Bruno Laplante

l y a : la "chanson", la "belle chanson", la "bonne chanson", la chanson "sentimentale", l'"amoureuse", la "galante", la chanson "revencharde", "politique", "patriotique", la chanson "idiote", "comique", "cynique", la chanson "poétique", "bucolique", "lyrique", la chanson qu'on chante en famille, au théâtre, dans les rues, la chanson qu'on chantait dans les beuglants, les scies, les refrains à dix sous, les vieux succès, les refrains d'antan, celle qu'un oncle chantait sans oublier de se faire prier, à chaque année, à Noël... et puis, y'a la chanson sérieuse, la classique, celle pour laquelle de grand compositeurs ont créés des œuvres inoubliables.

Existe sur ces compositeurs, de nombreux sites. Suffit d'écrire leurs noms dans un moteur de recherche pour en retrouver des centaines. - Citons, en ce qui concerne la chanson française, objet du présent site, ceux qui nous pourraient nous intéresser :

Charles Gounod (1818-1893) Henri Duparc (1848-1933)
César Franck (1822-1890) Ernest Chausson (1855-1899)
Georges Bizet (1838-1875) Erik Satie (1866-1925)
Jules Massenet (1842-1912) Reynaldo Hahn (1874-1947)
Gabriel Fauré (1845-1924) Francis Poulenc (1899-1963)

Pourquoi eux et non d'autres ? - C'est qu'ils nous permettent de faire un lien entre ce que nous avons dit au premier paragraphe et le nom de l'interprète sur qui nous désirons, dans cette page, attirer l'attention et qui, pour deux raisons, ne devrait sans doute pas faire partie de notre site. La première est que, pour des raissons d'espace et, disons-le, parce que nous sommes plus pré-45 qu'autre chose, nous consacrons nos énergies à faire connaître les auteurs, compositeurs et interprètes d'une certaine époque et que Bruno Laplante ne fait pas partie de cette époque. La deuxième est que, au cas où nos lecteurs ne s'en seraient encore pas aperçu, nos recherches sont plus axées sur la chanson dite "populaire" et mettre côte à côte "La Machtagouine" de Chapuy et Ouvrard (Éloi de son prénom) et "Le colibri" de Leconte de Lisle sur une musique d'Ernest Chausson (op.2 n°7) serait, à notre avis, du domaine de l'irrévérence.

Et pourtant, comment passer sous silence, les mélodies des compositeurs précités et c'est là qu'intervient Bruno Laplante que nous présentons à l'instant :

Il est né au Québec (municipalité de Beauharnois) en 1938. Bachelier ès arts en 1957, il entra au Conservatoire de Québec à vingt ans et y demeura six ans. Grâce à une bourse du Gouvernement du Québec et au Prix d'Europe, il fit un long stage auprès de Pierre Bernac à Paris, le célèbre interprète de Francis Poulenc non sans avoir, dès 1964, débuté une série de récitals qui, jusqu'à encore aujourd'hui, l'ont conduit dans une trentaine de pays sur tous les continents où il est considéré un des plus brillants interprètes de la mélodie française.

Pour de plus amples renseignements, consulter son site :

http://www.laplanteduval.com/Bruno_bio.html

Qu'ajoutez de plus sinon que, malgré notre " mayolesque" penchant, nos pages sur Paulus, Aristide Bruant, Dranem, Fragson, Chevalier, Mistinguett et Tino Rossi, nous demeurons de fervents admirateurs.


Discographie (partielle)

À se procurer absolument, le coffret paru chez Caliope en 1977 et dans ses réincarnations successives :

Reynaldo HAHN - Mélodies : Études latines (avec Chœur dirigé par Jean-Pierre Guindon) - "Si mes vers avaient des ailes", "Paysage", "Offrande", "L'énamourée", "D'une prison", "Le Rossignol des Lilas", "Fêtes Galantes" et 4 autres mélodies. Janine Lachance au piano - 1974.

Jules MASSENET - Mélodies : "Poème d'avril"(avec Albert Millaire, récitant), "Elégie", "Nuit d'Espagne", "Oh! Si les fleurs avaient des yeux", "Pensée d'automne" etdiverses autres mélodies (dont deux avec André Migneault au violoncelle).
Janine Lachance au piano - 1975

Charles GOUNOD - Mélodies : "Sérénade", "Chanson de printemps", "L'absent", "Le vallon", "Venise", "Viens", "Les gazons sont verts", "O ma belle rebelle", "Où voulez-vous aller ?", "Les deux pigeons"...
Janine Lachance au piano - 1976.

Puis,

  • Ernest Chausson - Poème de l'Amour et de la Mer - Caliope - CAL 6860 - 1978
  • Emmanuel Chabrier - Intégrale des mélodies - Caliope - CAL 6880 - 1979
  • Hector Berlioz - Les nuits d'été - Caliope - CAL 6883 - 1983
  • Georges Bizet et Édouard Lalo - Mélodies - Caliope - CAL 1882 - 1983
  • Henri Duparc - 1ère intégrale des mélodies - Calliope - CAL 1890 - 1984
  • Érik Satie - Intégrale des Mélodies et des Chansons de Caf'Conc' - Calliope - CAL 6885 - 1985
  • L'humour dans la Mélodie française du XXe siècle - Victor VDC 1403 - 1988
  • Henri Duparc - 2ième intégrale des mélodies - Victor - VICC 135 - 1991
  • Jules Massenet - Poèmes vocaux - Analekta AN 2 9406 - 1992

À signaler particulièrement :

L'opérette française de 1900 à 1940 (NTM 2000-01) paru en 1997 où, en compagnie de France Duval, Bruno Laplante chante des airs de Christiné, Maurice Yvain, Reynaldo Hahn et d'Oscar Strauss.

Consulter les sites précités pour de plus amples détails.


Illustrations sonores

Quelles que soient les dithyrambiques remarques que nous pourrions écrire sur les enregistrements précités ou à propos de Bruno Laplante, quelles que soient les articles de journaux, les critiques unanimes que nous pourrions citer, sur sa carrière, sa diction, sa connaissance prodigieuse du répertoire français, rien ne saurait remplacer l'audition d'un de ses enregistrements.

Nous vous en proposons trois.

Trois, tirés du coffret précité (trois 33t de 1974-1975) intitulé Livre d'or de la mélodie française paru chez Calliope il y aura bientôt trente-cinq ans et auquel l'Académie du Disque Français lui a décerné son Grand Prix du Disque en 1977.

Au piano, la divine Janine Lachance, citée ci-dessus.

Le premier, sur un poème de Théodore de Banville, musique de Reynaldo Hahn, "L'énamourée", une chanson écrite en 1892.

Ils se disent, ma colombe,
Que tu rêves, morte encore,
Sous la pierre d'une tombe :
Mais pour l'âme qui t'adore
Tu t'éveilles ranimée,
Ô pensive bien-aimée !
Par les blanches nuits d'étoiles,
Dans la brise qui murmure,
Je caresse tes longs voiles,
Ta mouvante chevelure,
Et tes ailes demi-closes
Qui voltigent sur les roses.
Ô délices! je respire
Tes divines tresses blondes;
Ta voix pure, cette lyre,
Suit la vague sur les ondes,
Et, suave, les effleure,
Comme un cygne qui se pleure !

"L'énamourée"

Le deuxième, de Sully-Prud'homme, musique de Gounod, "Prière", une mélodie composée en 1876 qui, comme le souligne Frédéric Robert qui a rédigé les notes de ce coffret, "préfigurent à s'y méprendre les plus langoureuses romances de Paul Delmet".

Ah! si vous saviez comme on pleure
De vivre seul et sans foyers,
Quelquefois devant ma demeure
Vous passeriez.
Si vous saviez ce que fait naître
Dans l'âme triste un pur regard,
Vous regarderiez ma fenêtre
Comme au hasard.
   
Si vous saviez quel baume apporte
Au cœur la présence d'un cœur,
Vous vous assoiriez sous ma porte
Comme une sœur.
Si vous saviez que je vous aime,
Surtout si vous saviez comment,
Vous entreriez peut-être même
Tout simplement.

"Prière"

Et finalement, de Massenet, poésie de Paul Robiquet, "Ouvre tes yeux bleus ma mignonne" de 1879.

Ouvre tes yeux bleus, ma mignonne :
Voici le jour!
Déjà la fauvette fredonne
Un chant d'amour.
L'aurore épanouit la rose :
Viens avec moi
Cueillir la marguerite éclose.
Réveille-toi ! Réveille-toi !
Ouvre tes yeux bleus, ma mignonne:
Voici le jour !
À quoi bon contempler la terre
Et sa beauté ?
L'amour est un plus doux mystère
Qu'un jour d'été ;
C'est un moi que l'oiseau module
Un chant vainqueur,
Et le grand soleil qui nous brûle
Est dans mon cœur !

(Ce deuxième couplet devant être chanté, à l'origine, par "elle")

"Ouvre tes yeux bleus ma mignonne"

On pourra, par ailleurs, entendre une quatrième interprétation de Bruno Laplante en consultant notre page 10 Ans - 10 Enregistrements , au numéro huit : de Massenet, "Si les fleurs avaient des yeux" (poésie de Buchillot) et un extrait d'une cinquième en notre page sur Numa Blès, "La Diva de l'Empire" sur une musique d'Erik Satie.

Pour le reste, il faut se taire ou, mieux encore, se rendre tout de suite chez son disquaire pour écouter celui qui aura sans doute le plus contribué à faire connaître la "grande chanson" française du 20ème et du 19ème siècle.