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L'intérieur du Plaza. en 1930.


La queue à l'A.B.C. en 1939.


L'A.B.C. en 1942

Le Plaza, prédécesseur de l'A.B.C.

L'immeuble ayant remplacé l'A.B.C. (2024)

A.B.C.

ans le 2e arrondissement de Paris, à l'angle de la rue Saint-Fiacre et du boulevard Poissonnière, là où était le Bouillon Duval, la société des cinémas Lutétia fait construire à l'architecte Farge (celui des Folies-Wagram et de l'Empire) le Plaza, une vaste salle en sous-sol de 1 200 places accessible grâce à un double escalier. La rotonde de l'orchestre, les colonnnades d'argent, les deux balcons et le petit promenoir aux couleurs bleu-vert et or, tentaient de lui conférer un air de modernité.

La scène plutôt bien agencée, était équipée de 37 jeux de rideaux. Le bâtiment de trois étages abritait les salles de répétition, les bureaux et ateliers... La vocation de l'immeuble étant floue, il pouvait s'agir d'un théâtre, d'un music-hall ou d'un cinéma. On se mit en recherche d'un acquéreur. Rose Amy et Paul Franck, l'ancien directeur de l'Olympia font acte de candidature, mais c'est Victor Silvestre, l'ancien directeur du Vaudeville démoli quatre ans auparavant,qui emporte l'affaire et l'inaugure en 1930 ! Moins de trois ans plus tard, constat de débuts malheureux. Max Viterbo, venant de vivre une expérience malheureuse avec la Cigale, sans être découragé, avec René Toché et Fernand Lamy, maintiennent la formule de Silvestre pendant une saison pour arriver au même résultat décevant ! Les voici poussés à tenter autre chose. Le Plaza devient un théâtre. Les reprises d'œuvres sans intérêt n'apportent rien de plus intéressant. Viterbo et Toché mettent fin à l'expérimentation ! Arrive Georges Arnulf qui prend la suite et bouleverse tout. Il rebaptise le Plaza en Pavillon, un music-hall permanent ouvert de 14 heures à minuit, soit douze numéros par programme. En 1932, alors qu'Arnulf est remplacé par Henri Laporte, un vrai promenoir est aménagé et la formule permanente cesse parce que trop onéreuse. Place aux vedettes populaires : Mayol, Georgius, Ouvrard, Perchicot, Fréhel, Damia, Lucienne Boyer, Lys Gauty... Pas mieux ! Restait le cinéma qui avait connu un essai concluant en 1932. Vient alors, le sauveur ! Mitty Goldin. [*] Venu de Roumanie faire son droit à Paris, va finalement fonder une agence artistique organisant des tournées de variétés, dont une fameuse, en 1932 avec Mistinguett. Il rachète l'affaire avec l'impresario E. Rottembourg. Ils présentent tous les quatorze jours un plateau dans lequel figureraient plusieurs vedettes, dans des spectacles toujours soigneusement mis au point. Pas de débutants, même en numéro un, mais des artistes ayant déjà fait leurs preuves sur d'autres scènes. Et cela, enfin, pour des prix d'entrée accessibles à tous. 1934 : après des travaux de restauration et de réaménagement de la salle, Goldin, l'appelle A.B.C. pour être toujours en tête des programmes parisiens et des annuaires, dit-il !

Avant de paraître au Casino de Paris, c'est à l'A.B.C., le théâtre du rire et de la chanson, que Tino Rossi fait ses débuts le 1er juin 1934. Le 26 mars 1937, la scène de l'A.B.C. vit Édith Piaf y faire, à son tour, ses débuts. C'est encore là, que Charles Trenet aborda, seul, le tour de chant d'après sa séparation avec Johnny Hess.

Beaucoup de chanteurs y trouvèrent la notoriété : Marie Dubas, Lys Gauty, Pierre Dac, Gilles et Julien, Mireille, Suzy Solidor, Charpini et Brancato, Lucienne Boyer, Marianne Oswald, Réda Caire, Agnès Capri, Marcelle Bordas, Marie Bizet, Paul Meurisse. Jean et Germaine Sablon, Léo Mariolle et Rina Ketty.

Félix Mayol, 66 ans, y fera ses adieux en septembre 1938.

Pour la première fois Maurice Chevalier s'y produit en décembre 1945 et fait sa rentrée après-guerre, Bourvil en 1946 et Renée Lebas en 1947 et en 1949, Mistinguett, 75 ans, vient y faire ses adieux. Mitty Goldin s'associe en 1949 avec Léon Ledoux et promeut l'opérette :

Dès 1955, Léon Ledoux reste seul directeur.

L'A.B.C. ferme en 1964 pour rouvrir en mai de l'année suivante en cinéma et cesser définitivement toute activité en 1981. Il sera démoli pour faire place à un immeuble de sept niveaux abritant un commerce aux rez de chaussée et premier étage.




Note [*] :
Mitty Goldin, né Moïse Goldin, le 17 mars 1895 à Focşani en Roumanie. Directeur général de l'A.B.C., il fut aussi, pour Édith Piaf, le compositeur de "Les marins, ça fait des voyages" (Paroles de Raymond Asso), le co-auteur avec Marcel Achard et Édith Piaf de "Sans un homme" (Musique de Marguerite Monnot) et le co-auteur avec Marcel Achard et Édith Piaf de "Du matin jusqu'au soir" (Musique de Édith Piaf et Robert Chauvigny. Malade, il quitte la direction de l'A.B.C. en 1955 et décède d'une congestion cérébrale (AVC), le 27 juin 1956, à Paris 17e. On lit parfois que son nom serait Goldenberg, mais son acte de décès n°1516 dressé en mairie de Paris 17e précise le nom de son père : Haïm Goldin. Ce même acte de décès le dit décoré de la Légion d'honneur, pourtant, son nom ne figure pas dans la base de données Léonore des Archives Nationales. Enfin, la méthode A.B.C de Mitty Goldin sera reprise et appliquée par Bruno Coquatrix à l'Olympia qui deviendra dès 1954, à son tour le music-hall de référence.



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