Paulus


ENREGISTREMENT(S)


D'abord ceci :

Extrait n° 1 - 12" [1]

Vous avez compris ce que dit le Monsieur ... "L'amant d'Amanda" imitation de Libert par...Caudieux..." (C'est nous qui soulignons.)

Source : un disque APGA de 1910,n° 2270.

Et puis ceci :

Extrait n° 2 - 10" [1]

La voix est différente n'est-ce pas ? Et puis l'annonce ne dit pas "imitation de" mais bien "créée par Caudieux [à la Scala]", ce qui implique que ce n'est pas nécessairement Caudieux qui chante... - D'ailleurs, autant le dire : ce n'est pas Caudieux.

Source : un cylindre Lionet, circa 1898, n° 1248

[1] Les versions complètes des enregistrements dont les extraits sont cités dans cette page peuvent être retrouvés, sauf indications contraires, à la fin.

Le plus curieux dans cette affaire c'est que, dans le catalogue de 1899 de Lioret (qui ne cite aucun de ses interprètes), une section indique qu'on peut commander chez cette firme trois titres du répertoire de ce cher Caudieux rendu célèbre par une affiche de Toulouse-Lautrec (ci-contre)  :"La bonne du curé", "Pour la Française" et "Les Ballandars" alors que l'extrait ci-dessus se retrouve relégué dans un page intitulée tout simplement "Chansons et chansonnettes - Répertoires divers".

Pour d'autres détails sur la marque Lioret :

La Maison H. Lioret

Cette maison, propriété d'Henri Lioret, inventeur-constructeur (sic), fabriqua et distribua, entre 1895 et 1901, des phonographes qui, pour l'époque, étaient de très haute qualité, certains à sytème d'horlogerie à poids, d'autres à ressort ; des poupées parlantes également et même des objets publicitaires (voir ci-dessous). Malheureusement tous ces appareils étaient, alors, incompatibles avec ce qui se développait ailleurs (chez Edison, Pathé, Berliner...)

Durant toute cette période, la maison Lioret publia des cylindres pour ses propres appareils, cylindres dont les noms des interprètes, engagés à la pièce, ne furent jamais indiqués. Fabriqués en petites quantités (considérant le nombre d'appareils vendus), ces cylindres font aujourd'hui la joie des collectionneurs mais pas celle des amateurs d'interprétations d'époque à cause de leur rareté. - Un discographe de Stutensee (Allemagne), Christian Zwarg, en a publié une cinquantaine dont :

et

  • Six attribués à Paulus (sur les 18 du catalogue) :

- "Le rieur" (Félix Chaudoir) - 3:32
- "Les gardes municipaux" (Courtois) - version 1 - 0'27"
- "Les gardes municipaux" (Courtois) - version 2 - 0'56"
- "Les gendarmes qui passent" (Félicien Vargues) - version 1 - 1'32"
- "Les gendarmes qui passent" (Félicien Vargues) - version 2 - 0'58"
- "Derrière la musique militaire" (Chaudoir / Delormel - Garnier) - version 1 - 2'41"
- "Derrière la musique militaire" (Chaudoir / Delormel - Garnier) - version 2 - 3'17"


[2] "Attribués" dans ce cas-ci veut dire "du répertoire de".

À l'écoute, on se rend vite compte qu'il s'agit d'interprètes différents sur des cylindres portant les mêmes numéros (voir la page du catalogue, section "Répertoire Paulus" ci-contre

À comparer, par exemple, les deux enregistrements qui suivent :

"Les gendarmes qui passent"
dit de Paulus - version 1 [3]


"Les gendarmes qui passent"
dit de Paulus - version 2 [3]

[3] Versions complètes indisponibles.

Que dire, dans la même veine, de l'extrait qui suit ?

Extrait n° 3 - 13"

L'annonce dit bien : "Chanté par Paulus" sauf que ce n'est pas Paulus qui chante. Il s'agit de Bravo qui, en juillet 1899 est entré dans les studios de Zon-O-Phone pour graver cet "Air de Mazurka" qui était du répertoire Paulus,qui avait été créé des années auparavant par Paulus et, forcément, chanté par lui. - Sauf qu'on est loin ici d'un enregistrement de Paulus. La preuve est que, réédité en 1902, ce même enregistrement paru, cette fois-là, sous le nom de son véritable interprète comme en fait foi l'extrait du catalogue ci-contre. Voir au numéro 32601.

Mais le cas Zonophone est en lui-même curieux


Les maisons Zon-O-Phone, Gramophone, Berliner...

L'histoire des maisons Zon-O-Phone, Gramophone (Company), Berliner Gramophone Company, la Compagnie française du Gramophone (etc.) qui furent toutes, à un moment donné, englobées par la Victor Talking Machine, la future His Master's Voice (aujourd'hui HMV) - qui fut longtemps connue en France sous le nom de La Voix de son Maître - a fait l'objet de nombreuses études. Pour quelques détails les concernant, voir notre page Gramophone - Zon-O-Phone.

Son catalogue français, "His Master's Voice / La Voix de son Maître - The French Catalogue" qui, en 1990, a été publié grâce aux travaux d'Allan Kelly (Greenwood Press, 677 pages), cite onze titres "enregistrés par Paulus" en juillet 1900 :

  • n° 32694 - "Tendre et belle maman" (Gangloff)
  • n° 32695 - "Viens donc" (Courtois)
  • n° 32887 - "Derrière l'omnibus" (Raynal)
  • n° 32888 - "Le p'tit bleu" (de Wenzel)
  • n° 32889 - "C'gredin d' printemps" (Patusset)
  • n° 32890 - "Trois, rue de Paon" (Planquette)
  • n° 32891 - "Monsieur Rodin" (Carlé)
  • n° 32892 - "Un tour de valse" (Stretti)
  • n° 32893 - "La légion étrangère" (Galle)
  • n° 32894 - "Le pompier de service"

et

  • n° 32961 - "En revenant de la revue" ( Desormes) [4]

Les pages pertinentes sont ci-dessous.

[4] Voir (écouter) "Extraits divers d'enregistrements dits de Paulus (annonces)" ci-dessous.

Un problème avec ces enregistrements. Deux en fait :

D'abord, ils sont introuvables. Il s'agit de disques de 18 cm (7"), simple face et très fragile. Nous n'en avons retracé qu'un seul, mal identifié et dont la qualité laisse beaucoup à désirer.
Le voici :

"En revenant de la revue"
dit de Paulus - Zonophone 32961 - 2'05"

Un Paulus ? Disons que le "style" Paulus qui a été maintes fois décrit par ses contemporains (et que ceux qui ont enregistré des chansons de son répertoire ont vraisemblement tenté d'imiter - c'est le cas des Lioret) - ne ressemble pas à ce que nous pouvons entendre ici. Paulus, nous dit-on avait une voix assez agréable mais le chanteur, ici, crie plutôt qu'il ne chante...

Le deuxième est que le registre des enregistrements effectués par la Compagnie française du Gramophone entre 1898 et 1901 ne suivait pas, comme le souligne Allan Kelly, un ordre de matrice précis et que plusieurs interprètes dont les noms sont apposés à ces matricesn'ont jamais existé. C'est le cas, entre autres, des "Troubadours toulousains" au sujet desquels diverses spéculations eurent lieu quant aux noms - peut-être célèbres - qui se cachaient derrière ce quatuor à voix de 1900.

On notera, en outre, comme le confirment les pages précitées, que tous ces enregistrements de "Paulus" furent précédés ou suivis ou précédés et suivis d'enregistrements de Maréchal et que, généralement, on enregistrait plusieurs chansons du même interprète lors d'une session, ce qui n'est vraiment pas le cas du dernier cité ci-dessus quoique son numéro de matrice se rapporte à une série dont il manque plusieurs numéros et dont la plupart des pièces sont interprétés par Henri Thomas .

Mais pour rendre cet enregistrement encore plus énigmatique, ce n'est ni la voix de Maréchal ni la voix de Thomas qu'on entend. - Mais alors, elle est de qui ? On a avancé Dutreux mais Dutreux n'apparaît au catalogue Zon-O-phone qu'en 1913...

Fait dire que les enregistrements d'alors n'étaient pas très fidèles. Suffit de se rapporter à nos pages sur Chevalier ou Mayol qui sont passés de l'accoustique à l'électrique.

Voici maintenant un quatrième extrait - hors des marques précitées - où, à l'annonce, l'on serait tenté de croire qu'on est tout près d'un vrai Paulus mais à la décharge de la compagnie chez qui il a été enregistré( Pathé), de véritables efforts ont été faits pour éviter toutes confusions :

Extrait n° 4 - 15"

Là - excusez la qualité -, les choses sont différentes : il s'agit d'une chanson (du répertoire de Paulus) si connue qu'on aurait eu dela difficulté à ne pas l'identifier en tant que telle. Nous n'avons pas pu examiner le contenant dans lequel le cylindre sur lequel elle a été enregistrée était inséré, mais en ayant examiné des douzaines d'autres de son distributeur (Pathé) - voir, par exemple, le cylindre "Mercadier" ci-contre à droite -il est presque assuré qu'il y était bien indiqué qu'il s'agissait d'une chanson du répertoire Paulus mais que l'interprète en était Mercadier ou... de quelqu'un d'autre. - L'inscription dans le catalogue de 1907 de cette marque est d'ailleurs très explicite à ce sujet. Voir ci-contre à gauche.

À l'écoute, cependant, les choses ne sont pas aussi claires.


 

Nous pourrions continuer comme cela longtemps. En voici la preuve tirée de quatre autres [5] :

Extraits divers d'enregistrements dits de Paulus (annonces) - 23 "

[5] "Derrière la musique militaire" (Lioret n° 1015) - "Les gendarmes qui passent" (Lioret n° 1004) - "Les Gardes municipaux" (Lioret n° 1002) - "En revenant de la revue" ( Gramophone n° 32961) - Versions complètes indisponibles.


Ce qui nous ramène à la véritable question :

"Comment se retrouver dans tous ces "Paulus" ?"

À cette question, deux réponses :

Un : il existe au moins deux documents authentiques - sur lesquels nous nous pencherons ci-après - qui confirment clairement que Paulus est passé par des studios d'enregistrement, ne serait-ce que pour y être filmé.

et

Deux : malheureusement, même avec toutes les recherches qui ont été effectuées depuis que Paulus a disparu, on n'a pas retrouvé d'enregistrements authentiques de sa voix si, par authentiques, on entend : officiels, vérifiables et vérifiés.

Nous reviendrons sur ce dernier point mais, auparavant, passons à ce qui a peut-être été un canular (une partie l'a indubitablement été) ou encore une succession de suppositions.

Paulus chez Homophone

Le deux janvier, 1981, dans son émission Les cinglés du music-hall, Jean-Claude Averty tenait ces surprenants propos :

Émission Les cinglés du music-hall
2 janvier 1981 (extrait) - 2'01"

L'enregistrement ? Le voici :

Paulus : "Chapeau rose et fin mollet" 2'22"

Nous nous sommes entretenus, à ce propos, avec trois personnes qui furent de près ou de loin mêlées à cette affaire. Nommons-les X, Y et Z car l'une d'entre elles tient à rester anonyme et divulguer le nom des deux autres permettrait de l'identifier.

Monsieur X nous a fait parvenir : et les commentaires radiodiffusés de Jean-Christophe, et l'enregistrement. - Il nous a assuré que le célèbre commentateur n'était pour rien dans ce que certains ont appelé par la suite un canular sauf, peut-être, l'étiquette qui fut créé de toutes pièces pour la version télévisée de son émission.

Monsieur Y nous informe qu'il a été celui qui a "découvert" ce Paulus. Voici le contenu d'un message qu'il nous adressait il y a quelques temps :

"Au début des années 70, j'ai découvert, dans les collections de la Phonothèque Nationale, un 78 tours artisanal portant sur une étiquette manuscrite l'inscription "Chapeau rose et fin mollet par Paulus". - Etant collectionneur des chansons enregistrées par leurs créateurs, j'en ai fait faire une reproduction par les services de la Phonothèque, reproduction que je détiens toujours. - Seulement il y avait 2 hics : la qualité de l'enregistrement était très altérée et pire, il tournait à 78 tours alors que le disque d'origine est à 80 tours. Dans un premier temps, une de mes connaissances outillée pour, l'a remis à la bonne vitesse. - J'ai communiqué cette première restauration à Jean-Christophe Averty [?] [où il a été soumis à] une deuxième cure de jouvence en éliminant des bruits parasites et le résultat (celui qu'on entend sur votre site) a été diffusé à la radio..."

Dans son message, il précisait en outre :

"J'ai été très surpris par [vos] commentaires [6] mettant en doute l'authenticité de [cet] enregistrement de "Chapeau rose et fin mollet" qui, jusqu'à présent donc, faisait l'unanimité quant à l'identité du chanteur. On sait que Paulus a bien enregistré cette chanson pour Homophone à la fin de sa vie. (La voix et la diction montrent bien que l'interprète n'était plus un jeune homme.) - Selon mes informations, il n'existe plus d'exemplaire de ce disque, sauf un qui serait en deux morceaux."

[6]Commentaires contenus dans la page qui a précédé celle-ci.

Monsieur Z, lui, n'a pas directement mis en doute les remarques de Monsieur Y mais voici ce qu'il a bien voulu nous préciser sur cette "mystérieuse bande "tombée d'un camion" [...] qui contenait l'enregistrement [diffusé sur notre site] mais copié à 78 T" et qu'à l'époque, on lui avait confiée :

(Nous citons ad lib.)

- La vitesse initiale a été ajusté à 90 T : un signe que la provenance était de la firme Homophone....

- certains artefacts ont été rajoutés, en particulier le bruit à la fin...

- personne n'a jamais vu physiquement ce disque à part celui qui l'a copié...

- ce titre n'est pas répertorié dans leur base BN Opale...

- il y a toujours un halo de mystère sur qui chante. On a avançé les noms de Dutreux, Miller, Maréchal...

Suite à ces trois interventions, nous avons effectué quelques recherches.

Du côté de la télévision d'abord - mais alors là, ne nous demandez pas nos sources - et avons retracé une photo de la "check list" des photos que l'on devait passer à l'émission des Cinglés du Music-Hall où il est clair qu'on a fabriqué un faux Homophone.Du moins pour l'étiquette. Voir ci-contre à gauche.

 

À la SACEM, nous avons appris que "Chapeau rose et fin mollet" avait, effectivement été créé par Paulus en 1880. Que ses paroliers étaient Lucien Collin - Villemer, que la musique était de Van Der Camp, dit Soubize, et que son dépot en avait été fait le 27 Janvier 1880 de la même année (6ème dépot à la Sacem !), le tout via les Editions Joubert.

Ce qui nous amène aux commentaires suivants :

Admettons que l'enregistrement initial existe (Monsieur Y nous informe, tel que mentionné ci-dessus, que le disque est maintenant en deux morceaux), qu'il n'en existe qu'une seule copie, que cette copie est visiblement "artisanale" et qu'elle se trouve toujours dans les archives de la Phonotèque Nationale. - Ce sont là des informations qui pourraient facilement être vérifiées.

Oublions la référence Homophone (une hypothèse car cette firme n'était pas la seule au début du siècle dernier à fabriquer des disques à 90 T). Oublions également les manipulations bande-correction-radio-télé (numéro, étiquette, etc.)

Admettons ensuite que l'enregistrement soit authentique et que seul le passage de sa copie à la radio et à la télévision en a dénaturé son incontestabilité, quel sont les possibilités que ce soit là un véritable Paulus ?

Notre avis : minces.

"On peut toujours rêver" (Monsieur Z) et l'on pourrait même ajouter que "les passionnés n'ont pas besoin de preuves alors que toutes les preuves sont inutiles pour les sceptiques".

Pour les premiers, nous regrettons mais nous devons nous retrancher dans le camp des deuxièmes.

La raison principale - vous remarquerez que nous l'avons donnée au tout début de cette page - est que la quantitié d'annonces plus ou moins honnêtes qu'on retrouve sur les premiers disques et cylindres, y compris les"faux Paulus" devrait nous porter à croire qu'un vrai serait, s'il existe, difficile à authentifier ou à en admettre la certitude, même approximative. Surtout qu'à cent ans passés, les témoins sont rares, comme disait Alphonse Allais, à propos de ceux qui avaient connus Napoléon.

Et puis nous en avons d'autres mais, celles-là, sous forme de questions :

  • Pourquoi un enregistrement et une seule copie ?
  • Qu'est-ce qui aurait poussé Paulus a accepter d'être enregistré en 1906 alors que des offres ont dû lui être faites par toutes les compagnies au moment où il n'était pas encore tout a fait invalide ?
  • Comment cette unique copie a-t-elle pu être déposée à la Phonotèque Nationale et acceptée par elle alors que tant d'autres ont été refusées ?
  • Pourquoi ne fait-il pas partie de ses bases de données ?
  • Pourquoi ce titre "Chapeau rose et fin mollet" créé vingt ans plutôt au lieu de ou à la place d'un de ses plus grands succès ?

Et, surtout :

  • Pourquoi Paulus n'en a-t-il jamais parlé dans ses Mémoires, lui qui a attaché tant d'importance à des détails qui, rétroactivement, étaient sans importance ?

À vous de juger mais si vous pensiez que vous étiez, avec ce qui précède, au bout de vos peines, lisez bien ce qui suit :

Georges Méliès

Georges Méliès

Comme nous l'indiquions dans notre page sur la chanson "En revenant de la revue", selon divers renseignements de sources sûres, Georges Méliès aurait, dans son studio, filmé, en 1897, Paulus chantant cinq chansons soit : "En revenant de la revue", "Coquin de printemps", "Le Père la Victoire", "Derrière l'omnibus" et "Les duellistes marseillais" (?) supposément à la demande de ce dernier qui, fatigué et atteint de surdité voulu qu'on présente ces films à Parisiana (ou serait-ce à Ba-Ta- Clan ?) tandis qu'il aurait chanté derrière l'écran, mais les renseignements disponibles à leur sujet sont plus du domaine des légendes qui entourent la production de Méliès dont la plupart des films ont été perdus. On ne sait s'il pouvait s'agir de reconstitutions telles que celles que Méliès a tournées sur l'affaire Dreyfus. Des bobines de vingt mètres. C'est peu pour des chansons mais ces cinq films sont listés dans le catalogue de ses œuvres.

Voir aux numéros 88, 89 et 90 de la liste complète des films de Georges Méliès en la page suivante :

http://filmjournal.net/melies/star-films-catalogue

Ou encore, chez Arte :

http://www.arte.tv/fr/Emission-du-lundi-05-aout-2002

Ces films, comme la grande majorité de ceux de Méliès, ont été détruits, soit pour récupérer l'argent qui s'y trouvait (ce que le cinéaste a souvent fait lui-même) ou réquisitionnés, pour le même motif, au cours de la guerre 14-18...

Reste à rêver que, pour les accompagner, comme Alice Guy allait le faire quelques années plus tard avec ses phonoscènes, la voix de Paulus ait été enregistrée.


Note : Dans le "Who's Who of Victorian Cinema" (25 auteurs, the British Film Institute, 1997), Méliès est cité disant que les films ci-dessus ont été projetés tous les soirs pendant un certain temps à Ba-Ta-Clan et que le public en était très enthousiasmé...


Le Figaro

Et nous en arivons maintenant au document-Figaro.

On peut lire - attention, c'est petit - dans cette édition du 30 août 1889 :

"Dernier écho de notre fête de lundi. - Sur la demande d'Edison, Monsieur Wangemann, son très aimable représentant à Paris, va offrir au journal les voix de tous les artistes qui ont prêté leur concours à notre soirée. - La voix de Paulus a été prise hier par le phonographe dans les trois chansons qui ont obtenu un si grand succès chez nous. Même opération a été faite pour les quatre Hongroises, etc. - M. Wangemann attend Mounet-Sully, Coquelin cadet, et Jeanne Granier, puis, avec la belle marche de Monsieur Fournier, il nous remettra leurs phonogrammes en souvenir de cette soirée. - Nous adressons à Edison et à M. Wangemann nos plus vifs remerciements pour cette charmante pensée."

Curieusement, voilà une autre de ces soirées dont Paulus ne parle pas dans ses mémoires, ni, non plus, de sa présence dans les studios Edison.

Et puis... 1889... Vous savez ce à quoi ressemblait un enregistrement Edison en 1889 ? À ceci :

Brahms (au piano) enregistré sur un appareil Edison par Theo Wangemann en 1898 - 58" [7]

[7] Cet enregistrement est disponible sur différents site sur Internet. La voix de l'annonce est vraisemblablement de Théo Wangemann.

Aujourd'hui, on dirait que l'appareil avec lequel cet enregistrement a été fait était un prototype et on n'aurait pas tort. Il ne faut pas oublier qu'Edison, qui s'est souvent entêté à propos de ses inventions, considérait, lorsqu'il est venu en faire la démonstration à l'exposition de 1889, qu'il s'agissait là d'une machine à dicter et non à enregistrer des pièces musicales, que c'est à cause de son représentant à Paris qu'on doit divers enregistrements de voix ou de personnages - célèbres -, qu'au départ, les enregistrements effectués par son appareil étaient tout ce qu'il y avait de plus rudimentaires ; que ce n'est qu'avec l'apport d'autres inventeurs que ces produits devinrent finalement vendables vers 1893-1895. Ajoutons également que les supports sur lesquels ses enregistrements furent effectués étaient d'une grande fragilité et qu'ils n'ont à peu près pas survécu.

En admettant que ce que le Figaro avance dans cette édition - et pourquoi mettre en doute cette nouvelle - auraient bel et bien existé de Paulus, à un moment donné, trois enregistrements.

S'agit maintenant de les retracer.


Autres commentaires

Oui, on peut rêver. On ne peut pas avancer que Paulus ne se soit jamais approché d'un appareil à enregistrer, mais l'on peut supposer que, s'il l'a fait, la chose l'a vraisemblablement peu épaté. Qu'il se soit pointé, en 1889, chez Edison, et qu'il y ait chanté trois chansons semble tout-à-fait plausible mais on n'en était pas encore, à ce moment-là, à la commercialisation d'"enregistrements sonores". Qu'est-il arrivé aux cylindres sur lesquels ces chansons ont été gravées ? Nul ne sait. S'il y a quelqu'un de chez Figaro à l'écoute, nous sommes preneurs.

Le cas "Homophone" nous rend perplexe pour les raisons que nous avons avancées.

Quant aux autres "Paulus", ceux de chez Zon-O-Phone, de chez Lioret ou même de chez Pathé, quelques pirouettes d'imagination sont nécessaires pour les lui attribuer.

Ce qui est difficile à comprendre, c'est que Paulus n'ait pas fait de cas des enregistrements distribués sous son nom. Faut dire qu'à l'époque, les droits d'auteur, même avec l'omniprésente SACEM, étaient plutôt flous.

Mayol s'en est quelque peu plaint dans ses mémoires et le petit format ci-contre, à gauche (Mayol - "Faubourienne", collection Jean-François Petit) laisse bien songeur.

Bon : ce n'est pas écrit "créé par Mayol", "chanté par Mayol" mais la silhouette ressemble à s'y méprendre au créateur de "Viens, Poupoule !".

Reste qu'on peut toujours se dire qu'en principe, les imitateurs, les créateurs de faux Paulus ont essayé d'imiter sa voix sauf que ce ne fut pas toujours le cas...


Enregistrements cités dans cette page


"L'amant d'Amanda" par Caudieux en 1910

APGA n° 2270 [8]

[8] Collection André Anciaux

Extrait 2 :

"Vive le célibat" par  ...? en 1899

Cylindre Lioret n° 1248 [9]

[9] Collection privée

Extrait 3 :

"Un air de mazurka" par Bravo en 1902

Zonophone n° 32601 [10]

[10] Collection Jean-Yves Patte

Extrait 4 :

"Le père la Victoire" par Maréchal

Cylindre Pathé n° 1324 [11]

[11] Collection de l'U.C.L.A


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