Avec Montel à La Cigale
Le Journal amusant - 10 mars 1923
Source Gallica









(Collection Marc Béghin †)





























Remerciements à Hélène L'Hégarat
pour l'affiche, les deux portraits (à gauche)
et les petits formats [*] ainsi qu'à
Anne Gicquel **], Jean-François Petit [***],
Dr Jacques Perroud[****]
et Pierre-Gérard Champod [*****]

Gaby Montbreuse

aby Montbreuse est née Julie Herissey, à Langeais (37 - Indre et Loire), le 18 janvier 1895 mais les informations qu'on diffuse sur sa véritable date de naissance et sur ses véritables origines sont souvent contradictoires. - On la dit, par exemple, créatrice, en 1908, de "Le clown" d'Eugène Joullot et de Léo Daniderff. Elle aurait eu alors 13 ans... - Mettons que créé plutôt par Bérard, qui l'a endisqué en 1909, serait plus plausible.

Ses véritables débuts dans la chanson datent plutôt de 1915 selon une affiche des Folies-Belleville mais elle aurait fait partie en 1913 de la distribution d'une pièce d'Henri de Gorsse et Louis Forest (d'après un roman de Paul Lindau) Le procureur Hallers au Théâtre Antoine en 1913, chantant "Sur la Riviera" de Marcel Bertal et Émile Ronn) mis en musique par ce même Daniderff. - À 18 ans donc. - Philippe Chauveau la fait chanter à l'Alcazar d'Été à peu près vers la même époque : une première concordance.

On lui attribue la création de"Je cherche après Titine", en 1917, à l'Européen. Selon la légende, elle aurait embrassé, dans la salle, un pioupiou à la fin de son interprétation, la même légende qui veut que cette chanson ait été composée pour elle par Daniderff (toujours le même et avec qui, elle aurait eu une liaison) sauf que, en 1917, c'était la musique d'Émile Spencer qui prévalait, Daniderff n'ayant pas touché à cette "Titine" avant 1921 ou 1922...

Elle passe Chez Fischer au début des années vingt non sans avoir fait le Château d'Eau (1918) et le Gaîté-Montparnasse (1919).

Elle demeurera Chez Fischer jusqu'en 1926-1927 pour ensuite ouvrir son propre établissement, le Château Montbreuse qui n'aurait pas durer très longtemps car, au début des années trente, elle était des programmes du Concert Mayol, de La Cigale, du Casino Saint-Martin, du Casino Montparnasse...

Après, autant ses débuts sont difficiles à cerner, autant sa fin demeure mystérieuse. - On n'entend plus parler d'elle dès le milieu des années trente pour lire, ailleurs, qu'elle serait décédée en 1943, à Tours, le 24 juin.

Voilà pour la petite histoire. (Merci, Marc Béghin †, pour les précisions.)


Note : Existeraient deux films auxquels elle aurait participé : un film muet, de Pierre Ruban, tourné en 1931 (et sorti en 1933) Autour d'un million (dont on peut voir l'affiche ci-contre) et un autre, de Max de Rieux, Tout va changer en 1932.


L'interprète

Dans le livret accompagnant deux CD intitulés Folies Bergère de 1902 à 1942, Cécile d'Organs et Edmonde Lecomte disent, de Gaby Montbreuse :

"Son physique particulier : une tête énorme, une mèche rousse sur laquelle elle soufflait sans arrête, son abattage, sa voix faubourienne éraillée par l'alcool, sa vulgarité, étudiée et exagérée, étaient ses atouts dans l'interprétation de chansons réalistes ou burlesques."

George van Parys, le pianiste attitré de Chez Fischer, écrivit quant à lui :

"Elle est sûrement affreuse et mal foutue. Une énorme tête ronde, absolument disproportionnée à son corps. Une crinière de cheveux roux tout frisés, avec une mèche qui retombe sur le front. Très utile, cette mèche : elle obtient un effet comique en soufflant dessus, lorsqu'elle sent que ça ne rend pas bien au milieu d'une chanson. Maquillée comme un bébé JUMEAU, avec les cils peints en éventail autour des paupières. La voix est faubourienne, canaille, ébréchée par l'abus du "champ'". La vulgarité des gestes est soigneusement étudiée. Tout cela serait sans doute insupportable de la part d'une autre. mais il se dégage de la bonne femme une force comique telle que les plus délicats sont vite désarmés. (...) relevant sa jupe de la main gauche, elle se met à chanter des couplets bêtes à faire pleurer. Elle parvient pourtant à faire rire des gens qui, jusqu'à preuve du contraire, semblent parfaitement normaux."

(Cité par Laurent Balandras sur son blog Labelenchanteur)

Avec pareilles introductions, ne reste plus qu'à écouter Madame :


Enregistrements

Quatre titres retracés chez Pathé (répertoire 1924) :

  • "Le bec de gaz" ou "Il est tombé sur le bec"
    de P. Codini et Vincent Scotto
  • "C'est au bal musette" des mêmes
  • "D'la vraie amour" ou "N'en v'là d'l'amour"
    de Jean Lenoir et Vincent Scotto
  • "Le roudoudou" des mêmes

Un cinquième - Pathé Saphir - mais qui n'apparaît pas dans le répertoire de 1931

  • Le "Tom Pouce" de Jean Lenoir et J. Lemarchand

Un autre (sur quatre) chez Polydor, en 1930 :

  • "Dans un taxi" ou "Elle avait perdu trois millions" de Maubon, Vincent Scotto et Bertal

Il en existe d'autres, comme par exemple, chez Idéal, le titre ci-contre.

Pas d'enregistrements originaux, hélas, dans notre discothèque. - Que des extraits dont celui qui suit, tiré d'un CD intitulé Les chansons de la Belle Époque où s'entremêlent Mayol, l'Orchestre de la Garde Républicaine, Paulette Darty, l'Orchestre Dajos Bella (sic), Yvette Guilbert, l'Orchestre Idéal et... Gaby Montbreuse. Chez Music Memoria, Printed in Holland, n° 868352 (1988).

Sans date, sans références précises, de Bertal et Maubon pour les paroles et Jean Lenoir pour la musique, un faux live du premier couplet et le refrain de...

"Tu m'as possédée par surprise"

P.-S. : Cette chanson date de 1926 et suit de six ans le "Fils-Père" de Georgius qu'évidemment, les auteurs auraient un grand intérêt à écouter... avant de se commettre mais, paraît-il, avec Gaby Montbreuse, c'était très drôle. - Et ce que vous avez entendu n'est rien à côté de la fin :

"Je t'ai dit "C'est mal ce qu'on a fait là !
T'aurais jamais dû m'faire des trucs comme ça
Si ça continuait, mais ça s'rait terrible !
Et te pardonner, non, c'est impossible"
Ah oui, j't'ai haï, j't'ai haï, c'est fou
Comme j'allais sortir, t'as fermé l'verrou
J'n'avais pas la clé, j'suis restée quand même
Mon Dieu qu'on est bête quand on croit qu'on aime
J'ai voulu partir, ah oui, quel beau jour !
Car ça fait trois ans, qu'dix-huit fois par jour...

Tu m'r'possèdes par surprise..."

Pour les paroles au complet, c'est ici.


"À prendre ou à laisser", comme écrivaient Brunschwig, Calvet et Klein dans leur 100 ans de chansons françaises (Seuil, 1972).


Petits formats

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