omment une petite Limougeaude se rêvant artiste, trouve le succès et l'amour dans la capitale malgré le veto familial ! Histoire banale mais combien fréquente...
La jeune Henriette Michèle Louise Desvaud, c'est son nom, née le 22 janvier 1920 à Limoges (87 - Haute-Vienne), voulait devenir chanteuse. Mais ses parents issus d'une grande famille limougeaude de peintres sur émaux et porcelaines ne voyaient pas les choses ainsi. Mais, à peine âgée de quatorze ans, la voila montée à Paris quittant sa Limoges natale, peut-être hébergée par quelque parent, afin d'y travailler comme apprentie dans une maison de mode. Au bout de deux mois, alors qu'elle n'a pas quinze ans, elle est dactylo à la Société Nationale des Chemins de fer Français, puis mécanographe dans une usine de caoutchouc. Vient alors le fameux concours radiophonique L'heure des amateurs Byrrh du Poste Parisien.."J'avais seize ans, une robe rose et je tremblais de peur..." avouera-t-elle plus tard. Sous le nom d'artiste de Jane Avril (Jane étant le prénom de sa sœur) elle interprète une chanson de Jean Delettre "Partir un jour" et obtient le premier prix ... Mais elle ignorait l'existence d'une autre dame Avril ! La célèbre danseuse, alors âgée de 68 ans, écrivit à notre débutante une gentille lettre. Une rencontre eût lieu dans les studios de Radio 37 et c'est Jane Avril elle-même qui choisit le prénom de Rose pour la jeune artiste. L'adolescente va alors débuter ... mais au cinéma. Elle sera l'une des discrètes vedettes de Trois jours de perm réalisé par Maurice Kéroul et Georges Monca en 1936. Quelques utiles et requises leçons de chant et Rose Avril débute au Petit Casino, chaperonnée par son père qui, jusqu'à sa mort en 1943, la suivra partout...
C'est en temps de guerre, disons entre 1939 et 1943, que son succès est important : son premier engagement notoire est celui de l'Européen en décembre 1938 (elle y passera neuf fois de 1939 à 1943 !). En décembre 1939 elle est en première partie de la revue de l'EtoileParis reste Paris avec Miss et Georges Guétary. En février 1941, elle chante au Night-Club, et l'hebdomadaire Vedettes (dont Henri Contet était rédacteur) la décrit ainsi dans son n° 12: "Au Night-Club... Voici Rose Avril, toute jeune vedette.-On dirait une poupée en matière fragile et précieuse. On n'ose guère y toucher craignant qu'elle ne se brise...".
Après les Folies-Belleville, elle termine l'année à Bobino, tout en assurant des passages à la radio: Le 14 décembre1941, dans l'émission Radio-Paris Music-Hall, avec Jean Raphaël. Elle y chante: "J''avais rêvé d'un grand amour" et "Rumba internationale". Elle est en couverture de l'hebdo Les Ondes le 20 juillet 1941 et le 29 août 1943. En 1942 elle double en français la chanteuse Estrellita Castro dans le film espagnol La belle de Triana. Pourtant, on ne trouve pas son nom parmi les 64 vedettes de La Grande Nuit du Music-Hall le 2 décembre 1943 à l'A.B.C.... En 1944, vendeuse, elle épouse son patron, un ancien directeur artistique d'origine russe reconverti dans la chemiserie, rue Marbeuf.
Entre 1944 et 1945, l'activité de Rose Avril apparait assez discrète et, après- guerre, sa carrière ne semble pas repartir aussi dynamiquement que celles de Lucienne Delyle ou Marie-José. Elle est à la radio le 16 janvier 1946 dans l'émission Les Compagnons de la Renaissance de Georges Gasset, puis le 5 janvier 1947 dans Comment ils s'entendent de Georges Lourier. En janvier 1947 elle figure au programme de Bobino et en mars à l'A.B.C.
Fin 1948 elle quitte Pathé et signe chez Pacific , tout en se produisant à la radio, en 1949 :
En 1958, alors qu'elle n'a que 38 ans, elle n'endisque plus. Peu après, elle semble mettre également un terme à sa carrière . Sa dernière apparition sur scène date de 1970, au Casino de Menton. Elle anime pour quelque temps un cabaret en Corse puis s'installe à Nice (06 - Alpes-Maritimes), avec ses deux enfants, où elle s'éteint à 53 ans, le 14 mai 1973 (Voir ici).
Illustrations sonores
D'un exotisme (sic) très proche, à bien des égards des "Sombreros et Mantilles" de Rina Ketty, (déjà commis, quatre ans plus tôt, par Chanty et Vaissade) écoutons :
"La Morena"
Disque Pathé - n° PA2127 - Décembre 1942
(Chanty, Vaissade)...
Et aussi, quelque chose de gentillet du genre "On n'a pas tous les jours vingt ans" de Berthe Sylva :