arie-Louise Hégoburu, un nom qui fleure bon le Pays basque comme le confirme une enfance luzienne dans ces Basses-Pyrénées (64) qui deviendront Atlantiques en 1969 et qui nous avaient déjà donné, plus tôt en 1845, Jean-Paulin Habans, le fantastique Paulus.
Pourtant, elle naît à Bordeaux (33 - Gironde) le 6 août 1898 et commence à danser, en 1910, au Grand Théatre de Bordeaux dont elle était élève. En 1915, elle est à Paris.
Ainsi entra la jeune Loulou dans la carrière. Entre 1911 et 1918, on la verra au Concert Mayol, à la Gaité-Rochechouart, à Ba-Ta-Clan et à la Cigale dans de nombreuses revues légères : C'est Mimi, C'est couru, Ça murmure, C'est épatant, Plein la vue. "Les auteurs s'amusaient à me faire dire les pires grivoiseries..." racontera-t-elle à Madeleine Andral [*] en 1936. Son expérience est certaine lorsqu'elle joue, à 21 ans, La revue du Casino (Casino de Paris, mai 1919) avec Dranem, avant de retourner au Concert Mayol dans la revue Tout à l'amour (janvier 1920) suivie par La revue légère (juin 1920) aux Ambassadeurs.
Elle est engagée à la Gaité-Rochechouart, dans une autre revue de Saint-GranierÇa t'étonne (avril 1921) puis, en octobre, au Moulin de la Chanson dans Ça tourne Henry Dargès, dans La Scène du 8 octobre 1921, en parle en ces termes :" La gentille Loulou Hegoburu... Saxe de fine pâte apparait dans Le masque
d'Arlequin. Elle interprète cette scène avec un sentiment poétique très prenant qu'elle ponctue d'une chorégraphie où elle déploie ses qualités connues de délicieuse ballerine".
La revoici à Ba-Ta-Clan en décembre 1922, avec Georges Milton, dans la revue Oh ! là! là ! , puis, à partir de septembre 1923 au cabaret Chez Fyscher. Georges Van Parys, qui l'accompagne au piano, note : "Voix ténue et un peu enrouée. Elle détaille très bien ses couplets: "Le voyage à Robinson" et une chanson grivoise "Pas d'mal à ça"..." Avec son partenaire Gerlys elle présente dans le même temps un numéro de danses acrobatiques à la Gaité-Rochechouart.
Après la revue Paris-Sport en mai 1924 à Marigny avec Milton, elle part pour six mois aux Etats-Unis. Elle y sera, selon ses déclarations "fêtée, applaudie ,acclamée..." Son retour débouche sur la "grande affaire" de sa vie : la création en France de No No Nanette qui se jouera à Mogador d'avril 1926 à mars 1927, puis en tournées en France et à l'étranger. Au total, 2000 représentations. "J'avais vu la créatrice à Londres, Louise Groody, et j'avais peur du rôle..." avouera-t-elle pourtant plus tard...
A partir de mai 1928, Loulou Hegoburu répète une autre opérette L'eau à la bouche qu'elle créera le 5 septembre 1928 au Daunou avec Fernand Gravey. "Elle danse, chante et joue le rôle de la chaste Simone avec une joliesse sans pareille..." (La Rampe, n° 480 de septembre 1928).
Elle créera ensuite une autre opérette américaine: Tip-Tues (Folies-Wagram, avril 1929), avec Adrien Lamy, avant de figurer avec Raquel Meller dans La Revue de la femme (Palace, avril 1930) et d'être au Chatelet en octobre 1930 dans Sidonie Panache avec Bach et Edmée Favart. Au cinéma, elle est Estelle Bicard, aux côtés de Tramel dans
La Fille du Bouif .
Aux Folies-Bergère le 1er février 1932, elle partage l'affiche avec Pierre Mingand et Lemercier dans Nuits de Folies, une revue de crise, puis fait la réouverture de
l'Embassy en octobre 1932, avec Carlos Conté et Adrien Lamy.
On la verra également au théatre de Dix-Heures en 1933 et 1934. Fin 1933 elle tourne un court-métrage Ça colle avec Fernandel et Ouvrard.
En 1935, elle reprendra son grand succès No No Nanette à Mogador, avant d'être la partenaire de Jean Sablon le 19 novembre 1935 dans le spectacle Pirouettes 35, au Théatre de Dix-Francs.
Après avoir chanté, en mars 1936, au Grand Jeu, artiste de 34 ans, toujours étonnamment jeune, qui interprète à la Gaité-Lyrique"Un p'tit bout d'femme" (Loulou mesurait 1m 47cm) avec Sim Viva et Adrien Lamy. Dans la revue La Chanson, du 5 décembre 1936, Maurice Pesse décrit :" Haute comme trois pommes, gentille petite poupée au regard étonné, au sourire attendri...".Loulou Hegoburu et Jacques Taillade
Autre opérette, aux Bouffes-Parisiens cette fois: Ma petite amie en janvier 1937 puis, en mai 1938, nouvelle reprise de l'inépuisable No No Nanette, avec Félix Oudart, retransmise par le Poste Parisien le 6 mai 1938. En mars et avril 1939, sur Radio 37, Loulou Hegoburu présente le samedi de 20h25 à 20h30 une courte séquence :Nanette au pays des opérettes américaines, tout en figurant, à partir du 7 avril 1939, avec Gabaroche, dans la revue Toute la ville chante que donne le nouveau music-hall Les Optimistes. Elle y reviendra d'ailleurs en avril 1943, avec Georges Guétary.
A partir de 1941, elle se produit avec son nouveau partenaire Jacques Taillade : Amiral (octobre 1941), Européen (avril et mai 1942). Ils ont un numéro de clowns à Médrano en 1943. Très active, on l'admirera à Bobino (juillet 1943 et février 1944), l'Alhambra (Paris qui sourit, novembre 1943, avec Emile Vacher), l'Européen (24 décembre 1943 et 25 novembre 1944), LesFolies-Belleville
(janvier 1944).
Louise Hegoburu épouse, en novembre 1923, Léon Bossoutrot, aviateur et député radical socialiste. Elle quitte ce monde le 20 décembre 1947 à l'âge de 49 ans, à La Celle-Saint-Cloud (78 - Seine-et-Oise, aujourd'hui 92 - Hauts de Seine).
Une chanson en finissant
De 1928 et extraite de l'opérette L'eau à la bouche de Serge Veber, Philippe Parès et Georges van Parys,
au Théâtre Daunou : "Oh ! Dis, Claudie".
Disque Columbia - n° D19106 - 1928 - Orchestre dirigé par Pierre Chagnon
Note [*] : Madeleine Andral fut une comédienne de théâtre et de cinéma. Elle publia un recueil d'entretiens et de portraits sur le monde du théâtre, et collabora à la revue littéraire l'époque.