Éloi Ouvrard (père)



Gaston Ouvrard (fils)



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Critique de Jean d'Arc
Mémoires




 















































Voir également
Chansons illustrées - Galerie de portraits

Ouvrard, père & fils

e premier naquit à Bordeaux (33 - Gironde) en 1855, le deuxième à Bergerac (24 - Dordogne) en 1890.

Le premier débuta sa carrière peu avant son arrivée à Paris, en 1875, le deuxième en 1907 ou 1908 à l'âge de dix-sept ans.

Le premier termina la sienne en 1911, non savoir annoncé plusieurs fois sa retraite (dès 1895) tandis que le deuxième, à 80 ans, chantait encore.

Le premier mourut à Bergerac (24 - Dordogne) le 16 novembre 1938, le deuxième à Caussade (82 - Tarn et Garonne) le 26 novembre 1981.


Éloi, le père, est surtout connu pour avoir été l'inventeur du genre "comique troupier" - c'est-à-dire le premier de ceux que l'histoire a retenu -, genre qu'on date généralement de 1876 - 1877, soit celle de la création d'une chanson absurde d'Étienne Tréfeu et de Maximilien Graziani écrite sept ans auparavant, "L'invalide à la tête de bois" :

Il faut le voir pour le croire !
Allez donc le voir ! Allez donc le voir !
Il vous épatera, bourgeois,
L'invalide à la têt' de bois !

Son succès et son influence furent énormes et sur les 800 (et plus) chansons qu'il créa, il suffit de se rappeler quelques titres pour en deviner la riche nature : "La dent de sagesse" (1879), "Le Bi du Bout du Banc" (1882), "Ah ! la pauvre fille !" (1893), "La fille du Rémouleur" (1899)...


Paulus dit à propos d'Ouvrard, père : [qu'il] "avait une façon de manœuvrer ses doigts, gantés de coton blanc - surtout l'index de la main droite - qui emballait le public. Il rythmait la musique avec des choquements de genoux d'un effet irrésistible."

Georges Montorgueil : "C'est un chercheur de tics mécaniques réglés."

Jean d'Arc : "[C']est un petit homme sec, maigre, rêche. Pas de ventre, pas d'estomac, un thorax ébauché, des genoux pointus, des bras anguleux ; oh ! des angles partout sur ce corps chétif, dans les gestes quelque chose d'automatique, une figure ravagée par les rides ; avec des yeux fouilleurs, pleins de malice, un nez d'opiniâtre chercheur et une bouche qui se fend dans un rictus tourmenté ; un masque étonnant terminé par deux pointes : en haut le crâne, en bas, le menton ; un faciès simiesque, planté à la diable sur un paquet de nerfs..."

Note : Ces trois citations proviennent de : Le café-concert de François Caradec † et Alain Weill [Hachette/Massin - 1980] 

Lire l'article complet d'où est tirée la dernière citation, citation parue dans un programme aux Ambassadeurs en 1893).


Son style de comique-troupier, il allait l'abandonner peu à peu à Polin qui, lui, allait être suivi par des dizaines d'autres : Bach, Dufleuve et même Fernandel pour n'en citer que trois. - En 1895, année de sa retraite "définitive" (il montera sur scène jusqu'au début des années dix), il en était aux chansons paysannes dont la plus représentative fut "La Machtagouine".


Si le fils, Gaston Ouvrard, suivit, au départ les traces de son père, il abandonna très vite l'uniforme pour revêtir le smoking. Doué d'une diction extraordinaire, il débita pendant des années des refrains qui continuent, sur disques, de nous étonner. - D'autant plus qu'il a effectué ses derniers enregistrements au milieu des années soixante, peu avant son étonnant come-back à l'Olympia et à Bobino en 1970 (et 1971)

Citons : "Je n'suis pas bien portant" et "Mes tics", ses deux plus grands succès.


Enregistrements

La grande question est de savoir si Ouvrard, père, a effectué, oui ou non, des enregistrements.

C'est une question que les collectionneurs se posent depuis longtemps.

À première vue, il peut paraître bizarre que cet homme si populaire et dont le fils allait, lui, commencer son étonnante carrière sur cylindres ou disques en 1908 (pour la terminer 60 ans plus tard), n'ait pas été enregistré. - On peut comprendre pour Paulus qui, en 1895, déjà, était en fin de carrière mais Éloi Ouvrard ne se retira de la scène qu'en 1911, au moment où des chanteurs comme Mayol, Fragson et Polin, avait déjà derrière eux une importante collection de titres. - D'Éloi Ouvrard, cependant, rien.

Dans son impressionnante discographie Pathé, Christian Zwarg ne cite pas moins que 22 titres du "Répertoire Ouvrard" tous datant de 1898 - 1899 :

  • "Au conseil de révision"
  • "Devant la colonne Vendôme"
  • "A droite, au fond"
  • "Le tabac du capitaine"
  • "Guigne en haut, guigne en bas"(Émile Spencer)
  • "Huit jours de clou"
  • "En s'en allant dans un bateau"
  • "La Machtagouine" - Chansonnette auvergnate (Philippe Chapuis, Eloi Ouvrard)
  • "Youp, youp, larifla"
  • "Rien qu'un doigt" - grivois
  • "La pièce militaire" ( Lucien Delormel),
  • "La clarinette fin de siècle" (Albert Grimaldi)
  • "Avec Ugène"
  • "Virgule, un point, c'est tout"
  • "Ma petite sœur Euphrasie"
  • "Et ta sœur" (H. Ludo)
  • "Priez pour eux"
  • "Recettes utiles"
  • "La lettre à Papa" (Eloi Ouvrard)
  • "Ah! la pauvre fille !" (Eloi Ouvrard / Philippe Chapuis, Marchal)

Chez Odéon, en 1905, un certain Karrière enregistre une de ses chansons, "En permission". La même année, et pour la même marque, on retrouve deux autres chansons d'Eloi Ouvrard : "Pas beaucoup d'argent", enregistré par Sulbac et "La fille du rémouleur" enregistré par Charlus. - Une certaine Madame Ouvrard se permet même d'enregistrer, au piano, "Les gosses" et "Travaillez la terre" en 1905-06 chez Odéon également. - Et en 1907 ou 1908, Émile Mercadier  y va de "L'amour demeure" et en 1910, un autre futur inconnu, Blon-Dhin  ajoute à ces titres "Au 69ème dragons".

Chez Zonophone, Patachon enregistre "La jeune fille de Chelles" et "La Machtagouine" en 1902 que reprendra Bravo en 1910, Bravo qui avait déjà, en 1903, enregistré une autre version de "La fille du rémouleur".

D'Éloi Ouvrard, lui-même, rien.

Il existe bien quatre enregistrements légendaires que d'aucuns affirment être d'Ouvrard et de ces quatre enregistrements, Monsieur Jean-Yves Patte qui est en voie, malgré sa modestie, de se faire nommer collaborateur officiel à ce site, en possède, semblerait-il, un des derniers survivants. - Avec la générosité et la gentillesse qu'on lui connaît, il a consenti à nous en faire une copie sur fichier MP3. - Voici donc, et en primeur, une chose qui n'a pas été entendue depuis des décennies - et qui n'a certes jamais été diffusée :

(Attention aux grattements, aux clics, aux pops : cette chose-là date d'avant l'Affaire Dreyfus, a traversé deux guerres, a connu la télévision, des hommes marchant sur la lune...)

"Huit jours de clou"

Éloi - vers 1896


Pour Gaston, le fils, les choses sont beaucoup plus simples : il existe des douzaines de repiquages de ses plus grands succès dont "Je n'suis pas bien portant", "Son petit Tom Pouce", "C'que j'veux", "Si j'avais des ailes", "Mes tics", etc., etc.

En voici un cependant, tout aussi étonnant que les précédents et qui nous a été envoyé par un autre collaborateur et qui n'a pas été entendu depuis longtemps (M. Duthy et D. Jeanes) :

"Le chien de Sacha"

Gaston - en 1937


Les grandes chansons d'Ouvrard
Le dernier disque de Gaston (1966)

Il est évident que, chacun, après avoir écouté cette chanson, pourra déclamer comme Ouvrard :

C'est un chasseur français
Sachant chasser sans chien
Sachant chasser dans les branchages desséchés
C'est un chien sans chichi...

 

 

 


Annexe

Les mémoires illustrées d'Ouvrard, père : Elle est toute nue - La vérité sur la vie des coulisses - publiées intégralement.