Note : cette page est construite sur la base d'une étude réalisée par Monsieur Patrick Rhumeur de Plérin (22 Côtes d'Armor)
que nous remercions vivement pour les recherches et une partie de l'iconographie fournies.
on sang ne saurait mentir !
A des degrés divers les Clérice ont eu une influence à plusieurs niveaux de la chanson française. Il y a ceux qui la promeuvent par l'illustration de partitions et d'affiches et enfin celui qui va chanter...
Tout commence avec Victor Opportune Clérice mort à 53 ans (1823 - 1876), un Normand parti à Buenos-Aires (Argentine) fabriquer des carrosses ! Son fils Carlos, né là-bas, le 22 mars 1855, qui doit alors prendre en charge, à la mort du père,son frère Justin, 13 ans et sa sœur Eliza, 19 ans, se lance dans les études musicales qu'il lache pour le dessin. Collaboration à des journaux satiriques puis illustration du poème épique La Vuelta de Martín Fierro[1] de José
Hernández. [2]Carlos va illustrer de nombreux livres et se spécialiser dans l’édition de partitions de musique.
En 1880, le 8 mars, vient au monde, à Buenos-Aires, son premier fils Victor Antonio puis en 1882, son frère François. La même année 1882, avec sa petite famille et l'illustre illustrateur brésilien, Faria (1849 - 1911), Carlos quitte l'Argentine pour la France et s'installe à Paris où va naître son fils Charles, dit Charles Clérice fils, le 22 février 1883 à Paris, 10e (décédé à 26 ans à Taverny [78 - Seine-et-Oise aujourd'hui 95 - Val-d'Oise], le 4 janvier 1909) [3] . Dès l'âge de 16 ans, Victor réalise des illustrations pour le Journal des voyages sous la forme de bandes dessinées, genre qu'il poursuit dans divers journaux populaires destinés à la jeunesse. Victor et son frère François ont ensuite publié entre autres une série d'ouvrages pour les éditions Larousse (1931-1938) ainsi que deux livres sur L'Affaire du courrier de Lyon (1938). Carlos décède le 7 mars 1909 à Taverny (78 - Seine-et-Oise aujourd'hui 95 - Val-d'Oise).
Carlos, dit Charles en France, signe Ch. Clérice, quelque fois P. Riclece. Il s'associe à son frère Justin et ensuite à ses deux fils, pour fonder Clérice Frères.[4]François décède de maladie à Compiègne pendant son service militaire, vraisemblablement en 1903. Victor gardera après la mort de son frère François la signature Clérice Frères jusqu'à la fin de sa vie. S'agissant des affiches et partitions signées Clérice Frères elles ont été exécutées par une seule personne, Victor Clérice. Il sera célèbre à Paris. Il fait partie de l’association artistique et littéraire le Cornet de Montmartre. Ses amis Jules Grün, Maurice Neumont, Charles Gir, Bombled, Misti Mifliez , Poulbot, Maurice Millière, Léandre, dessineront de nombreux menus pour les célèbres déjeuners de cette association. Il animera cette association du Cornet pendant de nombreuses années jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale. Victor épouse une artiste du vaudeville en vogue au début du siècle, Paulette-Filliaux. [5] De cette union naitra le 23 octobre 1912, à Paris,9e, Daniel Clérice, qui débutera sa carrière artistique comme chanteur, humoriste et acteur un peu avant la Seconde Grande Guerre.
Mais... nous y reviendrons un peu plus loin...
Victor Clérice travaille peu pendant la Seconde Grande Guerre. Concernant son œuvre globale, on répertorie aujourd’hui environ 1600 partitions (petit format et grand format piano en couleur au pochoir). A la Belle Epoque, comme Dola et certains illustrateurs, Victor Clérice fait un tirage en petit format pour les chanteurs de rue et pour certaines partitions une version piano grand format illustrée au pochoir en couleur pour la clientèle plus aisée. Comme Dola pour certaines opérettes, il produit également une version affiche. La grande période de production date de l'époque riche en très belles lithographies des Années folles mais aussi de celle des nombreuses partitions patriotiques de la Première Grande Guerre. Il illustrera, aussi, un grand nombre d’affiches de théâtre. Suite aux dissensions entre Gaullistes et vichystes au sein du Cornet, et compte tenu du sort réservé aux Israélites, et probablement pour protéger son épouse ? Victor Clérice fuit la capitale avec sa famille. En 1943, ils habitent à Taverny (78 - Seine-et-Oise aujourd'hui 95 - Val-d'Oise). A la fin de la guerre, Victor démissionne du Cornet, quitte son milieu artistique et la vie parisienne et se réfugie avec sa famille dans l'anonymat le plus complet à Pressignac-Vicq (24 - Dordogne) où il a acquis une propriété au Soulas, un lieu-dit tranquille à l'écart du bourg...
C'est là qu'il décèdera le 20 février 1952 [6][7] comme son épouse Louise Virginie, qui quittera ce monde à 94 ans, le 9 mars 1963.
Quant à Justin Clérice, il obtient un certain succès en tant que compositeur. Il poursuit ses études au Conservatoire de Paris, puis compose des airs pour la danse, le ballet et les scènes de théâtre. Après 1900, il produit un répertoire substantiel pour instrument seul (principalement le piano) profitant du renouveau de la musique de chambre alors très en vogue. La plupart de ses partitions sont illustrées par Clérice Frères, c'est à dire son neveu Victor Clérice.
JustinClérice décède, à 44 ans le 9 septembre 1908 à Toulouse (31 - Haute-Garonne).
Notes : [1] Considéré comme l'un des ouvrages majeurs de la littérature argentine [2] poète, journaliste et homme politique argentin considéré comme LE poète national du pays. [3] Acte de naissance n° 807 mairie de Paris 10e - tables décennales des actes de décès 1903-1912 de Taverny.
[4] A force de donner aux enfants les prénoms des père et grand-père on finit par ne plus savoir qui est qui ! Pour s'y retrouver, voir la généalogie ci-dessous. [4] Née Louise-Virginie Kiéliger le 13 décembre 1868, Paris 11e (Acte de naissance n° 4726 mairie de Paris 11e) et décédée le 9 mars 1963 à Pressignac-Vicq (24 - Dordogne). (Acte de décès n°3 mairie de Pressignac-Vicq).Elle a gardé comme nom de scène le nom de son premier mari, Paul Filliaux, même après leur divorce (1901), puis l'a transformé en Paulette-Fillaux (sans i). [5] confirmé par l'Acte de décès n°1 dressé en mairie de Pressignac-Vicq (24 - Dordogne).
[6] Nous remercions chaleureusement Madame Odette Gauthier, adjointe au maire de Pressignac-Vicq, pour toutes les informations et images en provenance de sa commune !
Illustrateurs et affichistes
Grands-formats Clérice Frères
grand-format - 1905
grand-format - 1907
grand-format - 1907
grand-format - 1910
Grands-formats Clérice Frères
grand-format - 1912
grand-format - 1913
grand-format - 1913
grand-format - 1917
grand-format - 1917
grand-format - 1918
grand-format - 1919
grand-format - 1921
Petits formats Clérice Frères
petit-format - 1909
petit-format - 1918
petit-format - 1919
petit-format - 1925
recueil de partitions - 1914
recueil de partitions - 1915
recueil de partitions - 1916
recueil de partitions - 1920
Affiches Clérice Frères pour le théâtre et le concert
affiche - 1914
affiche- 1915
affiche - 1916
affiche- 1920
affiche- 1914
affiche- 1915
affiche- 1916
affiche- 1920
Illustrations Clérice Frères pour les journaux jeunesse
La Récréation- 1888
Journal des Voyages- 1909
Et le chanteur, et l'acteur ?
Oh ! Pas un grand chanteur ! Un second voire un troisième couteau, comme il le fut au cinéma ! Bref, dans la chanson et au cinéma, il ne laissera pas un souvenir impérissable. Nous l'avons dit, Daniel, le fils de Victor et Louise Clérice naît à Paris, 9e, le 23 octobre 1912. A 5 ans il récite des vers pour son plaisir. A 12 ans il rêve toute l’année aux classiques représentations de la distribution des prix, dont il est toujours le véritable animateur. Tout gamin il mêle ses jeux à ceux d’une petite fille animée comme lui du feu sacré…Paulette Dubost. Daniel Clérice a tout fait. Tour de chant, imitation , comédie, cirque, cinéma et radio bien entendu. Jeune, il était plutôt dramatique et faisait pleurer les gens. Malgré les conseils prudents de ses parents qui connaissent les joies mais aussi les aléas du métier d’artiste, au retour du régiment il va trouver Georges Waygue et Léon Bernard, puis Madame de Chauveron avec laquelle il prend quelques leçons. Il entre au Conservatoire dans la classe de Louis Jouvet. Il en sort sur le conseil avisé de ce dernier qui voit le fantaisiste en lui et il débute d’abord aux Bouffes, recommandé par Christiné à Willemetz, qui fut son parrain de théâtre. Où il y reprend Toi c’est moi, après Pills et Tabet. Vedette à Médrano, il fait de la revue, du drame, de la tragédie, de la comédie pour finir par le ménage à trois de Létraz au Palais Royal. Avant il avait joué Doris au Vieux Colombier. Au cinéma, il a joué dans le roi des Resquilleurs, Un cas sur Mille…Et... et... et... Il fait aussi le Tour de France et chante sur un camion...
Au début, l'imitation lui vient naturellement puis il la travaille beaucoup. Son originalité, il ne veut pas être méchant. Il est dans les meilleurs termes avec tous les artistes qu'il imite. Seul au départ, il se retrouve dans le métier avec plus de soixante imitateurs. Il fait beaucoup de radio avant guerre. Il était à Radio Cité avec Vital et Jean Granier (voir ici), faisant jusqu’à douze émissions par semaine.
Chanteur, Daniel Clérice interprète :
En 1939"Le Tapis magique" de Alec Siniavine & Norbert Matisson et François Llenas.
En 1944"La fête à Neuneu" de Henri Betti et Maurice Chevalier & Maurice Vandair.
En 1945"Oh ! Le joli chapeau que vous avez, madame" de Max Dearly et Johnny B.
En 1954"Le moindre mot d'amour" de Marc Evenos & Michel Brédia et Jacques Chabannes & Gisèle Vesta
En 1954"Parle, parle, parle-moi !" de Luis Gasté & Jacques Metehen et Fernand Rauzena
En 1944, au théâtre Mogador, Daniel Clérice tient le rôle de Bastien dans l'opérette Ta Bouche de Maurice Yvain, Yves Mirande et Albert Willemetz.
Ecoutons la voix de Daniel Clérice dans son interprétation de "Bonjour mon vieux Paris" de Pierre Calmon, Janfred, Valentin Thébault, endisqué chez Pathé en 1941 (Le disque est un peu usé, victime de son succès !) :
"Bonjour mon vieux Paris" (Paroles de Pierre Calmon et Janfred - Musique de
Janfred
Acteur, Daniel Clérice joue là où il "faut" chanter :
Philippe en 1936 dans La Joueuse d'orgue de Gaston Roudès,
en 1936 dans Appartement à louer de Jacques de Casembroot et Gilbert de Kniff,
en 1936 dans Jenny de Marcel Carné,
Anatole en 1936 dans Le Coupable de Raymond Bernard,
en 1937 dans Enfants de Paris de Gaston Roudès,
en 1938 dans Vidocq de Jacques Daroy,
Urbain de la Tour-Mirande en 1939 dans Miquette de Jean Boyer,
José Tampico en 1940 dans Bécassine de Pierre Caron,
Georges en 1945 dans Le Roi des Resquilleurs de Jean Devaivre,
le roi Boris de Neustrie en 1947 dans Pas un mot à la reine mère de Maurice Cloche,
en 1948 dans Un cas sur mille de Jean-Pierre Feydeau,
en 1950 dans Sans tambour ni trompette de Roger Blanc,
en 1951 dans Le Chemin de la drogue de Louis S. Licot,
Francis Ardelles en 1951 dans Descendez, on vous demande de Jean Laviron,
Max en 1953 dans Gamin de Paris de Georges Jaffé,
Max en 1954 dans Crime au concert Mayol de Pierre Méré,
le garagiste en 1954 dans Détective du bon Dieu de Robert Hamer,
l'inspecteur Grosbois en 1955 dans Boulevard du crime de René Gaveau,
le Dr. Villanueva en 1956 dans Hospital de urgencia de Antonio Santillán,
Léo Geens/Pierrot en 1957 dans Les Violents de Henri Calef.
Daniel Clérice a vécu à Pressignac-Vicq, avec Momette (le sobriquet de son épouse) jusqu'au décès de cette dernière, atteinte d'un cancer. Daniel Clérice a vendu le château du Soulas et a acheté une villa à Bergerac (24 - Dordogne) où il s'installe avec l'amie et garde malade de sa défunte épouse. Bien que l'acte de décès soit dressé en mairie de Bordeaux (33 - Gironde), un couple de Pressignaco-Vicois affirme avoir vu Daniel Clérice sur son lit de mort dans sa villa de Bergerac. Nous pouvons supposer que Daniel Clérice est décédé dans un hôpital bordelais puis ramené à son domicile bergeracois. Il sera inhumé au cimetière de Pressignac-Vicq aux côtés de son épouse et de ses parents.
Pressignac-Vicq, dernier lieu de vie des Clérice
Position de Pressignac-Vicq (ban communal en vert) par rapport au fleuve La Dordogne et à quelques villes emblématiques du département de la Dordogne.
(un clic sur les images ci-dessous pour les agrandir)
L'arrivée sur le ban communal
(la grande bâtisse que l'on distingue tout à gauche est la mairie).
Le château de Soulas où Victor et Louise Clérice trouvent la tranquilité après avoir quitté Paris.
(photo Odette Gauthier.D.R.)
Sépulture de Victor et DanielClérice et leursépouses.
(photo Odette Gauthier. D.R.)