é dans la Russie des Tsars, d'un père russe et d'une mère française, André Pasdoc [*] est issu d'une famille aristocratique. A la table de son père, le baron de Salkoff, se croisent Raspoutine et Tchaïkovski..La révolution bolcheviste le contraint à se réfugier en France en 1922 avec sa mère. Après des études au petit séminaire de Versailles, il gagne modestement sa vie comme employé de banque, tout en fréquentant le milieu émigré russe de Paris. Manifestant un goût très vif pour la musique et la poésie, il est amené à la chanson par Paulette Darty et Yvette Guilbert, triomphant d'abord dans un crochet de la Fourmi en 1931 et se produisant ensuite dans de modestes cabarets : Quat'Z'arts, Le Chat Blanc, Mistigri, Chez Liza...Après son service militaire, en 1933, il séjourne en Belgique et chante à la Potinière de Liège, au Grillon de Bruxelles. A son retour, quelques auditeurs de la T.S.F.pourront l'entendre le 27 décembre 1933 sur Radio-Vitus dans un concert auquel participent Lyjo, Carmen Vildez et Régor. C'est après son passage à Bobino en avril 1934, puis à l'Europ?en en mai, que le nom de Pasdoc commence à être connu, sans plus.
Il enregistre ses premiers disques pour Sefono et figurera régulièrement au programme des music-halls : Petit-Casino, Européen, Bobino, A.B.C., Zénith... ainsi que des cabarets: Stage B, Poisson d'Or, Bosphore... Son passage au Lapin à Gill sera l'un de ses meilleurs souvenirs. Entré chez Polydor en 1935, il enregistre avec régularité plusieurs disques chaque mois, dont son succès "Le Cocher de la troika" que Reda Caire avait déjà gravé en janvier 1934 pour Parlophone. Mais ce qui le rendra encore plus familier du grand public, c'est Le Quart d'heure de charme dominical de la jeune station Radio-Cité, dont il est la vedette, et qui est diffusé tout au long de l'année 1936 à une heure de grande écoute (13h15 à 13h30), après le Quart d'heure loufoque de Pierre Dac...
Dans Radio-Magazine du 12 avril 1936, Dominique Sordet, comparant ses interprétations" à des figurines de cire bien lisses, bien roses et bien pommadées qui ornent les vitrines des coiffeurs" ajoute : "Ce ténor est un erzatz assez réussi de Tino Rossi sans en avoir toutefois la légèreté, la souplesse, le charme inimitable". Face à ce jugement sévère mais plutôt juste, voyons celui-ci, laudatif à l'excès : "Grâce à lui, la plus prétentieuse des calembredaines serait acceptable" (Paroles et Musique, février 1937) Jusqu'en 1938, Pasdoc se plait dans le quartier populaire des Batignolles, il emménagera même l'année suivante, rue Legendre, avec sa mère.
En mars 1939 il présente son tour de chant au Caveau de la République puis effectue une tournée en Belgique. Il n'est pas mobilisé puisqu'il est à l'Européen le 26 janvier 1940 et à Bobino le 5 avril 1940, avec Lys Gauty.
Dans Les Ondes (n? 12 du 13 juillet 1941) on apprend que Pasdoc est prisonnier. Pourtant on l'entend sur Radio-Paris le 30 août 1941 avec Edith Piaf et Lucienne Boyer clans l'émission Passez une heure avec... Engagé au Liberty's en octobre, il termine l'année 1941 à l'Européen. Le 24 mars 1942, Pasdoc se produit au Gala du Secours National, avec Claveau, Jouve et ses Jou-venceaux puis, pendant plusieurs semaines, au cabaret Nox (ex-Noctambules) où il succède à Jaime Plana.
On l'interviewe dans Les Ondes du 12 avril 1942, et on l'entend beaucoup à Radio-Paris durant tout l'été. Souvent accompagné au piano par Louiguy il interprète des compositions de Joëguy, qui était aussi sa marraine de guerre.
Mais, après une dernière émission le 9 novembre 1942, on perd sa trace, jusqu'au 2 décembre 1943, date ? laquelle il participe avec 63 autres vedettes ? la Grande Nuit du Music-Hall donn?e ? l'A.B.C. (18h ? 23h). Le Matin du 22 juillet 1944 qui publie sa photo, annonce qu'? son retour de captivité (il aurait été prisonnier une seconde fois) il a fait sa rentrée dans son Théâtre de chansons au Théâtre de Lancry, dont il vient de prendre la direction. En 1945, d?s septembre on le retrouve dans des galas et à la radio: Music-Hall franco-allié, Chansons grises, chansons roses et en novembre, une suspension de trois mois lui est infligée ... mais il obtiendra n?anmoins la croix de guerre 39-45, ce qui refl?te les incohérences de l'époque. Il réalisera à nouveau son rêve de diriger un cabaret et d'encourager les jeunes artistes, en ouvrant en 1948 l'Echanson, au 49 de la rue des Petits Champs. On y entendra Jacques Dutailly, Jacques Brel et Edith Piaf. Cela ne l'empêche pas de se produire ailleurs: le 25 novembre 1948 il chante au VéI'd'Hiv', en compagnie de Luis Mariano, pour la fête des Catherinettes... On entendra encore Pasdoc dans la Joie de vivre [**] de Berthe Bovy (19 octobre 1952) ainsi que dans celle de Robert Rocca (27.09.53). Il était aussi un poète, auteur de plusieurs recueils : Au rythme de mon cœur (1949), Chants et contrechants (1972). Il publia également en 1964 aux éditions du Scorpion un livre de souvenirs Le Cocher de la troïka.[*] Pas une très grande carrière. Rien d'exceptionnel !
[*] NdA : Le Cocher de la troïka : Un récit gentillet d'une naïveté déconcertante ! Celle d'un garçonnet bien propre sur lui à sa maman ! Inutile de courir et de se précipiter ! Édition épuisée et non réimprimée.
Note [*] : Il dira plaisamment lui-même :"J'ai une foule de prénoms et de noms... Si l'on mettait bout à bout toutes les initiales, on obtiendrait Pasdoc..." [**] :La Joie de vivre est une émission de variétés française créée par Henri Spade et Robert Chazal et diffusée du 24 novembre 1952 à mai 1960 le lundi soir sur la Radiodiffusion-télévision française (simultanément à la télévision et à la radio), en direct et en public et en alternance avec 36 chandelles. La Joie de vivreévoquait la carrière d'une vedette en réunissant ses amis autour de Jacqueline Joubert et Henri Spade. Elle fut l'un des premiers grands rendez-vous de variétés populaires à la
télévision et recevait les chanteurs ou comédiens de l'époque.
Né Dimitri André de Salkoff, à Saint-Pétersbourg (Russie), le 29 septembre 1908, André Pasdoc s'est éteint à Toulon (83 - Var), le 23 mai 1984.
Cinéma : 3 films !
André Pasdoc tourne un rôle de chanteur dans Sombre Dimanche de Jacqueline Audry en 1948, un rôle d'aumônier dans La Cage aux Filles de Maurice Cloche en 1949 et un rôle d'inspecteur des prisons dans Rayés des Vivants de Maurice Cloche en 1952.
Illustration sonore
Une chanson triste et mélancolique, "Sombre Dimanche" devenue célèbre, principalement parce qu'elle a été interdit dans la plupart des établissements de Budapest qui craignaient de pousser leurs clients au suicide. Les légendes urbaines entourant cette chanson lui ont valu d'?tre surnommée la chanson interdite à Budapest (cf le petit format, ci-dessous)ou encore la chanson suicidaire hongroise. Les rumeurs (interdictions à la radio, vagues de suicide), provenant en partie d'une campagne visant à la promouvoir, sont cependant sans fondement. L'ironie du sort veut que le compositeur se soit lui-même suicidé en 1968. Elle a été reprise en 1940 par Paul Robeson sous le titre Gloomy Sunday et ensuite par d'autres artistes, dont Billie Holiday dont la version a éé interdite par la BBC en 1941. La réalisatrice française, Jacqueline Audry, en fera un film en 1948.
"Le cocher de la troïka" (pop.russe/Diodet - A. Pasdoc)
Disque Polydor n° 524.692 - 1935
Et ensuite, la figure mythique du "carillonneur de Bruges" qui entre également dans la culture populaire de la fin des années trente sous la forme de cette chanson écrite par Robert Malleron.
"Le carillonneur de Bruges" (Joë Guy- Robert Malleron)