Georgius


CHRONOLOGIE

"Vers 1910, il y avait quatre chefs de file au café-concert : Mayol, Fragson, Dranem, Polin. A l'étage au-dessous arrivait Dalbret. - Il aurait bien voulu parvenir à l'étage supérieure mais il n'y parvint jamais. [...] Vous vous souvenez, il y a quelques années, de ces chanteurs inconnus qui, de Belleville à Montparnasse et à Ménilmontant, prenaient l'accent corse pour roucouler à la manière de Tino Rossi : Ah ! veni-veni-veni... De même que nous avons eu hier des sous-Tino Rossi, il y eut autrefois des sous-Fragson, des sous-Dranem, des sous-Polin et des sous-Mayol. - J'étais un sous Dalbret." Georgius : Souvenirs [1].


1891

Naissance à Mantes-la-Ville (Seine et Oise [aujourd'hui Les Yvelines]) le 3 juin de Georges Auguste Charles Guibourg, alias Georgius, fils de Georges Charles Joseph Guibourg, instituteur, rédacteur influent (c'est Georgius qui le dit) au Petit Mantais, fils et petit-fils de commerçants et d'artisans et de Clémentine Augustine Bouteilly, née à Saint-Pierre-sur-Dives, dans le Calvados, fille, petite-fille et arrière-petite-fille de cultivateur.  - La famille déménage six mois plus tard à Paris.


1900

La famille s'installe avenue du Parc-Montsouris, le père étant devenu rédacteur en chef d'un journal hebdomadaire qui s'appelait La France aérienne. À l'exposition de 1900, il était nommé commissaire, pavillon de l'aéronautique.


1902

Le père veut que son fils soit médecin ou avocat ou, à tout le moins, cultivé ; sa mère tient à ce qu'il entre dans le commerce de la fourrure. - Le père gagne au premier tour : on lui fait suivre des cours de piano - Cinq ans plus tard...


1907

Le fils travaille dans un atelier de fourrure, à Paris - Fait partie d'une société d'amateurs de Rosny-sous-Bois et où la famille possède un petit pavillon et où il chante des extraits d'opérettes classiques et des romances.


1908

Il est engagé pour trois jours, à 15 francs les quatre représentations, au Concert du XXe siècle, 138 bd de Ménilmontant. - Plus tard, il dira : "Ma vraie nature ne s'était pas encore révélée et je pleurnichais ce répertoire pompier que j'ai tant parodié par la suite. J'en sentais le ridicule, mais j'avais la conviction que le public aimait ça."


1909

L'imprésario Dalos, 66 passage Brady, 3e étage, lui trouve des engagements à l'Alhambra (de Montreuil), à l'Univers, rue Wagram, au Concert des Bateaux, à la Fauvette, à Chansonia, au Casino de Montmartre, chez Pacra etc. - Au milieu des romances à la Dalbret, il commence à glisser quelques chansons comiques : "La polka des thunes" et même "Dans la fourrure" (sic).


1910 - 1911

Il est figurant à la Gaîté-Montparnasse mais continue à pousser ses romances dans différents concerts et cabarets.


1912

Appelé à remplacer un chanteur comique (toujours à la Gaîté-Montparnasse), il y fait ses véritables débuts avec "Elle est de Cuba" ( Scotto-Xam) et "Voyage à Saint-Sébastien" (ou le "Bal de bienfaisance"). - On lui fait signer un contrat d'un an (il y restera trois ans) sauf que, des chansons comiques, il faut en trouver... à raison de cinq par semaine. - Les paroliers ne suivant pas la cadence, Georgius se met à terminer les couplets et à mettre de nouvelles paroles sur des airs déjà connus.


1914 à 1916

Il commence à écrire ses propres textes et engage, pour la musique, des compositeurs comme Poussigue, Mercier, Piccolini, Gey, Trémolo, Victor, Alix... - Parmi ses premières créations : "Victoire... Victoire", "Do mi sol", "Elle était myope", "Les délicatesses", "Au temps où y'avait pas la guerre", "Elle changea de trottoir", "Les méchants", "Ma guérison", "L'odyssée du réformé", "Les prédictions de Madame de Trève", "Le p'tit marchand de fleur", "Refrain Mystérieux", "Si j'étais midinette", "La polka d'amour", "Au pays jaune", "Le chant des faubourgs", "Le long des trottoirs", "L'empreinte", "Les cabotins", "Chéri ! Chéri !", "Voilà les oiseaux du soir", etc. - Une de ses premières compositions, "Les Archers du roi", l'impose.


1916

Il écrit sa première pièce de théâtre  : L'heure de la sieste. Suivent des dizaines d'autres aux titres évocateurs comme celui de : La côtelette amoureuse, Le vampire du Pucelldorf, Les aventures du mousquetaire Chibremol.


1918

Monte des revues : La grande revue montmartroise, Tu t'y tords.


1919

Il fonde sa propre troupe : Les joyeux compagnonspour qui il écrit des actes farfelus : Le club des fauchés,Peau de boudin, Papa...papa ou le fils du cul-de-jatte, Le poisse Dudule, Bec de figue.


1920

D'autres revues dont : "Fais-moi rire" et d'autres chansons dont : "Le fils-père", une de ses plus grandes trouvailles :  l'histoire incroyable de l'employé de bureau qui  va devenir père alors qu'il n'est pas marié : il ne sait comment cacher sa honte ; on le découvre ; il perd son emploi ; va de déchéances en déchéances et  finit "fils du trottoir"...


1921

Le 28 janvier, sur la scène de l'Européen, il lance, entre autres : "Chanson hoquetée", "Le pont des soupirs" et "Sur un air de shimmy", son premier succès gravé sur disque (fin février 1922).


1922

La sanglante expérience du Dr. Carabin, parodie des pièces du Grand-Guignol.


1923 à 1925

Partout où il passe, c'est le délire. - On fredonne ses chansons partout, dont sa "Plus bath des javas", une parodie des javas à la mode et qui, allait devenir, par un tour du destin, la java la plus connue de toutes les javas. - A Marseille, émeute à l'Alcazar : les locations ne peuvent répondre à la demande... - Il y monte "Hortensia ou la fille du jazz-band"...


1926

À l'Européen, il engage de nouveaux chanteurs, rebaptise sa troupe le Théâtre Chantant et crée un spectacle de chansons avec mise en scène où chacun des personnages chante les couplets ou les fragments de couplets qui le concernent ; chaque chanson possédant également son décor, son éclairage... - "La revue liliputienne", "Jacky apprend le charleston", "Dans les villes d'eaux", "Le black delirium", "L'amour excuse tout", "Les absents ont toujours tort", "Y s'retourne sur toutes les femmes"...


1927

"Attache-toi il y a du vent" - tour de chant et revue.


1928

Nouvelles revues : "Dans la maison hantée... un soir", "Oh la vicieuse" (avec Polaire) "C'est Paris qui chante", "Mais qu'Saint-Scala ?", "Le fantôme de Mantes-la-Jolie".


1929

Au Moulin Rouge avec sa troupe dans une revue intitulée Allô... ici Paris. - Le spectacle est un échec : Georgius choque le public bourgeois de ce music-hall international. - Deux semaines plus tard, il triomphe à nouveau aux Bouffes du Nord dans Musardises.


1930

Les spectacles s'enchaînent,- A l'Européen, à Bobino, à l'Eldorado, les intellectuels, les écrivains viennent l'entendre. - dont la revue Documents, Robert Desnos parlera de lui dans ses chroniques musicales tout au long des années trente. - Il vend 160 000 disques de "Sur la route de Pen'zac", du jamais vu.


1932

Premier film (avec Fernandel)  : Pas de femmes réalisé par Mario Bonnard d'après une de ces pièces. - À l'Européen : La nuit du vendredi 13.


1933

Prend la direction de la Gaîté-Montparnasse qu'il renomme Studio d'Art Comique mais des difficultés financières le forcent à abandonner cette aventure. - Il y monte L'article 330 de Courteline où il y joue le rôle de La Brige.


1934

Joue dans La porteuse de pain, le célèbre mélo de Xavier de Montepin, au Théâtre de la Renaissance puis dans "Dédé", l'opérette de Willemetz et Christiné. - Gros succès. - Puis, en septembre, le public du Casino de Paris entend pour la première fois son tour de chant dans une revue intitulée Parade de France où débute un jeune chanteur corse... Tino Rossi. - À l'Alhambra, il crée cette année-là "Tango... tango", la chanson de l'Argentin, natif de Pantin qu'une chanson de Brel, trente-cinq ans plus tard, n'est pas sans rappeler...


1934 à 1950

D'autres films : Un train dans la nuit (René Hervil -1934), Le train d'amour (Pierre Weil - 1935) Avec les pompiers (même année), Vous n'avez rien à déclarer (Léo Joannon - 1936), Champions de France (Willy Rosier - 1938), Vingt-quatre heures de perm (1940), Sous le ciel de Paris (Julien Duvivier - 1950).


1935

>Il chante en habit au célèbre Bœuf sur le Toit. - La même année, il revêt l'habit blanc qui sera dorénavant  son seul et unique costume de scène.


1936

Il a le rôle titre dans la pièce de Roger Vitrac Le camelot que monte Dullin. - Enregistre "Au lycée Papillon" : 120 000 disques et 100 000 petits formats vendus en trois mois.


1937

Dans La revue de l'année 1937 au Trianon-Variétés, il est le guide Daniel Pinoche. - Et il crée "Ça, c'est de la bagnole" qu'on reprendra jusqu'en 1960.


1938

À la radio. Au concert Lustucru,  il chante "On n'peut pas plaire à tout le monde" qui annonce, 20 ans avant, les calembours de Bobby Lapointe :

"Au gand théâtre' Municipal De Barbouillis-sur-Caniveaux
">Un ténor chantait Parsifal
Comme on n'le chant' null' part si faux...
"


1939

Participe au Théâtre aux Armées.


1940

Salle Pleyel : Farces en chanson.


1941

>Joue Sganarelle dans Le médecin malgré lui de Molière à la Comédie Française lors d'un spectacle organisé par Sacha Guitry en hommage à André Antoine, le fondateur du Théâtre Libre.


1941 à 1942

Il est le directeur artistique de trois théâtres : l'Étoile, le Théâtre Antoine et l'Ambigu où il monte  des pièces, des spectacles, des revues tout en trouvant le temps, à l'A.B.C. et à l'Européen d'y aller de son tour de chant.


1943

Rip... aille - Les mains froides (roman policier en 3 épisodes ou la dernière aventure de l'Inspecteur Maigrelet.)


1944

À Bobino, il crée La revue de Georgius : 19 tableaux dont "Le soulier de sapin" d'inspiration purement claudelienne.


1945

Pour avoir chanté durant l'occupation (pourtant, bien avant la guerre, il avait bel et bien écrit ; "Il travaille du pinceau"... que les Allemands s'étaient dépêché de faire disparaître dès leur arrivée), on lui interdit accès à la scène pendant un an. - Il en profite pour écrire des romans policiers pour la Série Noire, romans qui se suivront régulièrement pendant plus de vingt ans.


1946

Fait sa rentrée à Bobino en octobre : succès immédiat.


1947

Reprise au Casino Montparnasse de la revue Paris 1900.


1948

Monte Vingt ans de Paris à l'Élysée-Palace de Vichy.


1951

Retrouve les planches de Bobino et décide d'abandonner, comme il le dit lui-même, "la compétition". - Pendant encore près de quinze ans, il continuera à écrire des romans, des piécettes, des chansons, des scénarios, des articles pour journaux humoristiques...


1965

Paraît, cette année-là, le dernier disque de Georgius enregistré l'année précédente : anciens succès dans une orchestration nouvelle. - La même année, il chante pour la dernière fois en public en compagnie de Milton, Mireille, Jean Nohain, Albert Tranchant dans des galas au profit du futur Musée de la Chanson qui n'ouvrira jamais les portes.


1967 - 1968

Participe aux émissions télévisées de Jean-Christophe Averty et de Michèle Arnaud.


1968

Les Charlots enregistrent "Sur la route de Pen-Zac" et quelques autres titres de Georgius. - Le succès est toujours au rendez-vous.


1970

8 janvier : décès à Basoche-sur-Guyonne, un nom qu'il n'aurait pas dédaigné dans ses quelques mille cinq cent titres de chanson...


[1] Georgius, l'Amuseur public n° 1 - Jean-Jacques Chollet - Éditions Christian Pirot - 1997

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