BIO-EXPRESS

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F


es informations dont nous disposons sont quelques fois très succintes et ne nous permettent pas vraiment de réaliser une fiche biographique conventionnelle, ou alors, il s'agit de quelqu'un ayant eu un rapport épisodique à la chanson. Aussi, nous ajoutons cette série de pages (en ordre alphabétique) pour diffuser les quelques renseignements que nous possédons sur les personnages ne faisant pas l'objet d'une Fiche biographique...



 Fallot, Charles

Né à Paris le 14 août 1874 et décédé à Paris le 16 décembre 1939.

Selon "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz :

Auteur (Paris 1874-1939). Fonda avec Paul Marinier La Pie qui chante en 1907 après avoir fréquenté de nombreux cabarets artistiques (Carillon, Noctambules, etc.) Son plus grand succès : "La Petite église" sur une musique de Paul Delmet.

 

Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.









Ferny par Redon















"Le secret du manifestant" un drame express en cinq actes joué sous la forme d'ombres au Chat-Noir. Dessins de Fernand Pau. 1894.

 Ferny, Jacques

Voici ce que Léon de Bercy (Montmartre et ses chansons) disait, en 1902, de Georges Chervelle, dit Jacques Ferny, ce clerc d'avoué qui devint chansonnier et revuiste français, né en 1863 à Yerville (Seine-Inférieure - aujourd'hui 76 - Seine Maritime) et décédé à Paris en 1932 :

"Il commença ses études au séminaire d'Yvetot et les termina au lycée de Rouen, où il décrocha le prix d'honneur. Après avoir fait son volontariat au 21e dragons, il entra à l'étude de Me Boullié, avoué, chez qui il déploya tout son zèle à expédier... une opérette-bouffe, Tomboli-Tombola. L'année suivante, il faisait représenter, au Casino Marie-Christine du Havre, une fantaisie basochienne, Trente-cinq Minutes de Procédure. Peu de temps après, le théâtre des Arts de Rouen montait de lui Une Nuit à Trianon, opéra-comique d'une délicieuse fraîcheur et d'une poésie agréablement musquée, musique de A.-F. Prestreau. Cette pièce fut traduite en italien par Golisciani et créée sous cette forme au Sannazaro de Naples en 1890, par la Toresella.

En 1887, notre auteur dramatique vient à Paris, et entre à l'étude de Me Mignon. L'air de la capitale, saturé de blagues et de satires montmartroises, influant sur son cerveau, le jeune clerc renonça à sa première matière et se consacra à la chanson.

En 1891, l'artiste imitateur Florent le présenta à Horace Valbel, qui, pendant une absence de Salis, réglait les soirées du Chat Noir. Timide et quelque peu ému, Ferny chanta "l'Alibi", "l'Ecrasé", "le Missel explosible" et cette désopilante et aujourd'hui classique "Visite présidentielle" qu'eût admirée Mac-Nab. Ferny fut applaudi, félicité, fêté et définitivement engagé.

Jules Jouy ayant quitté la présidence des goguettes du Chat Noir, sa succession échut à Ferny. Ce fut à l'une de ces réunions que se révéla Hyspa, avec "le Ver solitaire".

Francisque Sarcey, rendant compte d'une soirée passée à l'hôtel de la rue Victor Massé, écrivait :

"... Ces messieurs nous ont régalés de morceaux dont quelques-uns sont vraiment délicieux. Il faut tirer de pair M. Jacques Ferny, dont l'originalité est très piquante. Il dit les choses les plus énormes avec un air détaché qui est le plus plaisant du monde. Dans une de ses chansons, il suppose que l'un des hommes les plus austères et les plus graves de la Chambre s'est décidé à faire la fête un soir. Il le nomme ; mais nous, passons. Chaque couplet se termine par un "ohé ! ohé !"  que le personnage politique lance d'une voix pudique et triste. L'effet est d'un comique irrésistible, qui s'accroît à chaque fois par la répétition. J'ai pouffé de rire. Il y a encore une chanson de lui sur les conférenciers et les chanteuses, qu'il détaille, avec son air de pince-sans-rire, de la façon la plus amusante du monde..."

En 1894, en compagnie de Meusy, de Jouy et de Delmet, Ferny inaugura, dans un local attenant au Nouveau-Cirque, le cabaret du Chien-Noir, qu'il ne quitta que pour entrer à la Roulotte, où il demeura trois ans. Pendant son séjour au Chat Noir, il fit représenter une pièce d'ombres : Le Secret du Manifestant, dessins de Fernand Pau [Fromont, éditeur]. Il a donné à la Bodinière, aux représentations du Gardénia, dont il a été depuis président, deux actes : Le Papillon dans la Lanterne et Potoir or not Potoir.

En janvier 1898, alors que les adversaires et les partisans de Dreyfus échangeaient journellement des horions et des injures, Ferny rédigea pour une réunion du Gardénia l'invitation suivante :

Cher camarade, vous êtes une crapule,
Un sale individu, vierge de tout scrupule,
Une immonde charogne, un cas,
Voilà pourquoi le Gardénia vous convie
A son prochain dîner. (Est-ce drôle, la vie !)...
Je m'explique. Ne gueulez pas !

Installer sur le pic ultime de la mode
Le derrière d'un cercle est un art peu commode.
Le Gardénia le détient.
Naguère, on s'en souvient, ce cercle dramatique
Etait ibsénien, nordiste, emmerbaltique
Et bjornsonné dans son malsain

C'est qu'alors toute nouveauté venait du Nord.
Pour se faire écouter il fallait parler fjord.
On s'aperçut avec effroi
Qu'on s'enrouait, – effet de la température. —
Ah ! dame, on ne peut pas, même en littérature,
Toujours manger du nouveau froid !

D'urgence notre comité, comme un seul homme,
Se réunit tout aussitôt, 10, rue de Rome,
Et là s'engueula salement
Installer sur le pic ultime de la mode...
(Mais je l'ai déjà dit. Voilons cet épisode.)
Quelle est la mode en ce moment ?

Incontestablement c'est d'être une canaille
De trouver qu'en ce monde il n'est vertu qui vaille
Les bijoux d'une Béatrix
De Castillon, un chèque ; ou que l'on vous décore
Des palmes académiques ; ou bien encore
De coucher avec Mme X...

Allez au Clou, chez Graff, au Rat, aux Douze-Fesses ;
Compulsez le Théâtre, interrogez la Presse,
Ouvrez les conversations.
Reinach, Rouvier, Sarcey, Zola, Le Poittevin,
Prostitution, vols, faux, meurtres, pots-de-vin
Et jeanlorrainisations...

Donc, mercredi, deux février de la présente
Année, au Terminus, à six heures soixante,
A table vous vous trouverez
Au milieu des salauds les plus boueux, de traîtres,
De souteneurs, d'escrocs, d'assassins et de maîtres-
Chanteurs tout à fait avérés.

Tels FABRE, espion qui passe sa vie entière
A nous susciter des accidents de frontière
Avec l'insolent Canada ;
ROOMAN, orateur belge au discours homicide ;
(Je suis resté gâteux depuis le jour putride
Où ce parleur me présida.)

FRAGEROLLE, bandit tapi dans cet Asnière
D'où, le soir, il surgit, l'organe en bandoulière
Pour faire chanter les Hébreux ;
DELMET, gosier fléau, peste de nos armées,
Dont les notes font, par les filles allumées,
Crever les mâles vigoureux ;

Charles d'HARMENON, qui, dès que je le rencontre,
Se met incontinent à me voler ma montre
Pour mieux la faire réparer ;
LEFÈVRE, dont le torse fleuri, de la scène
De Bodinier-le-Daim est la colonne obscène,
Le poteau, si vous préférez ;

L'invincible DUCROT, capitaine rapace,
De qui nous attendons qu'il nous vende l'Alsace
Par un foudroyant bordereau ;
Le sadique DELORME (Hugues), le géomètre
Chargé de la réfection de l'hexamètre,
Qui fait un lit de son bureau !...

ALLAIS et GOUDEZKI, c'est connu, sont deux drôles
CAP aux explorateurs a volé les deux pôles,
Et trouve ces gens-là tordants.
Quant au docteur GUILLON, nous avons lu sa thèse ;
Cet homme en sait trop sur la Mort de Louis XIII
Pour n'être pour rien là-dedans.

Que dire de MINART et d'HUGUENET T. H.,
Sinon que l'un est un chameau, l'autre une vache ?
Pour moi, si je suis fastueux,
C'est que ma môme Laure est gentille et m'adore,
Et qu'à l'"Américain" j'aime à voir lever Laure,
Bien que ne sois pas vertueux.

D'ARTAGNE est un gredin, LUTZ est un journaliste.
Et VESSILLIER donc ! Quel filou !... Quel pianiste
Qu'Adrien RAY, de l'Opéra !
Et quel joli monsieur au teint lys et groseille
Que BERTHEZ !... Et GARANDET, quel juif ! Et LATREILLE,
Quel jus !... Et JOSEPH !... Et MATRAT !...

Et ce GOUDEAU qui boit, tel un jaguar féroce,
Si tant d'eau que notre Paris se brosse
Et capte, capte, capte en vain !...
Mais il faut se borner. J'arrête ici mes fouilles
Parmi notre effectif de cent dix-neuf fripouilles ;
Avec vous ça fera cent vingt...

Les chansons de Ferny forment deux volumes [Fromont, édit.] : Chansons Immobiles, illustrées par Dépaquit, et Chansons de la Roulotte [*], avec des dessins de Métivet ; une seule n'a pas été éditée, c'est "l'Eloge de l'Exposition" qu'il chanta pendant toute la durée de la foire de 1900 au cabaret des Noctambules.

[*] Disponible chez Gallica. (Note des auteurs)

Jacques Ferny, dont la satire est fine, tranchante, met à nu toutes les tares des fantoches de la politique ; il souligne dans la diction son impitoyable ironie par un débit bref, cassant, qui hache les phrases et les mots et provoque une hilarité irrésistible. Ses couplets sont établis avec méthode, lentement élaborés, et livrés seulement au public lorsqu'ils ont atteint le degré voulu de perfection. Nul à Montmartre n'observe comme lui ce précepte de l'Art poétique :

Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage,
Polissez-le sans cesse et le repolissez

Aussi, chose remarquable, trouve-t-on à la lecture de ses livres autant de plaisir qu'à l'audition de ses chansons. Je dirai plus, on y éprouve une joie nouvelle en constatant la conscience et la recherche de la forme qui ont présidé à la confection de ces petits poèmes frondeurs et si gaiement irrévérencieux.


Notes :


On trouvera également chez Gallica "Le secret du manifestant" un drame express en cinq actes joué sous la forme d'ombres au Chat-Noir. – Dessins de Frenand Pau. – 1894.


Jacques Ferny, avec Vincent Hyspa est un des bustes que l'on peut voir dans le film "Il est charmant" de Louis Mercanton (1932)



Cliché Félix Bonnet

 Ferréol, Roger

Auteur (1880-1959). De son vrai nom Eugène Roger. Directeur de cabarets (Les Deux Ânes, Le Perchoir, Le Théâtre de Dix-Heures) mais également chansonnier, Roger Ferréol mérite la place que nous lui réservons ici. Il a en effet contribué à l'essor du style chansonnier tel que nous le connaissons aujourd'hui.

Source : "La chanson sous la IIIe république" de Serge Dillaz.






 Fleuron, Lise

Interprète qui fut des programmes de l' Alcazar et du Café des Ambassadeurs à partir du milieu des années quatre-vingt.
Marguerite Rauscher, dite Lise Fleuron, est née à Paris (6ème) le 1er décembre 1874 d'un père alsacien qui opta pour la nationalité française en 1872, à la suite de l'annexion de l'Alsace-Lorraine par la Prusse. [*]

Ses robes (fleuries) et ses décolletés plongeants étaient sa marque de commerce.

Elle fut applaudie, en commère,  jusqu'au début des années mil neuf cent dix, à la fois à Paris et à Londres.

Sa sœur, Miati, fut d'une tournée de Paulus à Aix-les-Bains, en 1893.

Polaire, dans ses mémoires, mentionne au chapitre 11 qu'elle était mariée (le 1er octobre 1908, à Paris (9ème) [*]) à Dufleuve.

Avant d'épouser ce dernier, elle eut un fils (de père inconnu), à 18 ans, le 22 septembre 1893, André, Henri Rauscher, né à Paris (10ème) qui décéda à l'âge de 4 mois, le 29 janvier 1894.
A cette époque, elle était "modiste" et vivait chez son oncle et sa tante, concierges, rue d'Hauteville à Paris 10ème.
Elle décéda, comme feu son mari, à Enghien (78 - Seine et Oise, aujourd'hui 95 - Val d'Oise), à son domicile, à l'âge de 85 ans, le 27 février 1960. [*]


Autres Photos

Paulus, Mémoires, Chapitre 32 et Chansons illustrées - Galerie de portraits


[*] Nous remercions Monsieur Pierre Bartaire de Paris pour ces informations.






 Fougère, Eugénie

interprète née en 1864, décédée en 1903. Meneuse de revue.

 

Source : "La chanson?sous la IIIe république" de Serge Dillaz.

Affiches E. Fougère de l'année 1890 (Source Gallica et Les Silos)

 







































 Fragerolle, Georges Auguste

Voici ce que Léon de Bercy (Montmartre et ses chansons, Paris 1902) dit de ce chansonnier, auteur et compositeur :

Né à Paris en 1855, il fait ses études au collège Rollin, passe sa licence en droit et, malgré l'opposition de sa famille, il se livre à son art favori, la musique. Il prend des leçons d'Arnoldi – professeur de Fauré – et de Guiraud, et se met à composer des chansons.

C'est aux Hydropathes, [*] en 1882, que j'eus le plaisir d'entendre pour la première fois Georges Fragerolle. En s'accompagnant au piano, il chantait d'une voix claire, chaude, vibrante, métallique presque, la délicieuse musique qu'il avait composée sur le Chat Botté d'André Gill :

Matou charmant des contes bleus,
Chat, l'unique trésor des gueux;
Chat qu'on adore
En son enfance et que, très vieux,
Pour son langage merveilleux,
On aime encore ;
Chat invisible et toujours là,
Qui se rit de la prison la
Plus cellulaire,
Et dont chaque homme, sous son toit,
Possède, si pauvre qu'il soit,
Un exemplaire.

Et la voix prenante modulait les exploits de ce chat qui," la queue en cierge ", parcourt plaines, monts et vaux, proclamant les vertus de son maître et criant : " Place ! " Puis c'était la lamentation du maître sur le sort du pauvre animal :

Et j'ai grand peur, à tout moment,
De voir mourir d'épuisement
L'ami d'enfance
Que, pour moins de solennité,
J'appelle ici le chat botté,
Mais qu'on nomme aussi : l'Espérance.

Fragerolle chantait aussi une mélodie exquise qu'il avait composée sur les "Vieux Papillons", et les "Bains à Quat'Sous", et "La Glu", de Jean Richepin, puis "le Cordier" sur des vers de Maurice Montégut, "Sentinelle, veillez !" et "Champagne", d'Ogier d'Ivry, "l'Hôtesse", etc.

Quel délicieux souvenir je garde de ces réunions des Hydropathes où, timide, je proférai mes premiers vers – vers argotiques, madame – et où j'éprouvai la joie très douce et très pure d'entendre, après quelques vrais poètes, comme Edmond Haraucourt, Laurent Tailhade, Charles Cros, Emile Goudeau, Charles Frémine, Félix Decori et vingt autres, l'organe charmeur de Fragerolle, dont la tâche était de clore la soirée, qui, grâce à lui, s'achevait dans le ravissement. Et c'est toujours avec un plaisir mêlé d'émotion que j'entends fredonner, parfois, les musiques qu'il composa à cette époque...

Comme la plupart des Hydropathes, Fragerolle monta à Montmartre ; et il fut l'un des premiers à se produire au Chat-Noir. Il chanta fréquemment à ce cabaret, et lors de la formation du théâtre du Chat-Noir rue Victor-Masse, il tint l'orgue pour l'accompagnement de la Tentation de saint Antoine, durant que Jules Jouy battait du tambour et que Mac-Nab faisait l'araignée. Cependant, ce n'est qu'à partir du 6 janvier 1890, date de la première représentation de sa Marche à l'Étoile, qu'il fit régulièrement partie de la troupe. Il écrivit ensuite l'Enfant prodigue et le Sphinx ; fit jouer au Lyon-d'Or le Rêve de Joël, et au Chat-Noir, quelque temps avant la fermeture, Clairs de Lune. En 1897, il donna au théâtre Antoine le Juif-Errant ; en 1899, aux Mathurins, la Marche au Soleil ; en 1900, à la Bodinière, Paris, et l'année suivante, au même théâtre Jeanne d'Arc et Lourdes. Toutes ses pièces d'ombres sont éditées chez Enoch. Mentionnons encore Saint-Pierrot, représenté aux Bouffes (Choudens, éditeur).

Fragerolle est l'auteur d'une innombrable quantité de chansons dont la plupart sont réunies en albums : Chansons de France, chez Heugel ; Chansons des Soldats de France, chez Flammarion ; Chansons du Pays lorrain et l'Enfant-Dieu, recueils de vieux noëls, chez Enoch ; Chansons en plein Air, chez Ondet ; et la Chanson des Oiseaux, chez May

Fragerolle, dont la voix sympathique et le talent d'exécutant empoignèrent immédiatement le public, fut bientôt indispensable rue Victor-Masse. Il en profita pour venger auprès de Salis, qu'il admonestait parfois vertement les pauvres débutants timides sur qui s'égarait trop souvent la mauvaise humeur du génial mais mal élevé cabaretier.

Chez lui, le compositeur se double souvent du poète. Plusieurs de ses pièces d'ombres ont été établies sans collaboration ; il en est de même d'un grand nombre de ses chansons. J'extrais de la Chanson des Oiseaux cette "légende mystique" :

Les mésanges divines

Dans un village, en Palestine,
Au temps de Tibère-César,
D'enfants, une bande mutine
S'en allait courant au hasard.
Plus tard, avec des cris de fête,
Lasse des jeux connus, soudain
La troupe joyeuse s'arrête
Sur les bords sacrés du Jourdain ;
Et chacun, de sa main agile,
S'essayant à ce nouveau jeu,
Tente de former dans l'argile
Des oiseaux, chefs-d'oeuvre de Dieu.

L'un fait un aigle, oiseau sublime,
Qui plane, au nuage pareil
Dépassant la plus haute cime
Pour aller braver le soleil.
L'autre forme des hirondelles
Qui, fuyant le soleil ardent,
L'été partent à tire-d'ailes
Vers les pays de l'Occident.
Mais, hélas ! ces oiseaux sans vie
Demeurent attachés au sol ;
En vain leur maître les convie
A prendre hardiment leur vol.

Le fils de Joseph et Marie,
Jésus, qui souriait parfois,
Se baisse, puis, sans moquerie,
Pétrit de l'argile en ses doigts.
Du produit des humaines fanges,
L'enfant qui pourrait tout oser
Forme vivement deux mésanges
Et les anime d'un baiser.
Aussitôt les oiseaux fidèles,
Par ce simple souffle enhardis,
Etendant largement leurs ailes,
S'envolent vers le Paradis.

Après la fermeture du Chat Noir, Fragerolle interpréta ses pièces d'ombres au Conservatoire de Montmartre (1897-1898), puis aux Mathurins (1899) ; et il va partir prochainement en une tournée organisée par Yvette Guilbert, en compagnie de Marcel Legay, de Montoya et de quelques autres camarades de la Butte. Avec de tels éléments, c'est la Marche au Triomphe.

Fragerolle est décédé à Asnières le 19 février 1920.

[*] Voir la page dédiée.












 France, Louise

1848 - 1910

Voyons ce que Léon de Bercy (Montmartre et ses chansons, Paris 1902) a écrit au sujet de cette actrice :
L'incomparable Frochard des Deux Orphelines ; l'inimitable Eva la Tomate de Mademoiselle Fifi ; la fantastique créatrice de Mme Ubu et de La Cinquantaine; l'extraordinaire pipelette de La Voie Peuple, la candide "femme honnête" de Dame sérieuse, l'artiste si habile, si avisée et si spéciale qu'est Louise France, est aussi un journaliste et un auteur d'une verve amusante, bizarre, inattendue. Louise France, à qui je demandai dernièrement quelques notes sur sa biobibliographie, me répondit par le billet suivant: "Bio ? (rien du tout) ; bi ? (c'est pareil) ; blio ? (néant) ; graphie ? (je n'ai point d'appareil). "Me souviens vaguement d'être née à Fontainebleau, un 13 novembre, et d'avoir été élevée dans la forêt par la mère L'Heureux, femme d'un garde-chasse. En ai gardé l'amour des bois et la sauvagerie. ? Ai fait du théâ tre. Je le regrette : il vaut mieux être la faïencière du coin." Louise France a longtemps fréquenté les goguettes du Chat-Noir, o? je me rappelle lui avoir entendu dire, avec des intonations qu'elle est seule à posséder : La Levrette et le Gamin, d'André Gill ; Pères et Mères, La Vieille Savonneuse, C'est bien bon pour des Parisiens ! et cent autres choses dont les titres m'échappent. Entre ses longues stations au Théâtre-Libre, à la Porte-Saint-Martin et au Grand-Guignol, Louise France se produisit aux Quat'-z-Arts, au Carillon, au Tréteau-de-Tabarin, au Conservatoire de Montmartre, à l'Alouette et auxNoctambules, partout également fêtée et applaudie. Comme journaliste, elle fut un temps rédactrice à la Fronde. Paradoxale, fantaisiste, gavroche et persifleuse, c'est surtout la parodie qu'elle cultive, en qualité de chansonnière. Tout le monde a encore à la mémoire cet étonnant pastiche de la Berceuse bleue, de Montoya, qu'elle intitula Berceuse verte, et o? se trouve ce déroutant couplet :
Tes yeux dans mes yeux
Et tes deux pieds dans ma bouche,
Tes yeux dans mes yeux
Nous pourrons monter aux cieux.

Cette parodie rapporta à son éditeur de gros bénéfices ; mais Louise France n'en retira jamais que les vingt-cinq francs de la vente et n'en toucha pas un sou de droits, "parce qu'elle ne faisait pas partie de la Société des Auteurs". A part ses parodies, Louise France a écrit un grand nombre de fantaisies dont on jugera par les deux exemples ci-dessous :

PARABOLE PAÏENNE

Fantaisie décadente Dans ces pays qui sont aegyptiaque
Et o? l'on parle encor le syriaque. Un jour, le grand Méhémet-Ali
Se promenait pour distraire son ennui,
Lorsqu'il arrêta son cheval en entendant des cris.
Il envoya son Saïs en avant
Pour voir d'o? venait ce boucan !
"C'est, lui répondit l'employé,
"Une femme noire qui beugle
"Comme un chien qui a perdu son aveugle,
"Parce qu'elle a vendu du lait pour une piastre
"A un soldat qui l'a bien avalé ;
"Mais qui se contente de nier
"Au lieu de payer !
"Sous prétexte qu'il ne le sent pas dans son épigastre.
"? Oh ! oh ! dit Méhémet, j'en aurai bien la preuve, ?
"Ce lait, il faut que je le trouve !
"Celui des deux qui ment sera maudit jusqu'à
"Sa génération troisième...
"Ouvrez de suite l'estomac "De ce militaire-soldat,
"Pour voir o? est passée la crème !...
"Le lait était au fond de ce viscère...
... Mais le soldat trouva le procédé amer !...

En se tournant vers la foule baba,
Méhémet-Ali proclama :
"Quand on vous dit sans preuve des paroles,
"C'est qu'on se fout de votre fiole !

"MORALITÉ
Le temps des poires est passé.

Quant au reste, je prierai le lecteur de consulter les curieux mémoires que Louise France vient de publier sous ce titre : Les ?phémères M'as-tu-vu (Juven, édit.).











 Franconnay, Claire

Elle est née Claire Franconnet le 2 juin 1900, à Chatou (78 - Seine-et-Oise, aujourd'hui 78 - Les Yvelines).

Selon G. Roig † , elle aurait, alors qu’elle était modiste,  débutée sur scène vers 1925, en Belgique, sous le nom de Claire de France, pour ensuite, être remarquée par Rip.

Sa carrière semble avoir débuté en flèche. On la retrouve, en effet, à l'Eldorado en juin 1927, et, la même année, à l'Empire, à l'Olympia, et à l'Apollo.

En 1928, elle est d'abord en tournée, en Egypte et en Italie, pour effectuer sa rentrée à Paris en octobre dans une revue de Rip, encore une fois, qui s'intitule L'âge d'or où elle crée une chanson d'Henri Battaille qui la suivra pendant des mois : "[Quelques imitations] Sur le départ de Maurice Chevalier" au Palais-Royal. Elle la reprendra d'ailleurs, dans Paris-Madrid en mars 1929.

Jacques Darnetal, cité par Monsieur Roig, écrivait dit à ce moment-là : "Mlle Franconnay est la véritable révélation de cette revue, digne de la grande vedette par son brio, son galbe, sa diction et sa fantaisie. Ses couplets sur Chevalier lui valurent un véritable triomphe. C'est très probablement la vedette de music-hall de demain..." (La Rampe, n°483).

De là, on peut la suivre jusqu’en 1939 où, deux ans plus tôt, ayant épousé un aviateur, elle se retire à Vichy où elle prend la direction d’un cabaret-dancing jusqu’en 1946 ou 47. Puis, c’est la retraite.

Durant cette période, on la retrouve sur à peu près toutes les scènes parisiennes : Chez Fyscher et sur la scène du Palace, en 1929 ; au Palais Royal, en 1929 ; à la Scala, en 1931 ; à Ba Ta Clan, en 1932 ; au Théâtre des Champs-Élysées, en 1932 ; à l’Empire en 1933 ; à l’ABC. en1934 ; à Bobino, en 1935 ; à l’Alhambra, en 1936 ; à l’Européen, en 1937… jusqu’à un ultime passage à l’ABC, en 1939.

Son style ressemble à celui d’Annie Cordy, avant Annie Cordy : c’est une diseuse plutôt pétillante qui, longtemps, mêla des imitations à ses tours de chant quoique sa carrière se déroula plutôt dans le domaine de l’opérette.

Trois présences (connues) au cinéma : Chiqué de Pierre Colombier (1930) aux côtés d’Adrien Lamy et Charles Vanel, Un rêve blond d’André Daven et Paul Martin (1932) écrit pour mettre en vedette Lilian Harvey et Henri Garat et L’équipage d’Anatole Litvak (1935) où elle joue le rôle de la patronne d’un beuglant, le seul film où elle chante (?) et qui est, depuis quelque temps, disponible en DVD (Pathé Classique). – On parle également de Tumultes de Robert Siodmak (1932),  un film mettant en vedette Charles Boyer et Florelle,  mais nous n’avons pas retrouvé son nom au générique.

Sur disques (Odéon, Columbia, Pathé, Polygramme…), on  lui connaît une cinquantaine d’enregistrements de 1928 à 1939 dont ses fameuses imitations de Chevalier, quelques titres créés par d’autres (dont "Il a mal au reins", "Tintin"créé par Suzanne Dehelly), et, surprise, une chanson de Georgius : "On l’appelait Fleur des Fortifs".

Sur CD, nous avons retrouvé ses imitations de Chevalier dans la série Les cinglés du Music-Hall de Jean-Christophe Averty (1929) et "On s’en fout", en compagnie de René Dorin et Paul Colline, dans Les chansons de l’histoire de l’Anthologie de la chanson française (1930-1934) chez EPM.

Claire Franconnay est décédée le 12 octobre 1970.





 Fred, Maguy

Triste histoire que celle de Maguy Fred née Alfreda Soriaux le 6 juillet 1905 à Pont-sur-Sambre (59 - Nord) et assassinée quelques jours (3?) avant le 17 novembre 1934, date à laquelle son petit ami, l'accordéoniste Antonin Jean Gallardini, après être resté trois jours seul au côté de sa victime, s'est suicidé non sans avoir mis le feu à la guinguette que les deux possédaient au bord de la Seine à Villeneuve-le-Roi (78 - Seine-et-Oise, aujourd'hui 94 - Val-de-Marne). Le couple n'en était pas à sa première altercation : trois ans auparavant, il avait tenté de la tuer avec un stylet mais n'avait réussi qu'à la blesser et elle, malgré la maladive jalousie de son conjoint avait, à ce moment-là, retiré sa plainte.

De lui, existe quelques enregistrements, aujourd'hui introuvables ; d'elle, sur la centaine qu'elle a faits, on peut n'en retrouver quelques repiquages dans certaines compilations [*] si l'on fait exception des vingt-trois titres publiés en 1996 par Chansophone (le numéro 164) et, depuis longtemps, épuisé.

Ce qui est malheureux dans tout ça, c'est qu'elle avait une belle voix, que son choix de chansons était excellent et que, si elle avait vécu plus longtemps, elle serait sans doute devenue une grande vedette de la classe des chanteuses réalistes des années trente et quarante et peut-être même une bonne meneuse de revues. - On n'a qu'à écouter sa version du grand classique de Mistinguett, "Gosse de Paris" ("Je suis née dans l'faubourg St-Denis") - extrait ci-dessous -, pour s'en rendre compte.

Du disque Chansophone (nous n'avons retrouvé aucun original de l'époque), trois extraits qui donneront une idée de lachanteuse :

de Zimmer et Lenoir :

"Pluie"

Disque Cristal - mars 1934

de Dommel et Desmoulins :

"Ne brûlez pas vos lettres d'amour"

Disque Gramophone - 1932

et le titre cité ci-dessus, de Lelièvre et Varna :

"Gosse de Paris"

Disque Gramophone - 1930

[*] Chez Frémeaux, "Ça lasse" d'A. Mauprey et H. May - coffret Les chansons du trottoir, numéro FA 5026 et "Les loin du pèze" de R. Dumoulin - coffret L'argent  - 36 titres de valeur, numéro FA 174.



 Fréder, Yvonne, Camille et Jeanne

Les Fréder étaient au nombre de trois : trois sœurs.

Yvonne dite La petite

Camille

Jane

Les trois chantèrent dans différents Music-Halls à la fin des années mil huit cent quatre vingt et au début des années quatre-vingt-dix.

Yvonne, "La petite", la créatrice de Cliquette aux Folies Dramatiques (Opérette en trois actes de Louis Varney, livret de Clairville et Busnach, juillet 1893), mourut très jeune, à 23 ans.

Suivit quelques mois plus tard sa sœur, Camille, à 22 ans.

Quant à Jeanne, on perdit sa trace peu de temps après.

Tristes destins.



 Fréjol

Plus connu comme metteur en scène et directeur artistique (il sera celui des Folies Bergère de 1918 jusqu'à sa retraite, en 1936), Pierre Joseph Marie Jouffret, dit Fréjol, naquit le 25 mai 1871 à Draguignan (83 - Var), fils d'un petit négociant.

Attiré par la scène, il débutera en comique troupier vers 1889-1890 pour se retrouver (sûrement) compagnon de scène de Mayol quelques mois plus tard, au Casino de Toulon.

Quand Mayol quitta son Toulon natal pour se rendre à Paris, Fréjol le suit. Engagé à la Gaîté-Rochechouart, il y restera deux ans avant de passer aux Ambassadeurs, puis à la Scala et d'autres salles où il deviendra trosième, deuxième et parfois première vedette jusqu'en 1914 non sans toucher à la mise en scène, notamment à La Pépinière et au Concert Mayol dans de de petites pièces ou revues où il s'attribua souvent un rôle plus ou moins secondaire..

On dit que son style était très personnel même s'il empruntait souvent les répertoires de Lejal, Polin ou Mayol et même Dranem. C'est du moins l'impression qu'il nous a laissé sur disques.

À la démobilisation, il passe, comme nous l'avons indiqué ci-dessus à la direction artistique des Folies Bergère où il restera en poste dix-huit ans non sans se mêler de l'administration de la maison de retraite fondée par Dranem en 1910.

En 1936, à l'âge de 65 ans, Fréjol prend sa retraite, à Saint-Tropez (83 - Var) où il meurt en 1953.


Discographie

La carrière discographique de Fréjol fut relativement courte : 1906 à 1910. La majeure partie enregistré sur cylindre, chez Edison. Quelque 90 titres dont plus de 80, chez Edison, justement.

On y retrouve de tout : beaucoup de chansons créées par Mayol, mais également diverses autres par Polin.

Le problème avec ces enregistrements, c'est que la fragilité de leur support les a rendus très rares. - Jean-Yves Patte nous en a déniché un, datant de 1907, et qui est une version d'une création de Polin : " Le petit objet" de Scotto, Christiné, Bossy et Rimbault sur cylindre Edison n° 17888 (que l'on pourra comparer à la version de Polin).

Le voici.

"Le petit objet" - 1907

On pourra, par ailleurs, en écouter un deuxième sur un site dédié aux jeux vidéos (sic).

Il s'agit de l'Edison n° 17918 intitulé "Un garçon tranquille" de Christiné.





Loïe Fuller en 1892




Loïe Fuller en 1905

 Fuller, Loïe

Une danseuse américaine dans la chanson française ? ? ?
Eh bien....à force de la retrouver au programme et/ou à l'affiche de nombreux music-halls réputés de Paris,  il nous fallait bien finir par en dire un mot !

Danseuse, donc ! Née Mary Louise Fuller à Hinsdale (Chicago - Etats Unis), le 22 janvier 1862 et décédée à Paris 8e, le 2 janvier 1928. Rendue célèbre par les voiles en étoffe légère de ses jupes qu'elle faisait tournoyer dans sa fameuse danse serpentine au Park Theatre de Brooklyn (New York - Etats Unis) puis à Paris, d'après une chorégraphie de Kate Vaughan en vogue au Royaume- Uni. Mariée en 1889 à un agent immobilier cousin de Rutherford B. Hayes, le 19e président des Etats Unis jusqu'à ce qu'elle découvre que son William Hayes était déjà marié. Plainte pour bigamie en 1892 et divorce !

La danse serpentine filmée par les Frères Lumière en 1897
noir et blanc colorisé au pinceau :

Engagée aux Folies Bergère, elle prend de l'importance au point de devenir une des artistes les mieux payées du métier. Libre d'inventer autour de son art, elle saura tirer parti de la lumière au moment de l'avènement de l'éclairage électrique. Dansant sur une plaque de verre rétro éclairée et entourée de projecteurs, le public voit se succéder un papillon puis une orchidée ! Elle emmènera Damia en tournée avec elle et lui enseignera la science de l'éclairage et de la mise en scène.Le nombre d'affiches annonçant ses spectacles témoignent de sa longévité commerciale plutôt favorable aux établissements qui la programment.

Note : On lit presque partout que Joseph Oller la fit venir à l'inauguration de son Olympia en avril 1893, mais c'est Bob Walter (ou Valter) qui exécuta la danse serpentine ce jour là ! Ainsi que le relate, Emile Blavet dans son article paru dans Le Figaro, le 12 avril 1893.

 

1893

1895

1897

1897

1897

1897

1897

1901




 Fysher, Alfredo Nilson

Ou A. Nilson Fysher ou Alfred Nilson Fysher ou Nilson Fysher, auteur, compositeur né le 17 août 1871 à Smyrne (Turquie) et décédé le 1er janvier 1931 à Paris.
Il ouvre son propre cabaret Chez Fysher au n° 21 de la rue d'Antin, 2e où l'on y interprète ses compositions, dont entre autres :

  • "Un peu d'amour" - Paroles de A. Nilson Fysher, musique de Lao Silèsu
  • "La Blonde aux cheveux flous !" - Paroles et musique (1922)
  • "Tout n'est que songe !" - Paroles et musique (1905)
  • "Serments de femme" - Paroles de Fabrice LĂ©mon (1907)
  • "Prends-Moi"- Paroles de A. Nilson Fysher, musique de Béla Zerkovitz (1916)
  • "Paradis du Rêve" - Paroles de Jean Richepin (1894)
  • "Frisson"
  • "Les Baisers !" - Paroles et musique (1905)
  • "Un Rêve !" - Paroles et musique (1905)
  • "A son chevet" - Paroles et musique (1905)
  • "Idéal"
  • "Ta Fossette" - Paroles et musique (1905)
  • "Amoureuse Haine !" - Paroles et musique (1905)
  • "Démon joli"
  • Souviens-Toi"
  • "Folie" - Paroles et musique (1919)