CHAPITRES
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Un - Ma naissance. Mes premières années. Mes parents. M. Hippolyte Cogniard. M. Artus de l' Ambigu-Comique. Mes dix-huit modistes. L'ouvrière chez l'actrice. Mon goût pour le théâtre. Les Bohémiens de Paris. Une résolution énergique. Mes débuts comme chanteuse. Un chanteur des rues. Terribles hésitations. Une belle récolte. Cinquante centimes moins deux sous. Je vois les Bohémiens.


Deux - Ma visite au théâtre des Funambules. Alexandre Dumas et ses mémoires. Sa manière et la mienne. Pas de politique. Le concierge Charles Kalpestri. Un portier qui cumule beaucoup d'emplois. Le directeur. Une histoire du temps passé. Trois amis intimes. Débuts de Frédérick Lemaître. Colombine. Sa loge. Mon entrée dans les coulisses. Suprêmes émotions. Monsieur Billion et son économie. Je figure. Ma maîtresse dans la salle. Mon premier malheur.


Trois - Tristes réflexions. La mort de mon père. M. Scribe et sa voiture. Un regret. Mon premier or et tues premières fleurs. Ce que je devins. Mes seize ans. On me propose de chanter dans les chœurs ? Mon entrevue avec M. Marc Fournier. Sa fantaisie. Je double Mme Deshayes. Le fils de la Nuit. Mon début. Je suis artiste dramatique.


Quatre - Ma vie indépendante. Un aveu. Le café du Cirque. Ses trois étages. Comment on se ruine. Ce que deviennent les appointements d'un acteur. Ruses de guerre d'un colonel français. Un vivant qui voudrait bien être mort.M. Dejean. Le directeur boucher. Pas d'avances. Une amende agréable. Le prix d'un billet de faveur. Récompense excentrique. M. Mourier, auteur, directeur et marchand de rubans. Comment on relève un théâtre. Robert Macaire. La Fille de l'Air. Un directeur, un régisseur et un âne.


Cinq - Encore le café du Cirque. Monsieur B. Thomas l'Ours. Une collation de tripes. Palot. Ses moyens d'existence.Des cigares et du feu. Le truc à l'amour. Le conscrit du boulevard du Temple. Calino claqueur. Molière ou Moulière. Les Petites dames. Frisette et ses leçons du français. A., dite Fleur d'amour. Le mot d'un prud'homme. Les deux sœurs P. Moyen violent de calmer les femmes. Les femmes fantaisistes. D'où elles viennent. Où elles vont. Les princesses de la déveine.


Six - Les bohèmes du boulevard. Le café des Mousquetaires. Les orgies à 25 sous. Menu du souper. Ceux qui y venaient. Ceux qui n'avaient pas les moyens d'y venir. Darcier. Durandeau. Sa haine du bourgeois. Sa façon de le faire poser. L'heure de la fermeture. Coblentz. La réunion des tribus. Les émigrés du boulevard. Les noctambules. La chanteuse improvisée. L'erreur d'un passant. Les amis d'autrefois. Souvenirs et regrets


Sept - La table d'hôte de Clémence. Portrait de l'hôtesse. Les habitués. Le monsieur aux petits verres. Les femmes. Réception d'un néophyte. Les frères Lyonnet. L'opinion d'Hippolyte sur Anatole. Ce que Anatole pense d'Hippolyte. Despotisme de Clémence. Ses rapports avec ses clients. Les exigences de Reynard. Le comédien et le garde municipal. Moutarde et force armée.


Huit - Suite du précédent. La conversation chez Clémence. Febvre et son violon. Schey et Rachel. Les mésaventures de Schey. Un comique qui joue la comédie. Succès à la ville et au théâtre. Noailles et Alexandre Dumas. Un prince auvergnat. Une visite chez M. Billion. La dixième muse. Un créancier terrible. Les dix francs de Dumaine. Les intérêts d'une bonne action. Un créancier que je ne payerai jamais. On verra pourquoi.


Neuf - Projets d'une comédienne en herbe. L'école lyrique. Le public. Aimables facéties. Des musiciens supplémentaires. Les actrices. Comment on organise les fêtes. Un père noble de la banlieue. Ses débuts. Une pensionnaire du Palais-Royal. Un bouquet qui oublie sa réplique. La salle Molière. Art dramatique et tabac. Les musiciens classiques. Où l'on prend les ténors. L'orchestre. Haydée, jouée par une modiste. La pièce revue et corrigée par le public. Les professeurs de déclamation. Ricourt. Une pépinière de tragédiens. M. Boudeville. Une leçon de déclamation. Molière interprété par une petite dame.


Dix - Un sujet périlleux. Mes amours. Lui. Bouquet et missive. Le cœur d'une chanteuse. Ne riez pas. Les filles de théâtre. Un premier battement de cœur. Une soirée orageuse. Mes hésitations. Une proposition ex abrupto. Je me consulte. Résolution subite. Une révélation. Départ de Paris.


Onze - Voyage sentimental. La Belgique et la Normandie. Un voyage en tête-à-tête. L'amour au village. Huit jours de bonheur. Une visite imprévue. Heur et malheur. Larmes. Étranges propositions. Second enlèvement. Amour qui s'éteint. Abandon. Excuses au lecteur.


Douze - Retour à Paris. Misère. Une amie. ?Un directeur fantaisiste. Souvenirs de théâtre. A la recherche du hasard. Bernard Latte. L'automne d'un viveur. L' Alcazar. Ce qu'il était autrefois. Cinq francs par jour. Le directeur Mayer ? La troupe. Un musicien en carton. Mes premiers débuts comme chanteuse. Une romance sentimentale. Histoire de mon mobilier et ma toilette. Du papier timbré partout. Qui de cinq ôte sept... Un huissier comme on n'en voit guère. Des huissiers comme on en voit beaucoup. Départ pour Lyon.


Treize - Départ pour Lyon. Le train omnibus - Réflexions amères. Un compagnon de voyage. Sa conversation et sa vanité. Bons conseils. Un mot sur Roger. Arrivée à Lyon. Les débuts. La brasserie des chemins de fer. Bourgeois et militaires. Ma Nièce et mon Ours. Clairville. Millaud. Une députation militaire. Une première ovation. La nostalgie de Paris. Salut, immense ville.


Quatorze - Le café Moka. La rue de Lune. Un mot de Darcier. - Un ancien appartement. Le public de Moka. Le bezigue et le domino à quatre. Les petites industries en dehors. La fleuriste. Les bouquets en loterie. Un trio célèbre. - Mme Marie Sax. - M. Michot. Un mot d'Alphonse Royer. Le véritable Conservatoire français. Mlle Cico. - M. Berthelier. - M. Mermet. Une histoire du temps jadis. Musset, Monpou et Duprez. L'Andalouse. Ce que peuvent rapporter quinze francs bien placés.


Quinze - L' Eldorado. Mon engagement à ce café chantant. Fleur des Alpes. - Une représentation utile. Un réveillon. Avantage de bien souper. Goubert. Un croquis de ce directeur habile. Duo comique. Fleur des Alpes en alsacien. Le silence de Goubert. Une galanterie rare. Propositions. Entrée à l' Alcazar. Mon vis comica. L'avis du chef d'orchestre sur mes talents de chanteuse grotesque. Mon nouveau début. Mon succès. Pourquoi Goubert me tutoie.


Seize - Les cafés concerts des Champs-Élysées. Le public. Les petits rentiers. Les étrangers. Le français et le parisien. Un Anglais, un Allemand et un Hollandais. L'ouvrier et le titi. Mes sympathies pour eux. Les malheureux. Ma garde d'honneur. Un incident. Siraudin. Mon opinion sur le théâtre. Mes appointements. La misère définie par Henri Heine. Les bouquets. La loge infernale. Cocodès et Cocottes. L'esprit de ces dames. Mon opinion sur elles.


Dix-sept - Le répertoire Schneider. Mlle Schneider et moi. Ma troisième manière. Mlle Nanterre. M. Lorge. Propositions d'ingratitude. Je quitte Goubert. Son désespoir. Un dédit difficile à payer. Un mot des Mémoires d'une Femme de Chambre. Un garde du commerce dilettante. Mes débuts à l' Eldorado. Darcier. Le service qu'il m'a rendu. Second procès. Rentrée à l' Alcazar. Mon triomphe. Excuses au lecteur.


Dix-huit - Les journalistes. Le premier article. Le Nain jaune. M. Albert Wolff. Ma réponse. Le Petit Journal. M. Timothée Trimm. La Nation. M. Auguste Villemot. Un ennemi terrible. Mon opinion sur cet écrivain. M. Aurélien Scholl. M. de Langeac. Ma réponse à M. Villemot. Mon opinion sur la critique. M. de Pène. M. Henri Rochefort. M. Ernest Blum. M. Louis Huart. M. Pierre Véron. M. Maillard. Le Tintamarre. M. Léon Rossignol. M. Peragallo. La Société des Auteurs dramatiques. M. de Saint-Georges. Insultes d'un musicien. Le Figaro-Programme. M Jules Prével. Le Club. M. de Villemessant.


Dix-neuf - Les coulisses de l' Alcazar. L'entrée des artistes. Mon directeur. Le foyer des artistes. Mes camarades. Ma loge. Une Thérésa. Mon poète ordinaire. Comment, je fis sa connaissance. Ses ouvrages. Mes compositeurs. Hervé - Villebichot. Sa musique. Notre collaboration. Hubans. Les jeunes gens. Mon genre. Celles qui étudient ma manière. Mes élèves. Ce que je pense de moi. Le mot d'un pompier.


Vingt - Les ennuis de la célébrité. On me traite comme M. de Rothschild ou M. d'Ennery. Absence de timbres-poste. Une lettre de mère.Trois mille francs, une bagatelle. Un compte avec le lecteur. Une lettre de caissier. Le mangeur de grenouilles. Deuxième compte. Une lettre d'intimidation. La borne de la rue Saint-Denis. Ma tranquillité. Troisième compte. Ce qu'il faut pour être célèbre impunément. Les propositions de mariage. Encore Paul. Mon fou. Ma monomanie. Une note à la Belle Jardinière. Un mari trop cher.


Vingt-et-un - Rêves ambitieux. Mon public. Une tempête dans une chope. L'Univers Illustré. Souvenirs glorieux. M. Auber. Mon émotion. M. Duprato. Montaubry. Amis et ennemis. Engagement pour l'étranger. Pas d'Anglais! - La femme aux diamants. Son opinion sur l'argent. Alfred Quidant. Passions éteintes. Comment se corrige un joueur. Théodore Barrière. Souvenirs d'autrefois. Le suicide et le café Anglais. Mes débuts dans les salons. Ma peur. Accueil bienveillant. D'où me viennent mes diamants. L'artiste et le grand monde.


Thérésa


Mémoires de Thérésa écrites par elle-même

ou encore

Mémoires de Thérésa de l'Alcazar

Paris - E. Dentu, éditeur - 1865





POURQUOI J'ÉCRIS CE LIVRE

Un soir de l'année dernière, j'avais chanté le "Chemin du Moulin", et le public, avec sa bienveillance habituelle, me rappelait et me redemandait le dernier couplet de la chanson que j'avais mise à la mode. Fiorentino [1], qui m'avait fait 'honneur de venir m'entendre, s'écria :

"C'est la Rigolboche de la chansonnette !" [2]


[1]  Fiorentino, Pier Angelo (1809-1864) - Écrivain italien, collaborateur de Dumas, père, traducteur et journaliste

[2]  Rigolboche (Marguerite Badel, dite) - Danseuse excentrique célèbre de 1855 à 1860 mais vite oubliée.


Le mot était cruel ; il me fit beaucoup de peine. Depuis je l'ai souvent entendu retentir à mes oreilles au milieu des chaleureuses acclamations que me décerne chaque soir un public ami.

Il ne m'appartient pas de parler de mon talent.

J'ai été discutée plus que je ne le méritais. Les uns m'ont appelé la Patti de la chope; d'autres ont dit que je mêlais de l'absinthe à mes chansons !

J'ai laissé dire tout le monde sans songer à protester.

Je ne suis pour rien dans mon succès ; j'ai toujours suivi mes instincts, je n'ai pas cherché ma voie, les événements m'ont guidée; ils ont fait de moi une chanteuse de cabaret.

Soit !

Je suis une fille du peuple, et j'amuse le peuple. C'est ainsi que je trouve moyen de ne pas me séparer de ma famille !

On m'a dit souvent que personne n'arrive à une célébrité quelconque à Paris sans une valeur réelle.

Or, je suis aussi populaire que Timothée Trimm  [3], Ponson du Terrail ou Jacques Offenbach.


[3] Pseudonyme de Napoléon Lespès, dit Léo (1815-1875) - Auteur d'articles fantaisistes qu'il signait sous ce nom dans le Petit Journal.


Si le public se trompe, ce n'est pas ma faute.

Les artistes grandissent suivant le milieu dans lequel les jette le hasard.

Moi, après bien des luttes, après bien des tourments, j'ai été jetée sur les planches d'un café-concert.

Je n'ai pas eu le choix.

J'étais seule d'abord comme une naufragée dans une île inconnue.

J'ai chanté, et tout Paris est venu à moi.

Évidemment, tout Paris avait ses raisons pour cela.

Ces raisons sont-elles bonnes ou mauvaises ? Je l'ignore !

J'ai mon public ; j'ai la vogue, et j'ai la conscience de ne pas être la première venue dans cette immense ville.

J'aurais tort de nie plaindre.

Trois années heureuses ont effacé de mon souvenir les tristesses du temps passé.

De tous mes chagrins d'autrefois, il ne m'en reste qu'un seul :

Le mot de Fiorentino souvent répété :

"C'est la Rigolboche de la chansonnette !"

Qu'ai-je de commun avec cette femme, qui a, pendant quelques mois, joui d'une triste célébrité, et dont le goût public a fait justice ?

Je ne dois pas ma réputation à un art qu'on ne peut avouer en public, et je n'aurai jamais à rougir de ma fortune.

Depuis que je pense, ma constante préoccupation a été de devenir une artiste.

Et je suis artiste!

Mon public m'aime et j'aime mon public.

Le soir, lorsque j'entre en scène, je ne vois autour de moi que joyeux visages... je suis la bienvenue toujours, et il me semble que je suis au milieu de mes amis.

Et souvent, au moment d'entonner un refrain à la mode, je suis émue et j'hésite...

Parfois j'ai envie de vous dire :

- "Vous qui m'applaudissez, vous qui m'aimez, vous qui m'avez tant de fois entendue chanter, vous ne seriez peut-être pas fâché de m'entendre causer une fois par hasard ? C'est à vous que je dois ce que je suis ! Voulez-vous savoir ce que j'ai été  ?"

Eh bien! le courage, m'a toujours manqué.

Et il faut pourtant que je parle !

Il faut que je dise ce qu'il y a de vrai et de faux dans les mille bruits qu'on fait circuler sur mon passé.

Et si j'hésite encore, à écrire mes Mémoires, c'est que Rigolboche a écrit les siens!

Que l'orchestre se taise !

Ami public, je prends une chaise, je vais m'asseoir devant la rampe et je commence.

Thérésa


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