurs titres sont du répertoire Mayol, "La balance automatique" (une chanson créée par Polin) nous semble suspect. Un autre film, muet celui-là, mettant en vedette Maurice Chevalier et Mistinguett, Soirée mondaine, réalisation d'Henri Diamant Berger (1917), nous montre Mayol visiblement chantant "Les mains de femme" ; idem pour un film d'actualités où Mayol chante "Bou Dou Ba Da Bouh" (en 1916ou 1917). Ces deux films ont été partiellement sonorisés à partir d'enregistrements d'époque. On ne saurait, dans leur cas, parler d'enregistrements originaux.

Reste trois autres films dont :

Le filon du buif de Louis Osmont (1922), un film mettant en vedette Tramel, où Mayol ne fait qu'une apparition très brève. - Muet.

La dame de chez Maxim's d'Alexandre Korda (1932) où Mayol joue le rôle d'un évêque (sic),. - Non chantant.

Et finalement :

Aux urnes citoyens de Jean Hémard (même année) où, dans le rôle d'un chanteur "populaire" Mayol, enfin, chante. C'est de ce film qu'est tiré le "Sauce mayollaise" distribué (disque double) chez Parlophone (n° 22925).


Voir également : Félix Mayol - Répertoire

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